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MessageSujet: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyVen 15 Mar 2019 - 22:27


Child of winter knows hunger.

L
e froid est là. Le Grand Froid. Il est partout, il débute son règne, il avance, il ronge. Son haleine glacée parvient jusque dans les contrées encore épargnées. Il vient. Et partout, cela se sent. Et partout, demeure cette sensation terrifiante d'être chaque jour plus près de sa langue glaciale. Parce qu'en un seul coup de langue, le Givre pouvait t'avoir.

Par ces temps difficiles, Saalki était désormais obligé d'aller beaucoup plus loin de son abri de fortune pour trouver sa maigre pitance. Si, à son arrivée, le volatile n'avait pas encore trop de mal à dénicher quelques rongeurs ou passereaux, il était désormais bien rare de croiser une quelconque vie dans cette ambiance austère. Et ce, même dans les sous-bois. Les arbres eux-même semblaient frissonner. Petit à petit, jour après jour, les proies se faisaient plus discrètes, ou moins nombreuses. Désormais, l'alimentation de Saalki se résumait à une prise dans la journée, s'il avait de la chance.
Mais aujourd'hui, c'était son troisième jour sans gibier, et chacun de ses pas lui paraissait coûter plus qu'il ne le devrait. Il se sentait également plus léger. Depuis son arrivée, Saalki n'avait pas pris de poids. Il commençait maintenant à en perdre. Cette constatation l'inquiétait, et le remplit d'une colère sourde. Contre la situation et les circonstances, bien sûr, mais également contre lui-même. Etait-il si peu doué, si faible, pour ne pas réussir ne serait-ce qu'à subvenir à ses propres besoins ?

Allait-il devoir se rallier aux hommes pour subsister ?
Cette hypothèse le glaça d'effroi.
Il n'avait pas encore approché les hommes.



Plus il avançait dans la forêt, plus la colère grandissait en lui. Son inquiétude croissait proportionnellement. Bientôt, loin de sa tanière, il arriva près d'un lac. Ses membres tremblaient. La surface du lac était couverte d'une très fine couche de glace, facile à briser. Il prit deux gorgées d'eau froide avant d'abandonner. L'eau n'était qu'illusion. Elle anesthésiait sa gorge et sa faim. Mais le corps, lui, agité de tremblements, avait faim. Ce corps qui, pendant un instant (ce genre d'instants qui se faisaient de plus en plus fréquents ces derniers temps), ne lui appartenait plus.
Ce n'était pas le temps hivernal qui faisait flageoler les pattes du Lunatique en cet instant. C'était ce concentré d'émotions, proche du bouillonnement.
Une fois de plus, ses émotions le contrôlaient et le débordaient. Lorsque plusieurs émotions à la fois se mêlaient, leur impact en était démultiplié.
La rage monta en lui. Quel enfant avait pu créer un tel désordre émotionnel en une créature ? Pourquoi lui avoir créé des complications, tant de confusion, ce dédale sans fin d'angoisse, de larmes, de colère ? Et surtout, pourquoi était-il incapable de les contrôler ? Etait-ce une punition ?

Encore quelques pas, pour le principe. Encore quelques pas pour vérifier que le corps répond toujours. Mais les pattes tremblent trop fort. La frustration s'ajouta au dessus du tas flou et visqueux de son ressenti, lui fit claquer le bec.
De dépit, aussi frémissant qu'une feuille, Saalki s'assit. Et attendit. Il ne savait quoi.



Soudain, un bruissement. D'abord lointain. Indistinct. Un simple remuement de feuilles mortes. Mais cela pouvait signifier une proie ! Il était temps que cet épisode émotionnel dérangeant cesse. Saalki se releva et s'ébroua. Il tendit l'oreille. Le bruissement se rapprochait, et il venait pile face à lui. Coup de chance ? Il n'y avait plus qu'à attendre et cueillir la bête imprudente.
Cependant, le bruissement se mua en froissement. Et bientôt, ce furent des bruits de pas, certes irréguliers, mais bien trop sonores. La vague d'émotions de Saalki revint avec violence et le submergea.
Il se retrouva brusquement face à un être canin de deux fois sa taille, qui émergea des buissons (sans parler du poids).

Dans un sursaut démesuré, il recula. Puis, sans réfléchir un seul instant, le renard agita ses ailes avec frénésie. De sa gorge sortit un entremêlement de sons rauques, grognements, cris éraillés de volatile. Il sentit toute la force de sa colère, sa frustration et son angoisse passer à travers l'énergie déployée dans cette réaction excessive. Et cela lui fit du bien. Ainsi, le corps de la chimère continua de plus belle à soulager l'esprit. Son attitude devint plus dissuasive encore quand les battements de ses ailes lui firent prendre un peu de hauteur. Pourtant, son réel but semblait plutôt être la provocation...


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Aeshna Etourdie
Aeshna Etourdie

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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptySam 16 Mar 2019 - 22:00

Valse lente d’un matin d’hiver glacé.
Flocons de soleil.
Rayons de neige.

Peut-être l’inverse, ou bien les deux. Respiration paisible. D’un Rêveur endormi. Respiration rapide. Au gré d’un songe mauvais. D’un grain de terrible, glissé dans son esprit. L’Étourdi qui sommeille, le cœur lourd d’un mauvais temps qui s’étire. L’Aeshna qui s’éveille, roulée en boule contre un ami. Diego. Gardien. Dont les deux yeux bruns s’ouvrent en même temps que les siens. Diego. Qui hume son visage. Vient chercher de l’Amour, la chaleur de ses bras. Car il fait jour dehors mais il n’y est pas le beau temps espéré, et le Huron gelé chaque jour doit couvrir son corps de peaux de betes aimées. C’est pour survivre. On lui a dit, on lui a expliqué. Mais il est buté et déteste être obligé. Pourtant même Diego, même Diego son frère est désormais couvert, parce que le Givre n’épargne rien, n’épargne personne, ça aussi on le lui a dit. Aeshna ne peut pas le voir mourir ; son Diego est venu avec lui sur l’Île, son Diego a survécu à toutes les péripéties et même au Géant de l’Île ! Il se souvient de cette histoire aujourd’hui, parce qu’alors il faisait très chaud, si chaud qu’il n’y avait presque plus d’eau. Peter riait tout le temps et c’était l’époque où il y avait quelqu’un à ses côtés. Un petit grimpeur du nom de Mellow.

Aeshna songe à Peter. Il se rappelle de sa joie et de sa tristesse, et maintenant du vide qu’il a dans le cœur. Ça lui fait penser, un peu, à la pendule dans la cuisine de sa Maman, mais Aeshna a oublié à quoi elle ressemble et il se souvient juste qu’elle se déréglait tout le temps, et Peter il a l’air comme ça, tout déréglé comme la pendule. Il espère juste que ça ne durera pas trop longtemps.

