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Mère
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 | | Sujet: Dehors Mar 27 Aoû 2019 - 16:01 | |
| Fuir.
Fuir.
Fuir.
Fuir dans les rues, fuir alors qu’elle n’a pas assez de sang dans le corps, que sa vision se brouille.
Fuir, comme les autres.
Sauf qu’il n’y a plus personne.
Une ombre glacée, au coin d’une rue. Love se plaque derrière un tonneau, retient sa respiration, fait la morte - ça, je sais faire. Et son coeur bat si fort qu’elle craint qu’il ne la trahisse. L’ombre s’immobilise et finit par s’éloigner, la laissant pantelante.
Que faire, que faire.
Ils étaient tous partis, ils l’avaient laissée seule dans un Port en forme de piège, alors que des monstres de glace erraient dans les rues, en quête d’elle ne savait quoi.
Oh, le drame de l’Île l’avait rattrapée, supplantant son drame personnel.
Les aiguilles et le sang.
Haut-le-coeur. Love rejette la tête en arrière, laisse l’air glacial de l’extérieur pénétrer ses poumons. Elle ne peut pas tomber dans les pommes maintenant, pas après tout ce qu’elle a vécu.
Tu ne veux pas voir les choses que j’ai vues, mon amour.
Rire amer. Qu’elle était insouciante, avant. Qu’elle était belle et morte, avant de mourir à nouveau.
Nouvel éclat de panique. Love expire, se sent trembler. De peur, de froid, de faiblesse ?
Elle ne ressent rien, pourtant.
Pas vrai ?
Nouveaux bruits de pas, multiples cette fois. Mue par un instinct chaotique, la Lascive se projette vers l’avant, atteint le mur d’une autre maison, qu’elle contourne avant de faire une nouvelle pause. Je vais crever ici, la pensée se répète, pourtant elle ne s’arrête plus. Elle se doit d’essayer une fois encore, juste une fois.
Les pas se rapprochent, les voix également. Ses mains cherchent une issue, rencontrent une poignée. Sur laquelle elle s’appuie, en vain.
Pourtant, il lui semble qu’il y a quelqu’un. Dedans.
Son autre main se met à frapper l’extérieur, sans réelle force alors qu’elle y met toute l’énergie qu’il y reste.
Fuir.
Fuir.
Fuir ou mourir ici.
Sa voix est rauque, alors qu’elle appelle, dans un français instinctif :
- À l'aide.
Et s’effondre, contre le bois de la porte d’entrée. |
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| | Sujet: Re: Dehors Sam 31 Aoû 2019 - 16:54 | |
| Impavide, Dive est resté. Au lieu de fuir—pourtant on l'a nommé Déserteur, une notion qu'il juge profondément stupide—il a refusé de quitter le Port. Enfin, pas en permanence. Il vagabonde, pour survivre, pour apprendre. Ses carnets se sont faits brouillons, un mélange de phrases rédigées par des mains transies de froid, la pointe du crayon de papier ou du stylo se brisant parfois. Son corps n'apprécie pas plus ce traitement que son esprit, mais quelqu'un doit demeurer proche de l'ennemi. Il lui arrive de passer au Ranch, d'offrir des informations, de piquer un peu de nourriture et de rendre ce qu'il a trouvé qui pourrait avoir une quelconque utilité. Il y a des corps, de ceux qui ont refusé de rejoindre l'hiver éternel. Certains ne demeurent pas au sol ; ils deviennent pantins ou jouets pour une armée sanguinaire et étrange. D'autres—Dive n'a rien d'assez puissant pour creuser la terre, alors il se contente de fermer les yeux d'une main, de réciter une prière et d'espérer que la miséricorde touche ce monde.
Sa maison est nichée dans un recoin du Port, à son orée. Peu passent ici, tant c'est éloigné sur les terres. Le lieu est coincé entre deux bâtiments à présents vides, dont un dont le mur touche le sien, étouffant son maigre espace. La chauve-souris n'est pas revenue et il ignore si elle le fera. Il en a pleuré, sans doute, même s'il ignore quand. Le temps n'a jamais été stable, ou même concret, au bout du monde. Gelé, Dive évite les obstacles à son retour du ranch. Il s'agit de ne pas être vu, de rejoindre la demeure sans être pris. Une fois à l'intérieur, les fenêtres masquées par d'épais rideaux, il ne risque plus grand-chose. Enfin, tout est relatif.
