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Peau-Rouge
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MessageSujet: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 14 Juin 2018 - 12:48

Un Garçon Perdu faillit la renverser en courant et, à nouveau, Louve laissa échapper un grognement de menace, qui fit son effet. Elle comprenait le désir de son chef de protéger les habitants de l'île et d'aider les papooses blancs, mais elle n'était pas d'accord pour autant. Venir en aide aux autres tribus, à leurs frères d'esprit : oui ; porter assistance à des êtres incapables de survivre seuls : non. En acceptant tous ces papooses, la tribu risquait de s'affaiblir. Même si quelques-uns savaient se battre, se défendre, la plupart n'étaient que des petites choses chétives, des faibles dont la vie aurait déjà dû quitter l'enveloppe depuis longtemps.
Seuls les forts survivaient en tant de guerre, et ce n'était pas à eux de veiller sur les cœurs fragiles.

De son pas ferme et décidé, ses verges battant contre ses cuisses puissantes, protégées du froid par un assemblement de cuir de bison, Louve se dirigeait vers la petite zone d’entraînement aménagée dans le fond du canyon. Beaucoup de papooses blancs voulaient apprendre, et c'était bien, mais Louve n'aimait pas l'idée qu'ils soient formés en même temps que leurs authentiques Piccaninny, leurs jeunes guerriers prometteurs. Ils ne fallait pas les mélanger, ils n'avaient pas le même esprit de guerre, le même cœur plein de fureur. Et pourtant elle acceptait de les former.
Paradoxale petite Louve, mère au cœur tendre sous les crocs et les griffes.
Elle était cependant aussi dure avec ceux du clan qu'avec les Autres.

Lorsqu'elle arriva sur la Grande herbe de combat, elle vit immédiatement qu'il n'y avait que trois jeunes combattants, et aucun Picaninny. Pas étonnant, Grizzly avait probablement pris les leurs pour offrir le meilleur apprentissage possible. Elle n'avait pas encore parlé avec lui de cette invasion, mais il serait probablement d'accord avec elle. Ils avaient la même âme de prédateur.

Un bon combat nécessite une bonne entrée en matière. Elle s'empara de ses poignards et les jeta aux pieds des papooses avant de les toiser de son regard de loup.
« Ne tremblez pas, esprits guerriers, ne trembler ni face à la lame qui mord, ni face au froid qui déchire. »
Sur ses mots elle s'empara des bords de sa chaude tunique et la fit passer au dessus de sa tête, dévoilant l'intégralité de sa peau mate, et ses seins petits, ronds, aux tétons résolument érigés par le froid. Elle ne fit pas de même pour le bas, resta simplement là, offrant son épiderme au vent mordant et au froid infernal, droit, fière.
« Ne tremblez pas et faites comme moi. Louve Féroce ne prendra pour papooses que ceux qui n'ont pas peur. »
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 14 Juin 2018 - 14:10


Lève-toi et mords


La tempête recouvrait tout comme un grand manteau. Sauf que celui-là c'était un manteau qui démange, qui colle à la peau, qu'on aime pas et qu'on veut retirer en déchirant parce que sinon on devient fou.

Dusty il a jamais aimé le froid, la morsure du vent ni la façon dont son nez rougit parce qu'il a un rhume. Il renifle trop, il s'enfonce dans ses habits chauds. Une peau de bête, des chausses rembourrées avec on sait pas quoi en poil d'animal. On fait avec ce qu'on peut au camp, les plus petits sont prioritaires. Dès que Dusty voit un enfant plus bas que son milieu de corps, c'est à lui qu'il donne ses couches de carne.

Avant de laisser le courroux de glace ramper jusqu'à eux, des Perdus s'entraînent. Ils profitent de la présence des plus grands (des ADULTES) pour s'échauffer et s'endurcir. C'est ce que tous ils aimeraient mais c'est indéniable : certains Peaux-Rouges voudront jamais accepter de s'occuper de ces blancs-becs. Des blancs tout court. Même Dusty, qui voit ces hommes comme les plus forts de l'île, il se dit qu'il a peu de chances pour qu'un de ces guerrier à la peau mate veuille de lui. C'est comme ça.
Rassemblés pour faire front commun, mais pas amis pour autant.