Il s’habille chaudement. Son corps apprécie le contact de la chaleur, mais une seconde après il trouve ça étouffant. Il hésite presque à se remettre sous la couette et à dormir jusqu’à ce que ça s’arrête. Seulement il faut l’aide de tout le monde, même la sienne qui n’est pas très utile, heureusement il sait faire certaines choses et il est doué par exemple avec les bêtes. Avec la Pluie il y en a eu beaucoup de bêtes rescapées. Avec le froid, encore plus d’entre elles ont été tuées, et il trouve ça triste, il n’aime pas ça, il voudrait secouer Peter jusqu’à ce qu’il se réveille. Seulement il n’a pas ce pouvoir, même les Delaware n’ont pas réussi à le réchauffer dans le Grand Feu, alors il se dit qu’ils auront bien dû mal à le sortir de cet état. Il soupire un peu. Regarde Diego, puis noue autour de lui ce drôle de manteau qu’ils lui ont fait, il lui met ses bottines aussi. Comme ça il n’aura pas froid, et rien ne viendra blesser ses coussinets.

Dehors c’est tout en effervescence, comme très souvent. Aeshna grimace, le pâle du ciel lui fait mal aux yeux et le bruit éclate dans ses oreilles. Il se recroqueville un peu, avise l’un des siens un peu plus loin et se dirige vers lui. Va ramasser du bois aujourd’hui, c’est ce qu’on lui dit.

Il a l’impression de l’avoir déjà fait la veille mais il ne rechigne pas. Suivre ce qu’on lui demande, c’est une habitude. Ça fait parti de ses matins, il se réveille, il sort, il va voir ce qu’on veut qu’il fasse. Ça évite qu’il fasse des bêtises. Il en a déjà fait trop. Aeshna se souvient, avec Ibijau, il avait failli provoquer un conflit quand les araignées aux Couleurs étaient tombées du ciel. Puis dans le monde des esprit il avait failli les perdre. Ah, plein d’aventures, et le voilà encore dans l’une d’elle.

Comme chaque jour. Il ne s’en formalise pas. Ils partent tous les deux. Ils doivent ramasser du bois.

Ils partent peut-être un peu loin alors, il n’en sait rien. Ses jambes l’emmènent et il ramasse des branches, dans le silence. Diego renifle à côté de lui, trotte dans les feuilles mortes et lui ramène parfois un bâton qu’Aeshna lance un peu plus loin. Quand il galope à sa suite, Diego soulève tout sur son passage et ça le fait un peu rire.

Seulement à un moment y a un grand bruit. Aeshna sursaute, lâche le bois pour se couvrir les oreilles avec ses paume et intinctivement il bascule sur ses pieds. Puis il pense à Diego. Diego Diego Diego Diego. Où il est ? Il regarde à droite et à gauche, finalement il se retourne et il voit la tête de son chien et il l’entend aussi aboyer. Diego, qui aboit, parce qu’il a peur très certainement. Diego, qui aboit, pour le défendre assurément. Aeshna le voit courir en avant, se reculer, chercher à impressionner. Mais surtout il voit la bête qui monte face à son Frère et il se fige sur place. En se répétant ça. Diego est en danger Diego est en danger Diego est en danger. Le bois est oublié. Il s’approche à pas trop grands et manque de tomber.

“DIEGO !”

Il appelle son frère de toutes ses forces. Et tous les bruits combinés font trembler ses mains, l’incompréhension fait trembler ses jambes. Le Rêveur ne comprend pas ; ne comprend rien. Alors que Diego hésite puis fonce sur lui, et l’oblige à reculer. Aeshna trébuche. Bascule. Il tombe sur le sol dur mais ne grimace pas malgré la douleur qui vrille son corps. Le visage rouge, rouge d’inquiétude. Il recommence.

“Diego !”

Moins fort parce que sa voix est serrée au fond de sa gorge. Il regarde son frère tenter de se jeter sur l’assaillant. Sur ce nouvel animal qu’Aeshna n’a jamais vu avant. Si tant est que ça en soit un, il n’en sait rien, mais son compagnon de toujours veut le protéger et ça il le sait. Il n’y a que dans ces cas là qu’il peut attaquer, même si le Huron le sait, son chien n’essaiera pas de blesser.
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyDim 17 Mar 2019 - 21:36


Child of winter knows hunger.

E
t le chien fit un bond en avant, s'élançant vers Saalki. Quelle idée saugrenue, se jeter dans la gueule du renard... Un humain semblait crier quelque chose, comme un nom, répété, mais cela paraissait lointain au Lunatique. Celui-ci, très vif, porté par cette grande colère lui rongeant l'esprit et la raison, décida d'attaquer pour toute réponse. Prenant de vitesse le gros canidé brun, pourtant bien plus massif que lui, il attrapa dans son bec l'oreille velue, et pinça si fort que le chien recula brutalement en couinant. Ce brusque recul suffit à tracer une estafilade parmi les poils doux. Le sang goutta doucement sur le tapis de feuilles mortes.
Moment de suspension. Silence pesant, celui de l'incrédulité du chien – peut-être n'imaginait-il pas que l'on puisse réellement l'attaquer – et celui de Saalki, soudain pris de vertiges.
Il venait de voir l'humain qui avait crié, il voyait ce jeune homme pâle, au sol, couvert de terre, tremblant de tout son être, au regard perdu et empli de terreur.
Les vertiges, la chimère le savait, c'étaient ceux de la culpabilité. Le goût des remords. Âcre, révulsant, à s'en donner des haut-le-cœur. Pourquoi avait-il fait ça, déjà ? C'était sa toute première rencontre avec un homme. Et la colère avait sans doute brisé toutes ses chances de pouvoir communiquer avec l'humain. Pas maintenant qu'il avait attaqué son compagnon. Car c'était ça, n'est-ce pas ? Ce nom crié dans la forêt, c'était celui de la bête aimé ?
Les vertiges le reprirent. Les regrets se faisaient plus forts, plus insistants, et le firent s'asseoir. Ses propres tremblements avaient cessé. La colère avait disparu. Seules une grande tristesse et une solitude immense vinrent rejoindre le nouveau florilège émotionnel de Saalki.
Le temps semblait suspendu.
Le calme presque surnaturel qui régnait sur l'instant fut soudain brisé par le volatile :

« Diego, c'est ça ? »

Sa voix, Saalki ne l'avait encore jamais entendue. Il n'avait encore jamais oralisé. Et ce son, produit par son corps, l'apaisa quelque peu. Il avait une voix plutôt chaude, du moins dans cette toute première phrase. Un timbre plutôt lisse, presque liquide. Sa voix, alors même qu'elle n'avait jamais passé la barrière de son bec, coulait comme de l'eau.

« Désolé pour ton oreille. Mais ça se répare, tu sais. »

Comme c'était nouveau pour lui, de pouvoir exprimer ses pensées, les laisser s'envoler dans l'atmosphère et les voir s'échapper !

« Dis à ton humain que tu n'as pas mal. Il pourrait m'en vouloir. Ce serait bête parce que... »

Il s'arrêta. Le chien pouvait-il seulement parler, lui ? Si oui, parlait-il la même langue que les hommes ? Ses mots étaient-ils vains ? Une nouvelle vague de solitude le submergea. Après ce qu'il avait fait, il valait sans doute mieux faire profil bas et s'envoler au plus vite.
Saalki se releva avec lenteur, pour ne plus effrayer quiconque. D'un air contrit, les yeux baissés, il recula doucement, et ouvrit ses ailes tout aussi précautionneusement.
Il s'apprêtait à s'envoler.