A peine débarqué, il échappe la couverture qu'il a rapporté du Ranch. Elle échoue sur le lit tandis qu'il referme les rideaux avec attention. Dive entre par la fenêtre de derrière, rarement par la porte, c'est plus discret ainsi. Il balance son manteau et ses lunettes de protection pour faire comme si la température à l'intérieur était correcte. Un feu se verrait, alors il doit se contenter de bien s'enrouler, de calfeutrer les issues et de dire que ça lui suffit.
Alors qu'il vient de virer ses bottes, remplacées par deux paires de chaussettes et des chaussons, un son—lointain—le plonge dans un état de panique immédiat. Arme ? Ennemi ? L’œil du Cyclone n'a pas été suivi, il en est certain. Néanmoins—Il n'a jamais croisé d'autres survivants au Port, pas une seule fois. Dive a trop de bonté, une douceur qui le pousse à tirer doucement sur le rideau pour apercevoir un silhouette qui lui semble s'écrouler.
Putain.
Il débloque la fenêtre la plus proche de la porte, ce qui ne lui prend que quelques secondes malgré le froid qui fait grincer le mécanisme. C'est probablement un piège, faut pas déconner. Ce qui l'empêche pas de tendre une main immédiatement.
« Hey, hey, la porte s'ouvre plus, j'lai bloquée, donne moi ta main, ok ? » Elle lui semble—malade ? Jeune ? Sans hésiter, Dive oublie son propre plan escaladant pour sortir de la demeure. Immédiatement le froid brûle tous ses membres. Sa voix est basse, quoique pas si contrôlée. « Viens, faut pas traîner. T'as besoin que j'te porte ? »
C'est une gamine.
Merde.
Il la regarde et c'est une putain de gosse. |
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| | Sujet: Re: Dehors Dim 8 Sep 2019 - 21:14 | |
| Après l'opération, elle avait perdu beaucoup de sang. Et c’était comme si avec ce sang, une partie de sa force physique s’était envolée. Elle avait dormi, beaucoup, tellement.
Peut-être était-ce pour cela qu’on l’avait laissée.
C’est cette faiblesse qui voile son regard, fait qu’elle entend des mots sans les distinguer. Grippée à la porte alors qu’elle est presque sûre que ses jambes ont cédé, celle que l’on appelait la Lascive tourne la tête vers l’origine du son, sent un mouvement hâtif.
Une présence.
Qui exhale du chaud, pas du froid.
Un soupir lui échappe.
Enfin.
- Viens, faut pas traîner. T'as besoin que j'te porte ?
Elle parvient à distinguer les syllabes, reformer des mots. Et se sent hocher la tête, se rapprocher. Focus, sa vision parvient à percevoir une silhouette.
Elle ignore de qui il s'agit.
- ... oui.
Je ne tenterai rien, ne t'inquiète pas, mon coeur.
La réplique fuse dans son esprit sans en sortir. Ce n’est pas le moment, elle n’en a plus la force. Déjà survivre, après elle reformera le masque. Mais le sang lui manque, les forces lui échappent. Un pas, deux, du tissu qu’elle agrippe.
Elle sent son odeur avant de connaître son nom. C'est un homme et il ne sent pas la glace et le froid.
Sa prise se raffermit, alors que son autre main cherche l’encadrement de la fenêtre. |
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| | Sujet: Re: Dehors Lun 9 Sep 2019 - 22:02 | |
| Le pourquoi et le comment ne comptent pas, Dive les poussant aussi loin que possible d'un coup sec. C'est une gamine, une si pâle qu'il pourrait la croire attaquée par le Givre, s'il ne rendait pas les infectés surhumains en échange pour leur âme. Dès l'instant où on lui offre la possibilité de l'attraper, ou plutôt qu'elle décide de faire le premier pas, de s'accrocher au premier espoir venu, Dive est déjà entraîné dans un plan dont il ne mesure pas les conséquences. A l'abri, vite. Loin de ce vent qui s'infiltre sous leurs vêtements, de cette tempête lointaine qui gronde, la glace menaçant de tout brise d'un seul coup.