Sous ses bottes le tapis blanc craque et s'effondre un peu. Il s'enlise dedans, il y a tant d'épaisseurs dans la poudreuse, des flocons qui fouettent le paysage comme une nuée d'abeilles monstrueuses.

Sur le terrain d'entraînement, ils sont trois avec Knuckle et Silly. Ils font de leur mieux, jettent les couteaux sur la cible, tapent dans un mannequin rendu fort par des pierres collées entre elles, ou bien ça fait la course autour du camp tout simplement. On essaye de faire un maximum de choses dans un minimum d'environnement. Personne peut quitter le Canyon. Sinon on meurt.

Et pendant qu'il lutte au corps à corps avec Knuckle, la voix puissante et sèche d'une femme rend interdit le trio complet comme si c'était l'annonce officielle. Tous ils cessent et se tiennent droit comme un i, le regard pieux. On croirait que c'est Pan lui-même qui est venu.


Faites comme moi.


C'est le grondement du loup. La Louve... Elle a ôté son haut pour dévoiler un épiderme concentré, taillé par la chasse et la force elle-même. Les balafres qui courent sur la peau qui a vécu font trembler les plus jeunes. C'est vrai, les Peaux-Rouges, ils dégagent un truc qu'aucun Perdu ne possède. Personne ne sait dire c'est quoi, c'est peut-être ça qui intimide autant, rend poli même les plus insolents. Dusty.

Dusty qui ne dit rien, ses lèvres scellées par le givre ou l'admiration que sait-on. Sous ses couches de chaleur il tremble, le froid est partout, ça s'enroule autour des cous comme une écharpe trop épaisse. Les deux derrière ils font rien, ils sont immobiles. Peut-être qu'il y en a un qui hésite à bouger, l'autre on sait pas.

Chiendent se fait violence, on vient de donner un ordre. Il tend l'oreille. Ses doigts le délestent de son manteau de peau, tirant vers le haut, lentement, pour qu'il sente moins la différence brutale de température. Au fond la variation est maigre, c'est presque pareil il fait super froid, mais ça reste quand même douloureux d'avoir le buste si vulnérable.

Le voilà, Chasseur, dans la même position que la Grande, que la Louve. Le torse nu et fragile sous le blizzard, les yeux clairs, rouges et attentifs. Imbibés d'une verve combative.

On le dirait prêt, prêt à écouter la leçon.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 14 Juin 2018 - 15:22

Sans surprise, les blancs sont trop faibles. Elle reste là, la Louve, toujours droite malgré le vent qui fouette son corps et les flocons qui y déposent leur manteau glacé. Elle a froid, comme tout le monde, au point de ne plus rien sentir, mais elle supporte, en bonne guerrière qui peut tout vivre.
Elle a déjà affronté la peur, une douleur plus profonde et plus terrible que le simple baiser du froid.

Alors qu'elle hésitait à faire demi-tour, un des papooses trouva enfin la force et le courage : il retira sa peau de tissu. Elle le regarda avec son air sauvage et farouche et un sourire carnassier étira le coin de sa lèvre, à peine perceptible. La Sans-Pitié ne laissa échapper aucune parole, ses gestes parlèrent pour elle. D'un signe méprisant de la main elle ordonna aux deux autres de s'éloigner, et fit signe au guerrier de se rhabiller et de s'approcher. Elle-même se baissa avec lenteur, fit courir ses mains sur sa peau – dans le but évident de l'assécher – puis enfila à nouveau ce qui la protégerait du froid. Le test était passé, inutile de jouer les braves et de rendre l'esprit inutilement.

