[HJ : merci à Xen d'avoir trouvé ce titre ]


Ce matin-là, se lever avait été particulièrement complexe.

Disons le très franchement, Jack se traînait une bonne gueule de bois. Mais eh, normal après la journée de la veille ! C'était pas tous les jours qu'on trouvait une statuette en or cachée dans des ruines au milieu de la jungle ! Même quand on s'appelait Jack Highwater !

Et donc, la taverne pour fêter ça, et probablement un peu trop de verres. Bah. Il avait passé une bonne journée, une bonne soirée, et… ouais, il faisait beau. Froid, mais beau. Donc malgré la gueule de bois, c'était une nouvelle bonne journée.

En faisant le tour de ses plantations, Jack se demandait quand même ce qu'il allait faire de la statuette. La laisser au milieu de la table de la cuisine comme ça paraissait… inapproprié. Ça manquait de panache, ou quelque chose comme ça. Mais bon, il trouverait bien. Ou plus probablement Zyrrha trouverait (mais pour le moment elle était trop occupée à ricaner à chaque fois que Jack faisait une grimace parce que la lumière était trop lumineuse).

Toujours est-il qu'arrivé à l'heure de la sieste, Jack était bien décidé à en faire une, de sieste, même si d'habitude il préférait vadrouiller avec Zyrrha. Ou aller voir Xen. Bref, pas dormir, quoi. Mais là ça semblait vachement mieux de retrouver son lit… hmm, ouiiiii, son lit douillet et moelleux…

Après un dernier tour d'horizon sur ses rangs de courgettes, il revint donc vers la cabane qu'il partageait avec Zyrrha.

La soirée d’hier avait été particulièrement bruyante. Lil’ était revenu de la citadelle recharger à bloc de magie et ses poches pleines de nectar et d’ambroisie, mais comme sa vie n’était devenu qu’une suite de troubles elle ne pouvait pas dire que ses journées s’enchainaient avec quiétude. Surtout depuis que Peter avait l’une de ses autres sautes d’humeurs et que le froid c’était insinuer entre les planches des palissades, sous le verre des fenêtres et sous les tuiles des toits. C’est en se réchauffant autour d’un feu de fortune, tard dans la nuit, que la blonde avait entendu du chahut provenant de la taverne. Dès qu’elle fut entré dans l’établissement, la lumière, la chaleur et l’odeur de sueur lui sautèrent au visage et elle découvrit un homme ivre de bonheur qui chantait à tue-tête avoir trouver un trésor. Elle avait soupiré, s’était trainer vers le comptoir où elle avait glissé une pièce contre une chope de bière. Même si le blond était joyeux et que sa chanson partageait avec justesse toute l’étendue de son bonheur, Lil’ le trouvait trop bruyant et l’aurait volontiers fait taire si cela aurait été possible. Cependant, ses oreilles sensibles découvrir des personnes du même gout qu’elle attabler juste derrière elle, elle eut un fin rictus, finit d’une traite sa boisson et se glissa à leurs côtés avec un large sourire.Ses idiots l’avaient d’abord prisé pour une putain avant de passé contrat avec elle. Mirage ne savait rien de cette statuette et elle se foutait pas mal de ce qu’elle pouvait signifier. Elle savait juste qu’elle était entièrement constituer d’or, qu’elle était affreuse et qu’elle vaudrait surement son faisan d’or sur le marché noir. Cas cela ne tienne, la fée était payée pour la dérober et elle le ferait avec plaisir. Aillant repris sa forme primaire, Lil’ avait suivi sa victime jusqu’à son domaine où il c’était assoupie d’une traite avec son trésor entre les mains. Quand, le matin, il s’en était détacher, la blonde avait eu la mauvaise surprise de découvrir que la maison était habitée par une autre personne. Elle dut prendre son mal en patience et, quand après-midi, la femme s’en était aller et le saoulard s’était rendu visité ses courgettes, la fée saisit sa chance, bondit de la poutre sur laquelle elle était assise, atterri à côté de la table de la salle à manger et adopta sa forme humaine dans un léger voile de poussière dorée. Un sourire satisfait accrocher aux lèvres, car ce vol fut pour elle des plus facile, elle ne s’attendait pas à entendre du bruit approcher aussi rapidement.

[HRP: Hésite pas si cela ne te conviens pas. ]

La porte s'ouvrit.

Pour l'intruse, le mouvement était peut-être dramatique. Après tout il y avait le timing, déplorable pour la voleuse. Et puis le bruit, un grincement de fin du monde qui pouvait facilement glacer les sangs de quiconque ne se sentait pas dans son bon droit. Et puis le courant d'air, qui apportait le froid de l'extérieur, poussant au frisson.

Pour Jack, la porte de la cuisine s'ouvrit en lui rappelant mesquinement qu'il devait huiler les gonds depuis au moins trois semaines.

Puis le regard de Jack tomba sur l'intruse ; il la fixa en silence pendant quelques instants, la bouche à moitié ouverte. Puis il se pinça.

– Aïeuh.

Il prit ensuite un air contrit, une main derrière la tête.

– Ah, euh, désolé, je croyais que… enfin j'ai beaucoup bu hier et… mais j'ai dessaoulé je vous rassure ! C'est-à-dire…

Il prit une profonde inspiration puis lança à l'intruse un sourire digne d'un pub pour dentifrice.

– Bonjour mademoiselle. Vous êtes perdue ?