Son bras passe autour du corps, l'attirant assez prêt pour l'aider à passer la fenêtre. C'est bref, aussi rapide que possible. Dès lors qu'elle est à l'intérieur, il la rejoint, refermant immédiatement leur seule protection face au monde. Tirer les rideaux, prétendre que personne n'a été en mesure de les voir. Il l'a déposée sur ses pieds, sans prendre le temps de se demander si elle tiendrait dans cette position.
« Y'a le lit, si t'as besoin de t'asseoir. Et j'ai de l'eau. Grouille toi de t'entourer de couvertures. T'as faim ? Putain pourquoi t'étais dehors, ça va ? »
Les paroles sont trop rapides, Dive pas vraiment en mesure d'arrêter le débit. Il ne s'y attendait tellement pas, et à présent l'inquiétude ne peut l'empêcher de l'envahir. Ses traits se sont faits interrogateurs, tandis qu'il se demande si était retenue prisonnière ou quelque chose du genre. Si c'est le cas, ça serait vraiment horrible.
Ses yeux se baissent sur ses chaussons fourrés et il se demande s'il en a une autre paire, n'importe quoi d'utile.
« Bordel de merde. » |
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| | Sujet: Re: Dehors Sam 14 Sep 2019 - 23:25 | |
| Lutter pour ne pas s’évanouir lui prend toute sa concentration. C’est à peine si elle sent qu’il la soutient, si elle perçoit le changement d’atmosphère. Dès qu’il la lâche, Love manque de s’effondrer et s’agrippe à une surface, bloquant ses bras pour ne pas glisser.
Ses forces, où sont parties ses forces.
Ce doit être les aiguilles qui les ont prises.
- Y'a le lit, si t'as besoin de t'asseoir. Et j'ai de l'eau. Grouille toi de t'entourer de couvertures. T'as faim ? Putain pourquoi t'étais dehors, ça va ?
Il parle si vite, elle a de la peine à suivre. Un lit, il a parlé d’un lit ? À travers les taches noires qui dansent dans son champ de vision, l’adolescente repère le meuble en question. Avec une volonté chaotique et qui a quelque chose de presque violent, elle s’arrache à la surface à laquelle elle se retenait et marche vers le lit, s’y laissant tomber plus qu’elle ne s’y assied.
Elle grelotte, mais le sent à peine.
- Je...
Sa main se referme sur une couverture, qu’elle tire à elle. Mais avant qu’elle parvienne à s’en draper, la gravité l’entraîne vers le bas et elle s’étale sur le matelas.
Un soupir lui échappe.
Si elle ferme les yeux, est-ce qu’elle se réveillera ?
Love s'exécute et sombre avant d’avoir le temps de se demander si cela a de l’importance. |
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| | Sujet: Re: Dehors Lun 16 Sep 2019 - 20:44 | |
| Dive veille, l'âme en peine, le cœur sur le point de chavirer dès que le visage—trop pâle, putain—de la gamine lui apparaît. Il peut pas faire les cent pas, ça risquerait de la réveiller, ce qui l'amène à être assis dans un coin, à attendre. C'est long, le ciel a le temps de changer de couleur, perçant à travers l'air lourd et morose durant l'espace d'un souffle, tandis qu'il espère qu'elle va se réveiller bientôt. Voir tout court. Elle s'est écroulée et l’œil du cyclone contemple ce corps qui avait bien besoin de s'effondrer. Elle doit avoir un peu moins froid, puisqu'il a empilé plusieurs couvertures sur la gamine, avec un soin particulier. Et quand la môme se réveillera, est-ce qu'il faudra qu'il la reconduise chez elle ?
Y'a trop de détails pas clairs, de machins flous qui lui fatiguent les yeux et l'esprit. Livre sur ses genoux, assis sur un tapis, le jeune homme patiente comme il est peut. Des fourmis courent contre sa peau, le faisant se lever un moment. Trop de bruit et elle sera dérangée ; son corps se replace sur le sol, couverture autour de ses épaules. La plus fine, toutes les autres sont auprès de celle qui en a besoin.