« Quel est le Sens que le Grand Papoose volant t'a donné ? »
Ce mot qui portait toute une identité, dévoilait tout un caractère. Sur ce point les petits de l'Arbre avaient la même philosophie que les Peau-Rouges : leurs noms voulaient réellement dire quelque chose, pas comme ces maudits blancs de la mer.

Elle attendit qu'il réponde puis hocha simplement la tête, mémorisant avant d'aller récupère les poignards jetés plus tôt, ses armes, sa vie, l'extrémité de soi.
« Louve n'a pas encore accepté de te montrer le chemin des armes, petit homme. Pourquoi montres-tu ta force ? Contre qui tournes-tu tes mains ? »
Un guerrier savait qui était son ennemi, même s'il était jeune. Un Farouche qui ne savait pas où allait n'avait aucune chance de maîtriser la voie de celui qui tue.
« Sache que tu vas souffrir, papoose. Et qu'avant l'arrivée de l'Esprit nuit, tes yeux seront plein de sel ».
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 14 Juin 2018 - 17:48

Dusty est attentif.

Ça n'arrive jamais autrement qu'au moment de la Chasse. Il a la lueur béate au creux des yeux, le corps tremblant sous le manteau de neige mais il fait moins froid, il en est persuadé. Depuis que la Louve a commencé à parler.

Puisqu'on lui en a donné la permission son haut retourne à sa place, tendu sur son buste. C'est maigre, la différence est vraiment nulle. Les deux autres derrières ont fichu le camp, Dusty n'a même pas fait attention.

Elle pose les questions avec son Parler qui tranche. Quel est ton nom.

- Dusty.

Il renifle un peu, tête haute, pas question de flancher. Il ose à peine croiser les pupilles de la Guerrière, parce qu'il craint qu'elle puisse le tuer en un battement de cil. Elle a quelque chose qui fait ployer tout de suite. Dusty a conscience, il serre les poings, bouge des pieds dans la neige qui a déjà tout enseveli à nouveau.

- Je suis contre le Givre.

Chaque réponse se succède au fil de l'eau comme l'oraison. Dusty répond avec fermeté, comme elle. Comme elle... Oui c'est ça qu'il cherche. Comme elle.

Dusty se demande si ses poignards sont aussi affûtés que les crocs de l'Essence qui fait son nom.

- Peu importe le sel, montre-moi.

Rangé dans le fourreau sur sa hanche, son tranchant à lui dort.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 14 Juin 2018 - 19:04

Le sourire, celui qui ouvre son visage et présente des dents blanches et solides, celles qui peuvent à la fois déchirer la chair et s'offrir à la lune.

Elle reconnaissait sans peine que la petite Poussière avait une grande force dans le regard et dans la position. Détermination.
Son cœur se fit un peu plus doux et sa main, câline, se posa sur la tête du garçon.
Brièveté du geste, pour encourager, pour féliciter. Parce que tous les petits guerrier avaient besoin qu'on les pousse dans leurs retranchements, mais aussi qu'on les félicite pour l'avoir fait. Grizzly n'aurait probablement pas été d'accord mais, quoiqu'elle puisse dire, la Louve, elle était plus tendre.
A peine plus.

« Être contre le Givre ne te suffira pas, petit chiot plein de poussière. Il faut voir plus loin mais, pour toi, c'est dangereux. »
Parce que, comme les autres, elle savait ce qui arrivait aux papooses de Peter qui regardaient trop loin vers l'avant.

Elle lui fit signe, l'invitant à la suivre. Ce cercle d'herbe ridicule n'était pas un terrain de lutte pour des braves. Les vrais guerriers n'apprenaient pas dans la sécurité d'un camp, pas à cet âge. Plus à cet âge.