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Aeshna Etourdie
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyJeu 21 Mar 2019 - 15:21

Ça dure à l'infini le combat devant lui, tout un temps invisible et qui s'étire, qui s'étire alors que lui est là tombé par terre. Aeshna les observe, ou à peine à vrai dire. Il s'est recroquevillé sur le sol et a perdu son regard, au loin sur les deux corps qui bougent, au loin sans vraiment les voir, la gorge nouée de larmes, sans savoir quoi dire. Diego ne reviendra que quand il sera sûr. Sûr qu’il ne risque rien son humain, et quoi que le Rêveur tente de faire ça ne suffira pas. Diego a toujours été celui qui Veille, celui qui Protège. Diego l’a sauvé bien plus d’une fois pendant leurs expéditions. Diego l’a aidé. Diego, Diego, Diego. Diego, comme ses lèvres gémissent, trop faiblement, alors qu’il presse son visage contre ses jambes. Diego. Comme ce jour là il appelait Mellow. Y a si longtemps. Si longtemps. Il était encore à l’Arbre avec Peter Pan. Diego Diego Diego Diego.

Un sanglot.
Quelques tremblements sur ses mains.

Puis Diego couine. Et le silence. Le silence, trop long, durant lequel il se remet sur ses jambes. Rongé d’angoisse, Aeshna, de ce quelque chose qui lui serre le ventre. Le pousse vers son Ami. Qu’à son tour il voudrait défendre, sans être sûr d’en être capable. La créature lui paraît gigantesque faut dire. Tout en ailes impressionnantes, qui pourraient le balayer d’un simple mouvement. Aeshna tremble plus fort. Ses jambes en coton. Et prend conscience après plusieurs secondes de cette chose étrange : La bête a une voix. Des mots. Comme lui ; pas comme Diego cependant. Qui écoute malgré tout ce qu’il lui dit, le Huron sait qu’il comprend les tons.

“Tu parles.”

Ça sort d’entre ses lèvres, sans animosité, sans colère, sans rien en fait tandis qu’il s’approche. C’est juste comme ça, tu parles, parce qu’il n’a encore jamais été confronté à ça. À cette voix, à des mots, qui ne sont pas ceux d’un Homme mais c’est tout comme. Il parle. Ses yeux clignent et le Huron laisse courir ses yeux sur lui. Avant de les poser sur Diego, venu se presser contre sa jambe. Diego qui tremble. Diego. Dont l’oreille luit, légèrement, sous la lumière d’un ciel trop pâle. Le Rêveur se penche, touche du bout des doigts, et cligne des yeux, incrédule, en voyant le sang dessus. Le chien lève son grand regard brun vers lui, et le Huron laisse courir sur sa bouche l’étrangeté de son sourire, parce qu’il est content que ça ne soit que ça. Quelques gouttes pour une si grosse bagarre.

“Tu vas t’en aller ?”

Il redresse le visage. Fixe une seconde l’Étranger puis glisse ses yeux le long des plumes ; elles ont l’air douces et il pourrait tendre les doigts sous un brin d’Imprudence.

“Je n’ai jamais vu quelqu’un comme toi. Tu as de jolies plumes.”

Honnêteté. Le museau de son chien se presse contre ses doigts et il tombe accroupi pour se laisser renifler. Laisse s’échapper un frisson sur sa bouche, la douceur d’un rire, quand la truffe chatouille son cou en dessous de son vêtement bien chaud. Il oublie durant une seconde qu’ils ne sont pas seuls, ses propres questions. De soulagement de voir son compagnon aller bien, il ignore ce qu’il ferait s’il devenait aussi Bleu que ces autres hommes qui marchent sur eux.
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyJeu 28 Mar 2019 - 22:14


Child of winter knows hunger.

M
ais la voix de l'humain s'éleva et l'arrêta dans son mouvement.

«Tu parles.»

C'était une simple constatation, avec un timbre doux et surtout, terriblement enfantin. Une intonation si innocente et sans rancœur. Absolument ce que Saalki ne pouvait pas attendre du jeune homme. C'était une réaction inappropriée. Trop calme. La réaction la plus naturelle ne devrait-elle pas être la colère ? Tout du moins... l'agacement ?

«Tu vas t'en aller ?»

Saalki, surpris si soudainement dans son élan, s'ébroua pour reprendre contenance. Non, maintenant, il ne comptait plus s'en aller. L'homme-enfant l'intriguait énormément. Trop, pour que sa curiosité se taise et le laisse fuir lâchement. Il y avait également cette odeur... Un peu entêtante, intensément attirante... Et puis, toute crainte s'était subitement envolée et désormais, le torrent d'émotions s'apaisant, les tremblements reprirent leur place pour secouer le renard de toutes parts. Mais ces tremblements n'étaient plus dus seulement à des sentiments puissants, incontrôlés et désagréables. C'étaient avant tout des frissons physiques de froid, accentués certes par la descente de la marée émotionnelle. Le vide, le calme après la tempête, laissait toujours place à un certain abaissement de la température corporelle.
L'homme au chien reprit la parole.

«Je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi. Tu as de jolies plumes.»

Saalki ne savait plus où était passée sa voix. S'il avait réussi à s'adresser au grand canidé brun sans une once d'hésitation en situation plutôt compliquée, répondre ici à ces paroles inoffensives lui semblait presque impossible.
L'enfant-homme avait touché l'oreille de son compagnon et ce dernier n'avait pas bronché. Quelle scène étrange cela paraissait aux yeux de la chimère. Aucun mouvement de recul, aucune méfiance. Un total abandon de l'un aux bras de l'autre. Lorsque le jeune homme blond s'assit pour cajoler Diego, le Lunatique confirma en lui-même que c'était une relation très réciproque. Une forme de symbiose, en somme. Une confiance établie, un refuge sûr.
Une pointe d'envie le gagna. Et l'odeur... cette odeur, aguicheuse, qui lui taquinait encore les narines...

«Comment tu t'appelles ? »

C'était sorti sans le préparer. Tout seul, d'une traite. Comme si le cerveau du volatile ne voulait qu'une chose, une seule : un échappatoire. L'effluve qui le chatouillait était léger mais bien trop présent. Saalki ne voulait plus y penser. Il secoua vivement la tête, envoyant valser quelques fines gouttelettes de salive. A toute vitesse, son esprit travaillait pour trouver comment se concentrer sur autre chose.
La chimère rangea ses ailes du mieux qu'elle put, renonçant définitivement à quitter les lieux. Pourtant, tous les signaux de son corps étaient contradictoires et semblaient indiquer une répulsion forcée. Il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps pris sous le joug de cette tentation odorante, ainsi son cerveau lui enjoignait de s'éloigner. Il ajouta encore un peu de distance entre les deux individus et lui-même et plaqua ses oreilles en arrière, contrarié. Compulsivement, il se mit à ses lécher les babines.