Au milieu du foutoir incessant, Dive a retrouvé d'autres chaussons, un peu trop petits. Paire posée au pied du lit. Peut-être que si la gamine est là, errant au milieu du Port, c'est qu'elle n'a plus la force de rentrer. Ou bien que sa demeure s'en est allée. Dive se sent pas de la presser de questions, ni de la secouer. Surtout que ce bouquin a encore des tas de chapitres et qu'il les lit l'un après l'autre, une main égarée dans sa chevelure tandis qu'il imagine le Port s'effacer et le château de l'histoire grandir autour d'eux. Ah, peut-être que ça ira. |
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| | Sujet: Re: Dehors Sam 5 Oct 2019 - 0:46 | |
| Si elle rêve, elle s’en rend à peine compte. Entre les nappes brumeuses du sommeil où Love comate se dessinent des sensations confuses, venues du passé ou peut-être de la pièce où elle gît, elle ne parvient pas à faire la différence.
Il y a la douleur et le froid, qui la fait se terrer un peu plus entre les couvertures. Et d’autres sensations, informations anciennes, chaleur de corps absents. Suivie d’un déchirement, qui la fait frissonner avant de disparaître brutalement. Est-ce que la fièvre qui l’agite est réelle ? Est-ce qu’elle se réveillera, même.
Lorsque cela finit par arriver, Love met quelques secondes à revenir à elle. Ses paupières se battent, coupent l’image du plafond de la bicoque. Où est-elle, déjà ? Ah oui, c’est vrai, au Port.
... mais chez qui ?
Love se redresse, très doucement. Son corps sans force obtempère un moment, le temps que son regard parcoure la pièce, se pose sur l’homme assis à même le sol, un livre entre les mains.
Sa vision rétablie, elle l’observe longuement. Il est jeune - adulte, mais pas si vieux - et ne ressemble en rien aux monstres de glace qui hantent l’extérieur.
Un soupir, et Love stabilise sa posture. Ses mains se referment sur les couvertures, se terrant un peu plus à l’intérieur.
Et d’une voix rauque. énonce :
- Je tuerais pour une clope.
Sa voix est malice et superbe amoindrie : Love a beau n’être que l’ombre de ce qu’elle était, on ne se débarrasse pas des vielles habitudes. |
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| | Sujet: Re: Dehors Ven 18 Oct 2019 - 18:31 | |
| Chaque livre apporte une échappatoire—une aventure capable d’effacer le froid juste assez pour le garder en vie. Et après, où est le suivant ? Est-ce qu’il devra l’écrire lui-même ? Dive n’y songe pas, devant apporter toute son attention sur la page pour ne pas qu’elle ne s’envole, lettres emportées par une vague effrayante au milieu d’une tempête.
La torpeur pèse lourd, malgré la question qui lui prouve que la gamine est bien vivante, et réveillée aussi—bon sang, Dive a pas encore de plan pour ça, encore moins que pour le reste. Ses doigts, qui ont glissé sur la joue jusqu’à ce que sa paume s’y abandonne, sont chauds et engourdis tandis qu’il soupire.
« Vaut mieux pas tuer qui que ce soit, on est plus assez nombreux. »
La plaisanterie est un peu difficile à accepter, même s’il signale qu’il l’a pigée en offrant un mouvement de tête vers le meuble bancal à côté du lit.
« Deuxième tiroir. Si t’as les mains qui tremblent tu vas galérer pour les allumettes, d’mande si t’as besoin d’aide. »
Ce sont des clopes du Port, un peu amères, pas top niveau qualité. Faudrait pas qu’ils puissent se croire à l’abri, avec le petit confort habituel. Il fume pas beaucoup, pas bon pour un chanteur, c'est juste que des fois c'est cool. Une vieille habitude qui s'est ancrée. Dive a genre deux cent questions d’un coup, mais il les fait taire, essayant de terminer cette page pour attaquer la suivante. S’il la bombarde d’interrogations, elle risque de se casser et il peut pas la laisser retourner au milieu du Port délabré juste parce qu’il sait pas se la fermer.
« J’ai de l’eau et un peu d’bouffe pour te sustenter, si besoin, » il tente d’avoir un ton détaché qu’il foire probablement. |
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| | Sujet: Re: Dehors Jeu 24 Oct 2019 - 22:04 | |
| - Vaut mieux pas tuer qui que ce soit, on est plus assez nombreux.
Ah, il trouve ça drôle. Vaguement irritée, Love hésite à répliquer par une pique mais son interlocuteur lui désigne un meuble.