Elle traversa le camp, sans vérifier que le petit être de l'arbre la suivait. S'il n'était pas capable d'emboîter ses pas, alors il ne serait jamais capable de rien. On suivait ou mourrait, c'était ainsi chez les Piccaninny, invité ou non. Elle fit un rapide crocher à sa tipi, s'empara d'une besace de peau et continua sa route jusqu'aux enclos où paissaient les fières montures de son clan. La Louve siffla entre ses dents et sa jument la rejoignit aussitôt, battant l'air de sa longue queue soigneusement démêlée. Habituée, elle vérifia les épais chausson qui protégeaient les sabots de sa partenaire de guerre et – satisfaite – sauta souplement sur son dos, tendant ensuite la main vers le chiot qui attendait au bas.
« Le vent sifflera dans tes cheveux et tu auras froid, Poussière. Outtgueté tentera de te faire tomber, et tu resteras en place, sans te tenir à Louve. C'est ta première épreuve, et la plus simple. »
Une sorte d'échauffement avant les choses sérieuses, une danse du corps avec la nature. Elle-même n'avait ni selle ni rennes pour guider l'appaloosa : une guerrière a besoin de ses mains pour tirer et tuer, attraper son adversaire pour l'écraser entre ses poings.

Course terrestre sur les terres froides, mais pas encore givrées.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 14 Juin 2018 - 19:43

Elle parait douce mais quelque chose de brut déborde de ses mots. Ça frappe Dusty comme les pierres.

Le geste sur sa tignasse blonde crasseuse et habitée lui ôte un frisson, mais il le sent pas sous tout le froid. Il sent rien à part ce que dit la Louve. Louve Louve Louve. Elle parle, elle dit qu'il risque de se faire rétamer, de douiller, de se mordre lui-même (poussière) et de pleurer des rivières entières.

Rien de tout ça n'effraye Chiendent qui court à la trace de son aînée. Ses empreintes d'enfant dans celles guerrières. Il la suit à l'aveugle, sans penser au reste. On se demande même s'il pense, le Chasseur. Est-ce qu'il est vraiment Chasseur ? Près de Louve il ressemble à un nourrisson.

Sur le chemin elle embarque une sacoche avec dieu sait quoi dedans. Dusty est sur ses chevilles, son manteau de peau de bête sur le dos, le pantalon autour des cuisses et puis ses pompes dégoûtantes et abîmées qui laissent passer la morsure froide par les trous. Un épais nuage de vapeur coule de ses lèvres, le temps est vraiment fragile.

Dressée sur sa monture le crin clair, elle énonce la règle du jeu. Monter et rester. C'est simple, ça a l'air facile. Mais même Dusty il sait, il voit bien. Et il sent aussi, que peut-être il va embrasser le sol mille fois dans ce rodéo de la mort. Pourtant sa patte toute sale attrape celle de la Louve, il s'installe sur l'équidé.

Et déjà l'enfer commence.

Dusty ne dit rien, sa voix est coincée. Il a l'air figé, mais pas bien longtemps. Le ressort sur sabots s'active, ils vont il sait pas où et la démarche d'abord tranquille de l'animal se fait saccadée, sauvage et incontrôlée. Louve tient parfaitement, c'est déconcertant parce que Dusty il tangue par tous les bords. Il menace de plonger, éjecté par la force herculéenne qu'il ne connait pas. Ses paumes se mettent à plat sur la robe couleur crème, ses doigts s'enfoncent. Il fait peut-être mal à Outtgueté, c'est pour ça qu'il hennit.

Chiendent s'accroche comme une teigne, y a pas la moindre douceur. C'est violent, ça saute et ça dégringole. Il finit éjecté à terre au bout des premières minutes, le dos qui éclate contre le pied d'un tronc.

C'est pas grave !
C'est pas grave, qu'on lit sur sa figure déformée.

Comme un fidèle, il revient près de Louve, Louve qui voit tout depuis son socle personnifié.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptySam 16 Juin 2018 - 13:36

La Louve avait l'habitude. Elle sentait le petit corps derrière elle, tendu, peinant à s'adapter aux mouvements sauvages d'Outtgueté. Pourtant il se débrouillait bien. Pour un débutant.
Chaque chute entrainait une remontée, et chaque fois elle tendait la main pour aider le Poussièreux à remonter sur le dos de la jument. Sa manière à elle e l'encourager. C'est qu'il s'accrochait l'enfant, comme les insectes qu'il avait sur lui, fidèle et impossible à déloger.
Il lui plaisait.