« Moi, c'est Saalki. »

Sa voix était toujours posée, calme et sereine alors que son esprit subissait une véritable lutte intérieure. La tentante, sinistre et alléchante odeur du sang lui revint une nouvelle fois aux narines. Il ouvrit légèrement le bec pour mieux la recevoir, cédant légèrement du terrain. Ses yeux mi-clos et toute son attitude pouvait être comparée à celle d'un drogué qui reprend sa dose.
Saalki était surtout extrêmement affamé. Depuis trois jours, il n'avait pu toucher une seule miette de chair, et son corps amaigri criait famine. S'il n'était clairement pas de taille (ni de poids) à affronter Diego, il n'en restait pas moins que son esprit devenait fou furieux à la simple évocation olfactive du sang, aussi légère soit-elle. Saalki se reprit un instant. Et de nouveau sans lui demander son avis, son bec laissa couler quelques mots :

« J'ai... très faim. Vraiment très faim. »

Une fugace lueur de désespoir traversa le regard qu'il lança à l'homme-enfant sur le sol. Pourrait-il seulement l'aider ? L'espace d'un instant, Saalki se trouva pathétique.


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Aeshna Etourdie
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyDim 14 Avr 2019 - 23:12

Diego est retrouvé, sain et sauf, et Aeshna se dit que l’Étranger n’est pas si mauvais. Qu’il ne l’a pas mangé. Pas trop blessé, non plus, et que quelques gouttes de sang sur l’oreille c’est pas grand chose. Aeshna se dit ça, oui, et Diego pendant ce temps presse sa tête contre lui ; il regarde encore leur Inconnu, un peu inquiet mais il ne grogne plus, peut-être parce qu’il y a une Voix, comme celle de son maître, ou parce qu’il sent ce dernier en sécurité. Aeshna ne sait pas. Il n’a jamais été doué pour comprendre ce qui passe dans la tête des autres, mais il connaît son chien et ça doit forcément être quelque chose comme ça, il reste un peu longtemps au sol à le serrer dans ses bras, même qu’il met tout aussi longtemps à se rendre compte que la l’Oiseau-Renard a parlé, et la question lui échappe. C’était peut-être important. Ça non plus il ne sait pas. Car l’importance des situations lui échappe souvent. Il ne dit rien. Il reste là. Par terre, et il a l’air d’y être bien.

Il écoute Saalki quand il parle encore et il aime bien sa voix, il aime bien son prénom, il aime comme il sonne et comment il glisse sur la langue. Aeshna le répète tout bas, “Saalki”, et c’est à peine un souffle qui s’échappe alors qu’il sourit. C’est doux à prononcer, autant que les plumes doivent être douces à caresser. Et à penser ça il doit encore retenir sa main d'avancer vers lui, de toute façon il serait trop loin.

Aeshna finit par se relever. Saalki a parlé de nouveau et ce qu'il dit ne réjouit pas le Huron. Qui regarde son corps en train de trembler et se demande si c'est à cause de ça, la faim, qu'il tremble et tremble sans s'arrêter. “J'ai des fruits séchés, je peux t'en donner même si je n'ai pas envie de partager parce qu'il fait froid et qu'il n’y a plus beaucoup à manger. Tu sais, quand les températures baissent il n'y a plus de fruits qui poussent et les Hurons ne mangent pas de viande, parce qu'on aide les animaux, on ne les tue pas.” C'est un long discours qui n'en finit pas parce qu'il parle trop, mais après ça il sort ce qui lui reste de fruits secs et il les tend vers la Bête. C'est un maigre reste. Pas grand chose à se mettre sous le bec, mais il en a plus besoin que lui et même s'il parle, le Huron ne peut pas le laisser dans froid sans rien.

“Tu peux les prendre.”

La voix vacille un peu mais Aeshna se tient droit, la main tendue vers la Créature. Elle pourrait lui arracher les doigts, juste comme ça, mais il fait confiance. Comme Diego, son frère, lui fait confiance à lui, et se presse contre ses jambes.

“Je m’’appelle Aeshna Étourdie. J’aime bien Saalki comme prénom, ça sonne doux.” Il caresse l’oreille de Diego, celle qui va bien. “Lui c’est Diego, c’est un terre neuve. Il a quarante-deux dents et son poil est double pour résister à l’eau. Est-ce que tu as quarante-deux dents toi aussi, Saalki ?”

Aeshna ne sait pas s’il a des dents à vrai dire car Saalki est une créature qu’il n’a jamais rencontrée auparavant. Est-ce qu’il a une famille ? Diego et lui, ils n’ont plus de famille.
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyJeu 18 Avr 2019 - 15:42


Child of winter knows hunger.

L
e jeune homme ne semblait réagir que peu. Il restait là, assis sur le sol froid, son chien contre lui. Il souriait, il murmurait seulement pour lui-même et tardait à répondre. Et lorsqu'il fournissait une réponse, celle-ci ne répondait que partiellement aux interrogations données. Comme si le garçon ne pouvait recevoir qu'une information sur trois, comme si son esprit ne s'ouvrait que par palpitement, un peu irrégulièrement. Mais ce n'était pas grave pour cette fois, car l'humain répondit à la plus importante des phrases de la chimère. La question de la faim, celle qui lui ronge les entrailles, celle qui le torture plus que rien ne l'a jamais fait encore dans sa courte existence.

« J'ai des fruits séchés, je peux t'en donner même si je n'ai pas envie de partager parce qu'il fait froid et qu'il n’y a plus beaucoup à manger. Tu sais, quand les températures baissent il n'y a plus de fruits qui poussent et les Hurons ne mangent pas de viande, parce qu'on aide les animaux, on ne les tue pas. »

Il parla longtemps, ce petit gars, cet être frêle aux pattes longues, secondé de son canin ami, aussi fourni et trapu que son humain long et menu. Ne pas manger de viande ? Saalki se demanda comment il était possible de survivre à une telle température en refusant de chasser... Sans les quelques rats laineux qu'il avait débusqué depuis son arrivée, Saalki ne serait déjà plus de ce monde. Mais des fruits... Des fruits, c'est très bien aussi !

Le jeune garçon tendit alors sa main, tenant quelques lamelles séchées de fruits différents, l'un plutôt dans les tons de rose, l'autre jaune vif. Il tendit cette main nourricière, et le geste, maladroit, ne trembla pourtant pas. C'était la toute première fois que Saalki interagissait avec un être humain, et c'était aussi la première fois qu'il rencontrait un être vivant qui soit à ce point dénué de peur !
Cependant, les paroles de l'enfant résonnaient en boucle dans la tête du renard, et c'en était assourdissant « je n'ai pas envie de partager parce qu'il fait froid » « il fait froid » « il n'y a plus de fruits qui poussent et les Hurons ne mangent pas de viande » « plus de fruits qui poussent » « il fait froid »...
Pas de viande, que des fruits, et les fruits, il n'en pousse plus maintenant qu'il fait froid...

Mais l'odeur des fruits séchées, pourtant extrêmement ténue, presque indétectable, suffit à faire saliver le Lunatique. C'était un terrible dilemme, et le volatile se sentait de nouveau tiraillé. Cette fois, un sentiment particulièrement négatif envers lui-même le gagna : s'il mangeait ces morceaux de fruits, mettrait-il en danger la vie du propriétaire de la main tendue, juste là ? S'il dévorait la seule nourriture que pouvait se permettre ce fragile humain, ne faisait-il pas une action des plus égoïstes qui soient ?