- Deuxième tiroir. Si t’as les mains qui tremblent tu vas galérer pour les allumettes, d’mande si t’as besoin d’aide.
Elle acquiesce, se rapproche douloureusement dudit tiroir. Sa main - presque translucide - sort d’entre les draps et tire la poignée avec une forme de hargne. Soit le meuble lutte, soit elle est trop faible, mais toujours est-il qu’au bout de quelques secondes, elle parvient à l’ouvrir.
Ses ongles fouillent et se referment avidement sur une clope. Elle la retire, la porte à ses lèvres mais ses gestes sont trop fébriles. Quel chance qu’il n’y ait pas de reflet, qu’elle ne puisse pas se voir.
La dernière fois que c’est arrivé, son maquillage avait coulé partout et elle n’avait rien ressenti.
Rien du tout.
Après la cigarette, le paquet d’allumette. Elle le pose sur l’oreiller, en extrait un brin de feu et tente de l’allumer. Une fois, deux.
- J’ai de l’eau et un peu d’bouffe pour te sustenter, trois fois, quatre, si besoin.
Juste au moment où Love hésite à réclamer le silence, il se tait.
Cinq, six. Sa vision se brouille, ses gestes sont erratiques. Elle n’essaie pas une septième fois, s’immobilise parfaitement au contraire.
Et soupire, longuement.
- J’ai besoin d’aide.
Elle aurait sans doute été mortifiée, avant, mais tout ce qui a précédé lui a appris à réclamer.
Faible, faible, toujours plus faible.
Sans y réfléchir, ses mains se sont jointes et attaquent ses ongles. Pourtant, dans ses yeux et sur son visage, il n’y a même pas l’éclat d’un regret. |
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| | Sujet: Re: Dehors Sam 23 Nov 2019 - 17:01 | |
| La fine couverture sur ses genoux est insuffisante, pas qu’il s’embête à le dire. Dive, livre en équilibre contre ses derniers, frotte le bas de ses jambes au travers de son pantalon pour tenter de diffuser les fourmis qui s’y glissent et s’amusent à courir sur sa peau.
« J’ai besoin d’aide. »
Déjà ? Un seul paragraphe a accepté de lui parvenir, les lettres se décortiquant les unes des autres bien trop longtemps. Bon bah, autant ne pas faire attendre son invitée. Ouvrage reposé, page marquée avec un pan de la couverture, il s’avance, s’accroupissant devant le lit. Ses doigts sont engourdis aussi, et il les déplie quelques secondes avant de prendre la boîte d’allumettes.
La première se brise, sous la force qu’il emploie sans le vouloir ; c’est dur de doser, de se souvenir des limites lorsque son corps est déjà au bord des siennes.
« Okay, on va r’tenter, » il marmonne sourcils froncés. Elle va pas bien, pas forcément sur le point physique, ou alors—enfin Dive est pas psy, il en sait rien, veut pas donner l’impression qu’il a trop de cœur pour les mauvaises raisons. La seconde allumette glisse sur le côté du paquet, s’embrasant maladroitement. Mieux que rien. Une clope tirée du paquet et voilà, le tour est joué.
« V’la. » L’allumette se consume plus que nécessaire entre ses doigts ; une chimère de chaleur qui lui manque une fois partie. Il tend la cigarette à la fille, attendant qu’elle la prenne pour se redresser. Attaque pas tes mains, que Dive devrait ajouter. Sans doute que ça n’aurait pas de valeur. On se fait pas abandonner au milieu du Port sans raison, la distance avec le reste est trop importante. Faudrait vraiment une malchance de dingue pour se retrouver là.
Dive n’est pas en état d’élucider ce mystère, il veut juste retrouver son bouquin et que la fille crève pas. |
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| | Sujet: Re: Dehors Sam 14 Déc 2019 - 17:15 | |
| La nicotine brûle sur ses lèvres et caresse ses alvéoles, provoquant un soulagement réel et presque réconfortant. Perdue dans cette sensation d’avant, Love ne prête plus attention à son interlocuteur. En guise de merci, un bref geste de la tête. Si sobre - économise tes mouvements, ma grande.
On ne sait jamais quand tu pourras en avoir besoin.