Ils continuèrent, visitant le paysage changé mais encore préservé du Givre. Elle voulait se rendre à la limite de leurs terres, ne pas se risquer – ni risquer la vie du papoose – dans ce territoire devenu mortel. L'endroit qu'elle visait se trouvait entre à la limite du chateau des Singes et de l'Ossuaire.

Le voyage sembla interminable, probablement à cause de la Poussière qui en avalait si souvent. Malgré tout elle avait l'impression qu'il s'habituait doucement, se renforçait, commençait à comprendre la manière dont le corps parlait avec la jument. La danse intime de la chair et de l'esprit.

Elle mit finalement pied à terre, aidant la Poussière à en faire de même avant de s'écarter, et de sortir de sa besace des morceaux de peau et de petits os. Louve se mit à la quête de bois et monta un micro tipi, visant à protéger du vent. Elle ne parlait pas, observait à peine le papoose, ne lui donnant ni ordre, ni indication. Lorsque son installation fut terminée elle se plaça en position du lotus, fixant l'enfant pour qu'il se place à ses côtés et en fasse de même.
« Laisse la chair avoir froid, devenir dure et souffrir. Laisse ton esprit patienter et s'ouvrir à l'ennui. Tu es un petit être bougeant, plein de foudre et de colère. L'esprit doit reposer pour faire parler les poings. »
Une nouvelle attente. Elle jouait avec ses nerfs.


Dernière édition par Louve Féroce le Dim 17 Juin 2018 - 21:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyDim 17 Juin 2018 - 17:50

Dusty a rencontré le sol huit fois
heurté la crête des silex par deux fois
frôlé le tapis mordant du froid autant de fois
flirté avec les sabots de la jument une fois.

Sa face est lamentée d'écorchures, de bleus, de rouge (violet) et de sel au coin des yeux (mais elle l'avait dit). Son corps de gamin-guerrier clignote partout de l'intérieur, c'est l'urgence, ça brûle par endroit. Même qu'il sent plus s'il a réellement mal ou s'il a trop mal pour le savoir. Il portait déjà peu en peau le garçon, maintenant c'est pire. Des lambeaux de tissus ont disparu dans l'air, accrochés aux branchages ou sous le poids d'Outtgueté.

Mais il regagne tout dans les yeux de la Louve. C'est comme ça, elle lui puise force et chaleur mais lui redonne en échange volonté et courage. On ne sait pas décrire ça, c'est trop inhérent.

Pourtant il progresse, on le sent un peu. De plus en plus il sait rester en équilibre, sans vaciller. On sait pas combien de temps ça dure non plus, ça parait éternel, ou peut-être cinq minutes seulement. Le fait est que la Guerrière pose pied plus loin, déballant sa besace pour fabriquer un abri de fortune, sous un Dusty qui ne fait rien. Qui l'observe faire, se dandinant d'un pied à l'autre sans savoir s'il doit faire quelque chose. Et pour ne pas mourir de froid, aussi.
Car l'immobilité serait fatale.


Laisse la chair avoir froid, devenir dur et souffrir.


Mais elle le prend complètement à revers. Installée à même le sol, elle enjoint le Chiendent à l'inertie après toutes les cabrioles de l'équidé. C'est sûr, ça étouffe sa poitrine qui ne comprend pas la transition brutale. Pourquoi passer de violence à indolence ? Ils vont en mourir.

... Et malgré tout, Dusty s'est assis. Il n'a rien dit. Pour rejoindre la position en tailleur il a plié des genoux, faisant craquer quelques os, rejoignant l'attitude inerte de son aînée. Il comprend pas l'intérêt d'un tel exercice Chiendent, c'est certain : Aucun entrainement ne lui a jamais enseigné l'acceptation du Rien.