Les sourcils de Jack montèrent se perdre contre la ligne de ses cheveux. Il avait fait ça ? Sérieusement ? Et Zyrrha ne l'avait pas arrêté ?

Il fut tenté de se pincer une seconde fois, mais cette fois se contint. Dans son cerveau, les rouages tournaient à pleine vitesse. Il ne se rappelait absolument pas tout ça, ni la demoiselle ni avoir ramené qui que ce fût ici. Mais il n'avait pas non plus l'impression d'avoir de trou dans ses souvenirs de la soirée. C'était passablement perturbant. Est-ce qu'il s'était fabriqué de faux souvenirs ? Est-ce que quelqu'un ou quelque chose avait modifié sa mémoire ?

C'était un mystère à élucider, mais plus tard. Pour le moment il avait une invitée surprise à gérer.

– Je suis tout ce qu'il y a de plus confus, belle damoiselle, car le rustre que je suis avait tout oublié de votre beauté, déclama Jack. Me ferez-vous l'honneur de me rappeler votre nom ?

Il n'aurait pas été surpris, et encore moins vexé, que la demoiselle refusât. Après tout l'avoir ramenée puis oubliée était assez injurieux à son égard.

Puis une autre question traversa son esprit, laissant une vague de perplexité derrière elle.

– Et euh… je vous ai montré quelque chose finalement ?

Il avait beau se creuser la tête, il ne voyait qu'une seule chose parmi ses possessions qui était plus belle que la statuette, et c'était ses courgettes qui poussaient dehors. Mais en général, il ne parlait pas de ses légumes pour séduire les demoiselles. Ou du moins pas comme ça. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ?

– J'ai toujours beaucoup d'éloquence ! répondit Jack, plus par réflexe qu'autre chose.

Toute cette histoire était de plus en plus fumeuse. Son lit ? Pourquoi est-ce que son lit aurait été plus beau que la statuette ? Il n'y avait pas plus basique comme lit ! (Et en plus il était légèrement bancal et Jack avait dû le caler avec une petite planche ramassée sur la plage. Pas vraiment un modèle de classe, quoi.)

Plus Jack réfléchissait, plus il lui paraissait évident que quelque chose dans tout ça n'était pas net. Les indices ne concordaient pas. La jeune femme (Lily-Rose, donc) était clairement là, or il ne se souvenait pas l'avoir ramenée. D'un autre côté, elle se rappelait d'actions qu'il était certain de ne pas avoir pu effectuer.

Jack se rapprocha de Lily-Rose et regarda autour de lui d'un air méfiant avant de lui glisser avec une mimique de conspirateur :

– Mademoiselle… est-ce que vous savez si vous avez des ennemis ? Surtout des qui pratiquent la magie ?

C'était la seule explication. Jack n'était pas le seul à avoir eu ses souvenirs modifiés. Ils étaient tous les deux victimes de ce sinistre individu. Qui qu'il fût.

Ça s'agitait sec, dans le cerveau de Jack. Si Lily-Rose avait été capable d'identifier immédiatement son Ennemi, ç'eût été passablement plus simple. Mais il allait bien falloir faire avec les informations qu'ils avaient sous la main.

– Hmm…

Jack se redressa, se carressant la barbe d'un air songeur.

Là, comme ça, il ne voyait pas trop qui pourrait lui en vouloir suffisamment pour mettre en place quelque chose d'aussi complexe. Il ne voyait même pas qui pouvait lui en vouloir, en fait. Surtout s'il se limitait aux utilisateurs de magie. Parce que les seuls auxquels il pouvait penser, là comme ça, c'était Zyrrha et Orge, et aux dernières nouvelles elles étaient toutes les deux ses amies ?

Donc, autre question : à qui pouvait profiter le crime ?

– Cela n'a aucun sens… réfléchit-il à haute voix. Quel serait l'intérêt de monter cette mise en scène ?

Puis, d'un coup, la lumière se fit. Il frappa la paume de sa main de son poing fermé tandis que ses yeux s'écarquillaient.

– Bon sang ! Mademoiselle, est-ce que vous aviez prévu d'être quelque part aujourd'hui ? Si vous n'aviez pas été ici, je veux dire ?

Une diversion. C'était certainement une diversion. Mais quel abominable crime l'absence de Lily-Rose allait-elle permettre ?

Dans la catégorie mal de crâne, la gueule de bois avait trouvé son maître. Elle se replia donc, drapée dans les lambeaux de sa dignité, en ronchonnant sur les pigloufs pas fichus de vivre l'expérience alcoolisée jusqu'à sa conclusion naturelle.

Ça lui faisait une belle jambe, à Jack. C'était qu'elle était lourde, mine de rien, cette statuette ! Et qu'elle avait de la force, la Lily-Rose ! Et puis c'était pas sport de frapper la tête et le ventre ! Bref, le temps que Jack fût en état de se redresser tant bien que mal en prenant appui sur la table, la voleuse avait déjà filé.

Il tituba en dehors de la cabane juste à temps pour voir Lily-Rose sauter la barrière à l'extrémité opposée du champ.

– Revenez sale voleuse ! hurla Jack.

Puis il grimaça. Mauvais plan de crier comme ça. Mal à la tête.

C'était trop tard pour la statuette, mais Jack jura en son for intérieur que, foi de Highwater, s'il mettait la main sur cette voleuse un jour ça allait chauffer pour elle.