Il y a un silence. Love s’y complaît, nullement pas dérangée par le vide. Elle a consciente de sa respiration - encore trop erratique - et du fait que son bienfaiteur inattendu ait froid.
C’est la seule chose qu’elle sache à son sujet.
Nouvelle bouffée, qu’elle tente de savourer au mieux. Une paresse immense - souvenir de ce qu’elle était avant - l’empêche de parler quelques instants, avant qu’elle ne se résolve à communiquer :
- Qu’est-ce qui s’est passé, ici ?
Un regard vers l’inconnu, qu’elle dévisage.
Elle sait qu’elle est censée avoir de la chance, mais ses membres douloureux et sa vision changeante ne l’aident pas à s’en rendre compte.
- Je ne devrais pas prendre tes couvertures.
Qu’on ne la prenne pas à être décente, surtout.
Un soupir. Quelle importance, de toute façon ? Ils vont sans doute mourir ici, de froid ou pire. |
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| | Sujet: Re: Dehors Sam 14 Déc 2019 - 17:37 | |
| Une clope ça le réchaufferait—sauf que ça y est, il a déjà bougé et maintenant qu’il est mouvement, il a plus envie de revenir vers le lit. Ses doigts sont déjà assez niqués par ses essais pour allumer la cigarette de la gamine. D’ailleurs, est-ce qu’il lui reste assez de nicotine jusqu’à la fin du Gi—son esprit est plusieurs miles devant le reste lorsque Dive se rappelle qu’il est dans sa chambre. Debout dans un coin. Pour se donner un air moins con, son épaule presse contre le mur de bois. Dommage que ça donne pas un truc à faire avec ses mains. Les enfoncer au fin fond de ses poches c’pas mal.
Et une pièce d’or de trouvée—ainsi qu’un morceau de crayon qui n’a rien à foutre là.
« Qu’est-ce qui s’est passé, ici ? »
Elle non plus, elle devrait pas se trouver là où elle est. Dive prend un moment, tourner sa langue sept fois dans sa bouche tout ça.
« Le Givre a transformé le Cap’taine et d’autres en zombies, ils veulent notre peau à tous parce qu’on est pas chaud pour rejoindre leurs rangs morbides. Les autres ont effectué une retraite prédisposée vers le Ranch. Moi j’suis pas fan de l’idée de m’éloigner en toute hâte, puis ils m’ont pas attrapé. »
Pas encore. Dive paraît pas spécialement inquiet, trop crevé pour ça. Il se déplace dans les ruelles, puis sur les toits, avec une aise qui lui vient d’années à esquiver des gens qui l’appréciaient pas spécialement.
« Je ne devrais pas prendre tes couvertures. »
« Bah j’allais pas te laisser te geler dehors, c’est la décence quoi. J’suis Dive d’ailleurs, t’as un nom ? » |
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| | Sujet: Re: Dehors Jeu 13 Fév 2020 - 21:30 | |
| Il est assez sympa pour lui répondre.
- Le Givre a transformé le Cap’taine et d’autres en zombies, ils veulent notre peau à tous parce qu’on est pas chaud pour rejoindre leurs rangs morbides. Les autres ont effectué une retraite prédisposée vers le Ranch. Moi j’suis pas fan de l’idée de m’éloigner en toute hâte, puis ils m’ont pas attrapé.
Love ignore où est le Ranch. Avant de partir, ceux qui l’avaient abandonné l’avaient mentionné. Elle ne sait rien de plus. Qui a disparu, qui a survécu. Où sont ceux qu’elle tolérait, avant. Si le doc l’a réellement abandonnée, si Nasty ou d’autres l’ont cherchée.
Ce serait... si stupide.
Si vain.
Mais elle adore l’idée.
- J’suis Dive d’ailleurs, t’as un nom ?
L’adulte a un nom de Perdu. Elle lui adresse un sourire las, tire sur sa clope une fois de plus. Dans ses yeux passent un éclat d’autre chose, féral et mouvant.
- On m’appelait Love.
Un silence, un vide. Après la souffrance, les cris et la glace, c’est le néant qui la réconforte. L’adolescente lève la tête, fixe le plafond et la fumée.
- Merci.
Économe dans les mots, économe dans ce qu'elle livrera à huit clos.