Pendant longtemps, il ne bouge plus. On pourrait même croire qu'il ne vit plus.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyDim 17 Juin 2018 - 21:34

Il faisait froid mais Louve avait des vêtements chauds qui coupaient le vent et l'humidité, des vêtements faits par ceux de sa tribu et donnés, en échange de la protection.
Lutte contre le froid, lutte contre les ennemis, un équilibre crucial, un cadeau essentiel que la Louve savait apprécier.
Tout comme les efforts du petit volcan silencieux, du nuage de poussière qui apprenait à se coller au sol durant la pluie, pour mieux s'envoler aux beaux jours.

Elle était touchée la guerrière, de nouveau atteinte dans son esprit de mère, ce petit endroit au fond d'elle qui souffrait en permanence, en manque, priant pour qu'on le remplisse.
En vain.
Louve était faible, et consciente de sa fragilité. Et c'était pour cette raison précise qu'elle se montrait toujours plus dure, refusant de se laisser aller à la tendresse.
A la faiblesse.
Mort terrible plus froide que la glace.

Tandis que le petit homme s'appliquait, faisant silence à ses côtés, elle récupéra à nouveau son paquetage et tira du baume de guérisseur, de la graisse d'ours et des bandes de peau. En silence, avec grâce, avec délicatesse, elle prit le jeune bras aux muscles nouveaux, et observa les plaies et les bosses. Il était sale l'enfant, presque repoussant, mais ça ne la dérangeait pas.
Une guerrière n'avait peur de rien, pas même de la saleté. La noirceur de la peau n'était rien, tant qu'elle ne s'accompagnait pas de la noirceur du cœur.

Avec des gestes brusques, des gestes faits pour tuer plus que pour soigner, elle essaya de panser les blessures, léchures râpeuses mais maternelles. Son travail était grossier, sans élégance mais tout en praticité.
Elle termina avec un geste plus doux, à nouveau une main dans cette chevelure habitée et crasseuse.
Rapide.
Des yeux que l'on ferme et que l'on ouvre.

Dans la paume de sa main elle mit un peu de graisse qu'elle frotta, avant de prendre les mains de l'enfant pour les réchauffer.
« Les mains sont précieuses papoose, on va devoir te trouver de quoi couvrir les mains et les pieds. Sans ça tu ne peux pas déchirer la peau de ton ennemi, ni lui trouer les os. »
Elle frotta, encore et encore jusqu'à être satisfaite, puis se leva à nouveau, les sens aux aguets, écoutant le vent froid, les arbres lourds et sombres, les pas d'animaux sur le duvet neigeux.
Ils ne seraient pas surpris ici.
Peu de dangers, mais pas inexistants.

« C'est l'heure de la traque. Tu vas courir, Louve va te trouver. Échappe le plus longtemps possible, fais silence, sois malice et trouve le moyen de voler ça. »
Elle lui montra le petit pot fermé contenant la graisse, qu'elle attacha à un lien en cuir puis à sa ceinture, juste à côté des verges.
« Ne sois pas attrapé, mais attrape. »
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyJeu 21 Juin 2018 - 22:10

Le Chiendent sentait son cardiaque pulser au rythme de ses battements de cils.

Chaque œillade lancée à la Louve façonnait en lui quelque chose. Quelque chose de solide et tranchant, fort et glaçant. Un peu comme le roc.

Apprends-moi.

Est ce qu'on lit au bord de ses lèvres qui tremblent mais ne parlent pas.

Il est si mort de froid. Ses cuisses se confondent au tapis de neige qui s'accumule tout autour et en-dessous.
Comme Elle l'a ordonné, Enfant-Guerrier a cessé de bouger. Mais peut-être est-ce simplement parce qu'il n'est plus en mesure de respirer.

Alors qu'Elle s'attelle à habiller les vilaines ecchymoses, aidée d'un baume, l'eau du rhume déguise le nez rougi du Chasseur. Il ne bouge toujours pas.

Les mains sont précieuses.

Non il ne bouge toujours pas... Cependant sa bouche remue.

- Oui.