« Tu peux les prendre » l'encouragea l'enfant.

Saalki fit un pas en arrière et regarda successivement la main tendue vers lui, les trésors de vie qu'elle lui offrait, puis son propre corps décharné. Il longea du regard les doigts graciles autour des fragments colorés, puis souligna dans son esprit l'allure de ses propres côtes saillantes, ses plumes ternes, et ses tremblements incessants. Il devait manger. Aujourd'hui, maintenant. L'opportunité et la survie avant tout, n'est-ce pas ?
Mais le jeune homme reprit la parole, retardant la prise de courage de la créature.

« Je m’appelle Aeshna Étourdie. J’aime bien Saalki comme prénom, ça sonne doux. Lui c’est Diego, c’est un terre neuve. Il a quarante-deux dents et son poil est double pour résister à l’eau. Est-ce que tu as quarante-deux dents toi aussi, Saalki ? »

Mais cette petite tirade fonctionna à merveille sur Saalki. Non seulement elle commençait par un compliment, mais surtout, sa tournure de petite discussion sans enjeux l'apaisa grandement. Aeshna, car c'était son nom, semblait vivre l'instant seulement, et dans un prisme qui lui appartenait. Saalki se laissa totalement gagner par la confiance (et par l'effluve fruité également) et avança vers la main blanche.
Son bec, d'un sombre gris ardoise, n'était pas si grand qu'on aurait pu le croire. De loin, en gonflant ses plumes et sa fourrure, ainsi qu'en décollant légèrement, Saalki pouvait faire croire à une grande stature et en imposer. Mais la réalité était bien plus modeste. Il ne restait que de la taille d'un renard dont la longueur du bec faisait celle d'une paume de main humaine.
Il ouvrit son outil multitâche favori (outil de défense, outil de chasse, outil de nettoyage, outil de reconnaissance olfactive, outil de respiration, quel outil!) et attrapa aussi délicatement qu'il le put une première rondelle de fruits, celle d'un rouge rosé. Il se tenait tendu au maximum, le plus loin qu'il puisse de la main, méfiant malgré tout. Grâce à un petit mouvement sec de la tête, il fit sauter la tranche dans son gosier et l'avala sans mâcher. Et pour cause...

« Non, je n'ai pas quarante-deux dents. J'en ai... Je n'en ai pas. J'ai zéro dents. »

Il rouvrit son bec, rapidement, mais juste assez longtemps pour que le regard d'Aeshna s'y jette un instant. L'aliment qu'il venait de manger était réellement succulent, et sa faim immense devait jouer sur le rendu gustatif, sans aucun doute. Il lui en fallait d'autre. Du moins, c'est ce que son estomac lui criait.
La confiance du Lunatique grandit tandis que l'humain ne bougeait pas un seul muscle et continuait de tendre les derniers morceaux. Alors, Saalki s'approcha pour de bon. Il était maintenant tout près de l'humain, si près, que le plumage de ses ailes était à portée de main. Et il se mit à manger, avec beaucoup d'entrain et de joie, les deux dernières portions de fruits. Plus rien ne pouvait l'en déconcentrer. Rien.


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Aeshna Etourdie
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyDim 19 Mai 2019 - 18:00


Et il se passe tout un grand instant où le temps s’écoule sans même que rien ne bouge, car Aeshna tend sa main sans montrer de peur vers l’Oiseau-Renard et il attend qu’il vienne, et Diego pressé contre ses jambes lui aussi il attend, que Saalki s’approche, que Saalki s’avance, et le Rêveur ne comprend pas vraiment ce qui met tellement longtemps. Mais il reste là quand même. L’esprit un peu parti. Ailleurs comme souvent, et son regard abandonné sur le roux du pelage qui lui attire les doigts tandis qu’il observe la créature remuer, à petits pas étranges, vers les fruits qu’il tend toujours. Jusqu’à ce que le bec attrape un premier morceau, gobé presque aussitôt, et puis la voix reprend. Suivie de la sienne, qui répète.

“Zéro dents...”

Et pour preuve, ses prunelles bleues se jettent sur le bec et il n’en voit aucune, ça lui fait ouvrir la bouche sur une surprise évidente alors qu’il murmure.

“Diego a quarante-deux dents...”

Et Saalki zéro. Et c’est un drôle de nombre zéro. C’est rond et y a rien dedans, mais la créature ressemble à un renard et les renards ont des dents, sauf que lui non, il en a Zéro, pas du tout comme les renards et pas du tout comme Diego.

Z é r o.

Aeshna ne bouge toujours pas. Il sent l’oreille du terre-neuve s’échapper d’entre sa main mais il ne fait rien. Et juste après c’est remplacé par le museau qui cherche la paume, et veut ramener les pensées sur le présent alors qu’il part trop loin. Planté sur ses pieds à bredouiller, toujours ces deux mots qu'il a entendu en dernier. Zéro dents. Zéro dents. Zéro. Dents. Diego presse sa truffe contre ses doigts. Un peu plus fortement. Et Aeshna baisse les yeux sur lui. S’accroche à son regard, le temps d’un moment ; sa voix se meurt au fond de sa gorge, et le seul mouvement qu’il a est celui d’une caresse durant laquelle il plonge au creux du pelage épais de son frère. Pendant ce temps Saalki a mangé tous les morceaux de fruits, Aeshna se dit qu’il en avait sûrement plus besoin que lui parce qu’il n’a pas faim. Mais lui il a des dents. Des dents qui coupent les aliments.

“Les renards ont des dents. Tu as zéro dents.” Il regarde les ailes de Saalki. Pas si loin, à portée de main auparavant, il aurait pu venir y lover ses doigts. “Les renards n’ont pas d’ailes, mais tu as des ailes.” C’est presque mécanique. Des constatations vides de sens. Au premier regard. S’il n’y avait pas les quelques mots de plus. Pour conclure son observation. “Tu es une créature. Tu es quoi ?” Est-ce qu’il y a un nom à ce qu’il est, Saalki ? Aeshna se demande, du haut de son monde bien à lui, quelle découverte il a pu faire. Si tant est que ça en soit une. “Je suis un Huron, tu connais les Hurons, Saalki ? On aide les animaux et les créatures aussi, et si tu as froid il y a un grand feu au camp et tout le monde est réuni là bas à cause du froid.”

Il propose avec bon cœur, sans savoir s’il en a le droit. Mais il fait si froid et Saalki est maigre, et le feu, le feu qui protège Peter fait un peu de chaleur à l’âme. Et puis c’est là bas qu’il vit avec Diego. Pourquoi Saalki ne pourrait pas venir ?
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyJeu 13 Juin 2019 - 16:18


Child of winter knows hunger.