Pourquoi ne pas être parti ? Si elle avait eu le choix, elle ne serait pas restée ici. Mais il s’agit de Dive, celui qui l’a sauvée, donc elle juge sans parler.
L'idée la traverse - comme d’autres avant lui, il voudra sans doute quelque chose en retour.
Et comme pour toutes les fois avant, elle avisera. |
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| | Sujet: Re: Dehors Dim 16 Fév 2020 - 19:33 | |
| Vu que cette merde spectaculaire qu’est le Givre semble adorer s’enliser au point que Dive ne se souvienne plus bien du Port avant la catastrophe, il présume qu’ils vont être coincés là un moment. Peut-être qu’accueillir la gosse n’est pas une décision mûrement réfléchie—et sinon c’était quoi l’alternative ? Oh putain ça lui rappelle la scène glauque dans Wuthering Heights avec le fantôme de Catherine qui frappe à la fenêtre. La gamine est bien vivante, hein ? Ouais, certainement.
« On m’appelait Love. »
Et c’est plus d’actualité ? Ou bien une référence à un abandon dans ce froid ? Dive, dont l’esprit est occupé à se souvenir des pires scènes du roman mentionné plus tôt, galère à savoir quelle solution irait le mieux. Il se contente d’un vague ‘okay’, qui passe certainement très bien.
« Merci. »
« Aucun problème. Je laisse pas les gens périr si j’peux m’en abstenir. J’suis un historien pas un combattant en plus. »
Enfin, Dive est un brin les deux à la fois, ce qui ne lui semble pas franchement crucial à cet instant précis. Il préfère penser à des trucs plus importants, comme le rationnement de la nourriture, ou encore où est-ce qu’il va dormir. Faut qu’il aménage un truc. Déambulant dans la pièce, décollé du mur, il prend un moment pour essayer de voir comment se démerder.
« J’vais au Ranch des fois, je rapporte des trucs. Genre couvertures ou bouffe. C’est impossible de se démerder sinon, j’connais pas d’autre déserteur qui vit là comme moi. »
Ah, si ça se trouve, il songe en se tournant vers la gamine, elle voudra qu’il la dépose au Ranch quand ça ira mieux ? Vu les circonstances ça devrait passer, non ? Brève paix entre tous les groupes. Après il veut pas non plus qu’elle croit qu’il veut la balancer dehors. |
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| | Sujet: Re: Dehors Dim 8 Mar 2020 - 18:11 | |
| - Aucun problème. Je laisse pas les gens périr si j’peux m’en abstenir. J’suis un historien pas un combattant en plus.
Love ricane sous cape.
Périr, Dive a dit. Comme un vieux professeur de langues, le genre qui parlait monotone dans le Monde Ordinaire et qu’elle n’écoutait jamais. Pourquoi elle s’en souvient maintenant, pourquoi ça lui revient ? Ça n’a jamais eu aucune sorte d’importance.
Alors que l’adulte se promène dans la pièce, la Lascive repasse ses paroles en revue. Qu’est-ce qu’un historien peut bien foutre sur une Île où le temps n’existe pas ? Enfin bon, chacun s’occupe comme il peut. Elle-même tuait le temps aussi, à sa manière, dans l’Arbre. En dormant, en troublant. En riant faux, pour faire rougir les joues et dévier les regards. Assécher les gorges, entrer dans les rêves.
Elle n’est bonne qu’à ça, de toute façon.
- J’vais au Ranch des fois, je rapporte des trucs. Genre couvertures ou bouffe. C’est impossible de se démerder sinon, j’connais pas d’autre déserteur qui vit là comme moi.
La même idée doit les traverser, puisque leurs regards se croisent. Sans flancher, Love articule :
- Quand j’irai mieux, j’irai là-bas. Et je te revaudrai ce que tu fais. D’une manière ou d’une autre.
Elle a battu des cils avec une lassitude familière et si exercée, masque insubmersible malgré tout ce qui s’est passé. Mais son esprit est plus loin, elle repense à celles et ceux qu’elle doit revoir.
Quand elle recroisera Pit, est-ce qu’elle hurlera. Est-ce qu’elle l’embrassera, lui bouffera le visage pour mieux atteindre ce qui poisse dans son âme ?
Ou peut-être qu’elle l’ignorera, même.
On verra. |
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