Mais sans doute n'a-t-Elle rien entendu.

.
.
.

Attrape.

Chaque mot est une leçon ; chaque regard est une violence sinon une tendresse.

Les bras boursouflés, l'allure alourdie par le temps blanc qui pèse et appuie sur les épaules, Dusty s'est mu de silence. Son seul signe de vie est la vapeur qui fuite d'entre ses crocs, Chiendent piétiné sous la poudreuse.

Sitôt le signal donné, Enfant-Guerrier disparaît.

Le teint pâle, sa chevelure ivoire, la sûreté de son enjambée : il se camoufle dans cette peinture immaculée. Motivé par on ne sait quoi de fou, de fort, de furieux, le garçon file entre le rideau de sylve gelé, appelé par un sifflement imaginaire. Son Battant qui cogne à tout rompre entre ses côtes, il devient Proie, se fait petitesse dans toute cette grandeur.

Sans jamais perdre de vue son objectif, la Poussière court rejoindre le Bien-Plus-Loin, veillant au flair du Grand Méchant Loup qui suivra la traînée de ses empreintes traîtresses.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyDim 24 Juin 2018 - 19:45

Le chiot est parti, des pas légers sur le manteau de la terre.
La Louve lui laisse le temps, l'avance. Elle ne peut pas compter le moment qui passe – personne ne le peut – alors elle attend juste, jusqu'à ce qu'elle sente que c'est le bon moment.
Le moment de la traque.

La guerrière n'est pas chasseuse, elle n'a pas forcément les bons réflexes et le bon nez.
La guerrière n'est pas éclaireuse, elle est lame aiguisée et baiser de mort, squaw du corps à corps et non des lâches poursuites.
C'est le rôle d'autres, et elle ne prend jamais ce que ses frères doivent faire.
Chacun à sa place.

Pourtant les bases sont là, celles de tous, apprentissage auprès des pairs. Elle a le regard précis, le pas léger et discret , la posture basse pour mieux avancer parmi les branches. Les traces sont là, difficiles à cacher. Elle connaît les pièges des bons fuyards mais se refuse à y penser.
Ils ne jouent pas vraiment à cherche et trouve.
Ils jouent à l'attaque, à l'assaut.
Le chiot de poussière a quelque chose à prendre pour réussir, s'il ne fait que se cacher, alors il n'est pas un fort. Il n'est pas un brave.
Il n'a pas entendu la demande sous les mots de la Louve.  

Elle se poste là où se battre est plus difficile : beaucoup de branches, beaucoup d'obstacles au sol.
Elle s'accroupit, prête à détendre ses longues jambes, les mains en position pour frapper.
Pour tuer.
Car elle n'aura aucune pitié, elle se bat pour de vrai, pour défendre ce qui est sien et que les jeunes crocs ne pourront pas saisir.
Parce qu'elle s'y opposera.

Louve attend, son souffle calme et son cœur battant, unisson avec la nature qui l'entoure.
Ses oreilles écoutent.
Son nez sent.
Ses yeux voient plus loin.
Elle est Immobilité, femelle maîtresse des forêts qui attend, prête.
Qui teste pour savoir si, oui ou non, elle transformera ce chiot en louveteau.


Dernière édition par Louve Féroce le Mar 3 Juil 2018 - 10:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyMer 27 Juin 2018 - 19:49

A hunter from the darkest wild
makes you feel just like a child.


Un chiot qui court et qui se cache, amasse le tapis blanc juste sous ses pattes. Il creuse, il creuse, il glisse parfois, manque de trébucher face à des obstacles naissants du Givre. Dusty pendant son enjambée, réfléchit. Que fait l'animal en danger ?

Près des hanches somnolent les tranchants.

Son souffle tremble, trop fort. Il faut qu'il se taise, qu'il se meut quelque part dans le tableau. Une ombre, un détail dans le coin, la couleur invisible, quelque chose d'impossible à voir.

Ce quelque chose il faut que ça soit lui.