S
aalki observa le jeune Huron pendant ce qui lui parut une éternité. L'homme-enfant était parti, physiquement présent mais l'esprit tellement ailleurs, et dans un lointain si flou, qu'il paraissait falloir beaucoup de force pour remonter à la surface. Cet humain était décidément bien étrange. Etaient-ils tous comme ça, les humains ?
Saalki s'ébroua, réchauffé désormais par les lamelles de chair fruitées dans son estomac. Un gargouillement de plaisir, le lancement de sa digestion, confirma qu'il était plutôt satisfait et sonna comme un grand remerciement. Un remerciement du plus profond de ses tripes. Saalki se sentait redevable auprès d'Aeshna, maintenant. Ce sentiment lui parut tout à la fois atroce et excitant. Atroce, horrible, car il devait sans doute un jour s'acquitter d'une tâche pour quelqu'un. Excitant, presque exaltant, parce que, pour la première fois de sa courte vie, Saalki était lié à quelqu'un. A ce quelqu'un en particulier, cet humain frêle et branlant, un peu perdu, et régulièrement noyé par son propre esprit. Ce quelqu'un en apparence fragile, qui ne connaît pas le danger. Mais un quelqu'un quand même. Et un quelqu'un au grand cœur.

Se léchant méticuleusement le bec, Saalki entendit l'enfant reprendre ses esprits en énumérant des constatations morphologiques. Il faisait, avec une systématique digne d'un scientifique, la liste littérale des différences visibles entre ''le renard'' et la chimère. Saalki ne visualisait pas vraiment ce qu'était un ''renard'', cependant, le nom l'intéressa. Cet humain pouvait-il mettre un nom sur une partie de l'être qu'il était ? Pourquoi lui, n'avait-il pas de dents ? C'était une injustice flagrante ! Les renards n'ont pas d'ailes. Saalki était partagé entre plusieurs émotions toutes neuves, jamais ressenties auparavant. Cette rencontre lui causait vraiment beaucoup de nouveautés qu'il lui fallait gérer. Saalki était plutôt fier de posséder des ailes, tandis que ''le renard'' n'en possède pas. Malgré sa plutôt brève durée d'existence jusqu'à aujourd'hui, il avait toujours trouvé ces deux excroissances couvertes de plumes très très utiles. Il les adorait et les chérissait pour leur puissance et leur endurance. Cela lui sembla donc être un fabuleux avantage sur le fameux renard. Le fait de n'avoir aucune dent, en revanche, le contrariait d'une force totalement irrationnelle. Sa voix s'éleva dans un ton le plus indigné possible.

« - Ce n'est pas normal, que je n'ai pas de dents ? Je ne suis pas un vrai renard ? Si je ne suis pas un renard, parce que je n'ai pas de dents mais que j'ai des ailes, je suis quoi ? »

C'est exactement ce que lui avait demandé Aeshna. Saalki ne l'aidait pas du tout à répondre à sa question. Plus il avançait dans sa réflexion, et moins il arrivait à saisir ce qu'il pouvait bien être. Avait-il seulement un nom ? Y avait-il, quelque part, une autre créature telle que lui ?

« - Je trouve ça injuste de ne pas avoir de dents. Aeshna, les renards ont-ils un bec ? »

Par cette première question, le Lunatique espérait enclencher une explication de la part du jeune indigène. Un semblant de discours, qui pourrait lui illustrer par les mots ce qu'est un renard. Ou peut-être l'aider à se cerner lui-même.
Mais l'homme-enfant ne se comporte jamais comme on s'y attend. Et, même si les questions s'étaient sans aucun doute frayé un chemin dans les passages tortueux de son cerveau, l'humain particulier répondit d'abord quelque chose qui n'avait absolument rien à voir. Il précisa où les Hurons vivaient, et où les créatures étaient également accueillies. C'était une invitation. Une invitation pour ce lieu, une sorte de grand feu de camp, où tout un chacun pouvait se réchauffer et se nourrir. En somme, survivre par ce temps plus qu'hostile.
Cette proposition, bien qu'inattendue et totalement hors-sujet, toucha profondément Saalki. Durant quelques secondes, il en fut tout ébranlé et pas un mot supplémentaire ne put sortir de sa gueule. Saalki imagina alors les humains tout autour de lui, les animaux, la vie grouillante, bruyante, les possibles accidents. Saurait-il se tenir en condition sociale et de famine combinées ? Saurait-il comment se comporter ? Une peur, profonde, enfouie et diffuse, glissa sur ses entrailles.

« - Toi, c'est là-bas que tu vis ? Avec Diego ? »


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Aeshna Etourdie
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyMer 3 Juil 2019 - 23:00

La situation dans laquelle il se retrouve plongé est toute nouvelle pour lui, car jusque là il n’avait jamais rencontré de créature comme Saalki qui ne sait pas ce qu’elle est, et Aeshna n’est pas sûr d’être celui qu’il faut pour l’aider parce qu’il ne sait pas très bien non plus qui il est. Un garçon. Un Perdu. Un Récolteur (il se souvient mais juste vaguement). Un Huron (mais pas de sang). Et puis un Cueilleur, avant que le Grand Froid n’arrive pour faire tomber les fruits et geler les plantes. Aeshna a aussi eu un autre prénom, mais il ne s'en souvient pas parce que c'était dans le monde d'avant et que l’Avant est confus, il ressemble à un rêve dont on ne se rappelle qu’en bribes factices et qui s’enfuient alors que les journées défilent. Aeshna est plein de choses. Et pas grand chose, aussi. Alors il n’est pas sûr de pouvoir aider, de pouvoir dire ce qu’il est Saalki. Mais s’il y a une chose qu’il veut. C’est faire de son mieux. Alors sur ses lèvres une vague esquisse s’étire ; il quitte doucement le réconfort de son esprit. Pour offrir à la créature qui attend, des réponses à toutes ses interrogations.

“Oui, c’est là bas qu’on vit Diego et moi. Avec les Hurons, et d'autres peuples de l'île jusqu'à ce que le froid s'arrête. Après, on rentrera chez nous.”

Chez lui. Les Huron. C'est sa maison. Et le camp aussi, où ils étaient avant. Est-ce qu'il a un un chez lui, Saalki ? Peut-être même qu'il a une famille. Aeshna se souvient. Il en avait une lui aussi. Avant que la maladie arrive. D'ailleurs c'est surtout de ça dont il se rappelle, des quintes de toux d'un homme au milieu de sa Fièvre-Délire. C'était sûrement son père. Il ne pourrait le dire. Il est là depuis si longtemps, si longtemps Aeshna, et Diego aussi ça fait sûrement mille ans.

“Tu es une créature.”

Le ton n’a pas changé alors qu’Aeshna finit par lâcher pour la seconde fois cette vérité sans pouvoir répondre à la question qu'ils se sont tous les deux posés. Parce que Saalki ressemble à un renard mais il n'est pas un renard, il a des ailes, et pas de dents, et un bec à la place du museau curieux roux et blanc. Aeshna s’approche d’un petit pas, il tend la main. Et un peu maladroitement il la pose sur le poitrail, sur les poils chauds, doux, peut-être un peu rêches si elle ne se recule pas avant la bête.

“Les renards ils ont le poil comme toi, tout roux, et souvent avec du blanc et du noir dedans. Et ils ont aussi des oreilles qui ressemblent aux tiennes et des longues pattes. Ils ont des dents et des griffes, tu as des griffes mais tu n’as pas de dents, et tu as un bec sauf que les renards n’ont pas de bec.”

Aeshna récupère son souffle un peu précipitamment. Puis il enchaîne, presque directement. Parce que Saalki a posé des questions. Saalki a demandé, alors lui il répond. Du mieux qu’il peut.

“Ce sont les oiseaux qui ont un bec. Et des ailes aussi, et une queue comme la tienne. Mais je ne connais pas l’oiseau qui a des plumes comme ça.”

Aeshna se demande. Si les autres Hurons ne seraient pas capables de le trouver, cet oiseau qui a donné ses couleurs aux ailes et à la queue. Mais peut-être aussi que c'est un oiseau de l'Ordinaire. Qu'il n'existe pas ici. Le Rêveur se pose dix mille questions, et un peu ailleurs il promène ses mains au creux du pelage doux. Les laisse remonter peu à peu, et effleurer les plumes, le coin de sa bouche affiche un pli soucieux, contrarié de ne rien trouver dans les Souvenirs qui pourrait éclairer.

“Tu n’es pas un renard, tu n’es pas un oiseau. Tu es les deux un peu je crois mais il faudrait demander, peut-être qu”ils sauront mieux que moi au camp.” Il y aura bien quelqu’un n’est-ce pas ? Quelqu’un qui, comme lui, n’aura pas peur de Saalki ? Quelqu’un qui pourra leur dire. “Est-ce que tu vas venir au camp Saalki ? Il y a d’autres créatures, et tu pourras amener ta famille. Est-ce que tu as une famille Saalki ?”

Il penche la tête Aeshna, doucement sur le côté, et il caresse les plumes douces sans le regarder. Il fixe Diego plutôt. Qui s’est finalement éloigné, juste un peu pour renifler les plantes et la terre gelée.
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyJeu 15 Aoû 2019 - 22:59


Child of winter knows hunger.

O
ui, c'est là-bas qu'ils vivent. Ensemble. Avec de nombreux autres gens. Et même des créatures. Et Saalki frissonne de nouveau, car désormais, il le sait, c'est ce qu'il est, une créature, c'est ce mot qui le définit, le représente, chante son identité, la clame. Saalki voudrait verser dans le petit coffret de ce mot toutes ses peurs, ses insécurités, toutes ses angoisses existentielles et toutes ses questions identitaires. Mais le coffret est bien trop petit. Le mot l'aide, il le fait avancer. Mais Le Lunatique ne trouve pas cela suffisant, et il lui faut plus.

Le jeune être humain face à lui semble entendre son appel silencieux et se lance dans une explication douteuse et extrêmement factuelle. L'embrouillamini mène l'homme-enfant à la conclusion que Saalki est une créature tenant du renard et de l'oiseau. Dents, griffes, bec, plumes, pattes, chaque détail est passé au peigne fin, et c'est comme si Aeshna avait oublié qu'il y avait une frontière entre la pensée et la parole. Ce flot de mots descriptifs, sans cesse portés puis recadrés par des contradictions ou de jolies coordinations plut à l'oreille de Saalki.
L'oiseau-renard se laissa emporter par la vague du doux monologue. Bercé, il ne fit d'abord que peu attention à la main chaude – comment pouvait-elle encore être chaude par ce temps terriblement inhospitalier ? - qui se glissa dans sa fourrure. Apaisé, il pris soudainement conscience que la chaleur qui se mouvait sur son corps et remontait doucement vers ses ailes était celle d'une main et plus précisément celle de cet être curieux dont il avait fait la connaissance.

Jamais personne n'avait touché Saalki avant ce jour-là. Et, par ce simple discours, empli de mots en tous sens, par ce simple geste, cette caresse toute naturelle, par la chaleur qui s'en dégageait, Saalki était touché en plein cœur. Touché physiquement, touché intimement. Profondément touché.
Sa sensibilité à fleur de peau se réveilla tout à fait quand la pulpe tendre des doigts d'Aeshna atteignit ses premières plumes. Une sensation nouvelle et inégalable. Le jeune homme semblait apprécier ce contact tout autant que Saalki.
L'homme-enfant, apprivoisant l'oiseau-renard.

La conclusion de son interlocuteur tomba, sans appel, en même temps qu'il terminait sa caresse.
« -  Tu n’es pas un renard, tu n’es pas un oiseau. Tu es les deux un peu je crois mais il faudrait demander, peut-être qu”ils sauront mieux que moi au camp. »

Retour à la terre. Retour sur cette terre gelée, qui n'enfante plus que des frissons, n'engendre plus que l'envie de se rouler en boule et dormir pour toujours. Pourrait-on s'enfouir pendant ce long hiver et se réveiller au printemps ? Serait-il possible de mettre toute sa vie entre parenthèses, juste le temps de retrouver ses esprits dans un contexte légèrement plus avenant ?
Aeshna semblait en avoir décidé autrement, et Saalki commençait à se laisser tenter. Un camp... pourquoi pas. Avec des gens... plus difficile. Mais s'il n'était pas seul pour son arrivée ?
Un instant fugace, la créature regarda Aeshna. Si un tel individu s'en sortait dans une vie communautaire, lui si touchant, lui si fragile, lui si doux, et surtout lui si frêle, alors Saalki pourrait s'en sortir, n'est-ce pas ?

« - Est-ce que tu vas venir au camp Saalki ? Il y a d’autres créatures, et tu pourras amener ta famille. Est-ce que tu as une famille Saalki ? »

Sa famille.
Une nouvelle fois, le puissant pouvoir des mots, ceux, notamment, qui nomment ce qu'on ne possède pas, ébranla le petit canidé tout entier. Sa famille. Il n'avait pas la moindre connaissance d'autres créatures comme lui ou même de l'existence de quelqu'un relié à lui. En dehors de... Oui, il avait bien une hypothèse, un enfant quelque part, qui aurait pensé à lui et l'aurait instantanément fait exister, un enfant quelque part avec qui il serait bien, un jour lointain. Mais ce n'est pas ça, une famille. Une famille, c'est … Mais qu'est-ce que c'est ? Et Saalki ne sait pas. Il ne sait pas vraiment et son cœur commence à se gonfler. Il a envie de pleurer mais il ne peut pas. Il ne sait même pas s'il possède les glandes nécessaires à la production de larmes et il ne veut pas savoir. Pas aujourd'hui, pas maintenant. Saalki ignore tout, jusqu'à la définition du mot famille, et cela le rend bleu de tristesse.
Mais il viendra au camp. Pour voir. Pour tenter de survivre. Pour rencontrer des enfants – peut-être trouvera-t-il le sien ? Pour manger, et dormir au chaud. Mais il doit bien avouer que...

« - J'aimerais bien venir. Enfin, je crois. Le problème, Aeshna, c'est que j'ai peur. »

Il avait joué franc-jeu. Et maintenant, parler devenait plus facile, et sa voix continua sans accroc.

« - Le problème c'est que je ne connais personne et que j'ai peur. Le problème aussi, c'est que je ne sais même pas vraiment ce que c'est qu'une famille. Ça a l'air bien, mais je crois que je n'en ai pas. Je ne suis pas sûr... Est-ce que c'est Diego, ta famille ? »

Puis, Saalki avança vers le Huron, et son museau toucha presque sa cuisse. Il aimerait bien être caressé. Encore une fois.


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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyJeu 22 Aoû 2019 - 23:30

Diego est parti plus loin et les yeux d’Aeshna sont posés sur le vide, et il ne voit ni le sol, ni le givre blanc. Il ne voit pas non plus les plantes, recroquevillées, ou assassinées par le froid qui couvre l’Île depuis trop de jours, ni les minuscules empreintes d’un animal passé par là. À vrai dire, il ne voit pas grand chose à part du flou, et il sent à peine sa main cesser les caresses alors qu’il y a encore la douceur des plumes sur le bout de ses doigts, il la laisse juste retomber contre sa cuisse où elle était avant ça. Son esprit égaré sur les mots que Saalki prononce et il se souvient d’avoir eu peur souvent depuis qu’il est là et même avant, peur quand il a dû aller chercher le mouchoir au Géant et peur aussi quand Mellow a disparu. Toutes ces fois là. Mais plein d’autres aussi. Le Rêveur ne sait plus combien de fois par jour il a peur mais c’est beaucoup. Comme tout à l’heure, avec Diego et Saalki qui se battaient.

“Saalki.”

Sa voix revient, au bout d’un moment, et elle a l’air d’un fantôme comme la buée qui sort quand il souffle le prénom. Aeshna ne sait pas trop quoi répondre d’abord, il pense à sa Peur et elle prend toute la place dans son esprit, et puis il pense à Diego qui le calme si souvent avec le bout de son museau qui fouille contre ses paumes.

“Moi aussi j’ai souvent peur. Mais il y a Diego et Diego oui c’est ma famille. J’en avais une autre avant mais elle est plus là, alors il reste Diego et moi. Peut-être que tu n’as pas encore de famille, Saalki, mais tu pourras t’en trouver une même si c’est pas facile.”

Et Saalki s’avance, et son museau touche sa cuisse alors l’Étourdie sursaute et ramène ses yeux vers lui. Ils se posent juste là sur sa tête et il met là main sur cet endroit pour caresser le poil. Il aime bien ça, c’est doux. C’est différent des plumes mais c’est agréable et il aime toutes les choses douces comme ça, alors il passe les doigts dedans et s’attarde. Il effleure même le crâne du bout des ongles, gratte un peu comme avec Diego en se demandant si Saalki aimera ça.

“Tu sais il y a beaucoup beaucoup de monde là bas. Si tu veux tu pourras dormir dans ma tente avec Diego au début, on demandera aux autres, peut-être que tu auras moins peur comme ça. Tu voudrais, Saalki ? On te fera un lit avec une peau, tu auras bien chaud.”

Est-ce qu’ils auront le droit ? Le Huron ne sait pas, il y a beaucoup de choses à demander et il le sait, et il aimerait que tout soit plus simple, qu’il puisse ramener Saalki et que personne ne vienne l’interroger. Mais il faudra le nourrir, Saalki. Et c’est difficile déjà un peu de nourrir et d’habiller ceux qui sont là, le Rêveur le sait, ça.
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MessageSujet: Re: « Child of winter knows hunger. »   «  Child of winter knows hunger. » EmptyMer 18 Sep 2019 - 16:50


Child of winter knows hunger.

C
et humain. Ce premier humain, le premier de toute sa vie de Créature, oui, cet humain... est si doux. Est si particulier. Si enchevêtré dans un univers qui n'est certainement pas amarré à la réalité. Et pourtant, comme des surgissements de conscience, comme des remontées soudaines pour prendre une grande inspiration, il réapparaît. Il est alors bien là, capable de construire ses phrases et poser ses pensées. Il parle, jette quelques idées.
Puis il repart, dans ses eaux sombres, petit poisson de lune.

Saalki sent battre son cœur plus vite tandis que le jeune homme lui fait cadeau d'un de ses plus intenses moments de présence terrestre ; il lui caresse la tête. Son index trace un sillon parmi les poils ocre. Puis, dessinant des arabesques, il fait demi-tour, inlassablement.
Et c'est bien là la chose la plus agréable que le corps de Saalki n'ait jamais connu.

« - Moi aussi j’ai souvent peur. Mais il y a Diego et Diego oui c’est ma famille. J’en avais une autre avant mais elle est plus là, alors il reste Diego et moi. Peut-être que tu n’as pas encore de famille, Saalki, mais tu pourras t’en trouver une même si c’est pas facile. »

Saalki entend. Une famille, si on n'en a pas naturellement, cela peut se trouver. Les paroles sont censées et se tiennent. Le Lunatique est admiratif du caractère solide et bien tissé de la toile de ces mots. Car Saalki commence à comprendre. Il commence à saisir, par bribes, par brins, quel fonctionnement incongru s'empare régulièrement du cerveau d'Aeshna. Et à quel point c'est dur, pour cet enfant, de coudre des phrases. Il est une araignée amnésique, qui oublie qu'elle tisse.

Et le renard a tant d'affection pour lui. Tant, qu'elle se met à déborder. L'affection dégouline, coule le long de son être, l'affection le prend au corps à corps et envahit son cœur.
Saalki ne sait plus quoi en faire.

Il profite de l'arrêt des caresses pour reprendre une distance respectable. Le froid piquant reprend ses droits immédiatement, et ses tripes, indifférentes, lui suggèrent un autre en-cas.

« - Tu sais il y a beaucoup beaucoup de monde là bas. Si tu veux tu pourras dormir dans ma tente avec Diego au début, on demandera aux autres, peut-être que tu auras moins peur comme ça. Tu voudrais, Saalki ? On te fera un lit avec une peau, tu auras bien chaud. »

Il n'en fallait pas plus à Saalki pour être séduit en cet instant précis. La créature aux humeurs capricieuses ne savait pas s'il était capable d'endurer une vie sociale intense. Il ignorait s'il pouvait ne serait-ce que partager un lieu où dormir, être correct envers d'autres personnes. Saurait-il seulement maîtriser ses émotions ?
Néanmoins, s'il y avait bien une chose que Saalki savait, c'est qu'il avait très froid. Et que le couchage qu'Aeshna lui faisait miroiter termina de le convaincre.

« - Je viens. »

L'oiseau-renard se demanda si un jour il saurait également maîtriser sa parole. Il avait aujourd'hui découvert énormément d'émotions et de sensations nouvelles, mais il avait aussi et surtout découvert le pouvoir du parler, et ne le gérais qu'avec peine. Les mots n'en faisaient qu'à leur tête et seuls eux semblaient pouvoir décider où et quand se manifester, de leur plein chef.

« - Je crois que j'ai envie d'un endroit bien chaud où dormir. »

En effet, une rencontre comme celle-ci avait empli son être maigre et froid d'émotions si fortes qu'il se sentait désormais épuisé. Totalement vidé. Et tout le monde sait qu'il ne faut pas s'endormir dans la neige, pas vrai ?

« - Alors je te suis. »


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