Une crête de frondaison maquille son un mètre soixante-douze trop facile à identifier. De son nez tout coule le rhume, c'est rouge, c'est gênant, d'un coup de gant il rafle. Ses cheveux lui grattent aussi, le Froid n'a pas tué toute la vie là-haut.

Garçon-chiendent se fait silence. Ses yeux amarantes targuent la canopée puis l'horizon qu'il fuyait. C'est joli et brillant. Mais une onde meurtrière émane de chaque craquement.


C'est la Louve
La Louve
Elle m'effraye
Elle est là
Quelque part
Après moi


Pendant longtemps, il ne se passe rien. Les pulsations de son Battant sont devenus lentes, tout est plus lent. Parce qu'il La voit. Elle est presque invisible, le corps enchâssé dans la nature. Son cœur à lui s'arrête tout à coup, ça lui provoque une vague immense  de froid puis de chaleur. En lui, c'est vibrant d'une faune déchaînée qui appelle ses origines. Qui appelle --


LOUVE


Jeu de jambes habile et tranquille, il bouscule une poudreuse qui forme le sillon de son passage, tournant autour de la Proie, de la Chasseresse et de son enseignante tout à la fois.

Si bien qu'à la première occasion,
Enfant-loup se hisse hors du manteau blanc, la lame sifflant le vide.


!!!!!!!!!!!!!!!


Dusty a eu le temps d'affûter ses griffes.
De solidifier la tranche de ses crocs.
D'être prêt à bondir.

Mais il n'a pas eu le temps de grandir.

Ce n'est pas assez, il a l'air de danser dans les pattes de sa Mère, le chiot.
De vouloir mordiller, pas de trancher.

Il se dépêche.
Il assène un coup de couteau qui fend l'air. Peut-être un crin de cheveux.

Un saut le propulse vers la Guerrière ; ses pattes de voleur s'ouvrent pour attraper la récompense près des flancs indiens. Il est rapide, tout se soulève autour de lui. Il n'a pas le temps de prévoir une réaction de la Louve, sa poigne se referme déjà sur quelque chose. Quelque chose de sec.

Le baume ? Sûrement pas.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyMar 3 Juil 2018 - 12:45

La poudre blanche l'entoure, accompagne les mouvements du chiot qui passe à l'attaque. La poussière s'est transformée en neige et brille autour d'eux, flotte, lui cachant la vue.
Tant pis, elle n'en a pas besoin.
Elle sent, elle renifle, hume l'air.
Le derme picote.
Elle l'a dans la peau.
Ses poils se hérissent.
Sang, mort, combat.

Elle sent la lame et sort ses griffes, le cœur battant à tout rompre, emplit d'une fierté qui déborde.
Ce n'est plus un chiot, c'est un jeune loup, elle le sait, elle le reconnaît.
Le louveteau bat en même temps que la louve.
Une impression de retrouvaille et elle s'emballe.
On apprend la mort.

La danse est terrible de beauté, parce qu'elle est dangereuse et que les deux adversaires sont plus que sérieux. La lutte est vraie, la lutte crie son droit et hurle dans le froid.
Les lames d'os et de fer sifflent contre le vent. Morsure contre ses cheveux.
Fierté.
Coups forts et sans peur.
Fierté.
Une main attrape ce qui pend.
Fierté.

Elle s'éloigne aussitôt que les doigts se referment et attrapent, se place à distance, le souffle déjà court, le ventre tordu de douleur et le front couvert de sueur.
La Louve n'est pas endurante, la Louve est blessée.
A l'intérieur.
Mais la Louve est droite et son regard dure brille d'une lueur nouvelle, une lueur que la Poussière seule a su réveiller.

Un temps de pause et elle remarque ce qu'il a dans la main.
Pas de colère.
Bonheur.
Elle sent les joues se plisser, sa peau tirer et ses dents sortir, se montrer, blanches et éclatantes de vie, des crocs qui déchirent, et que dénude le sourire.
Puis elle rit.
Oui elle rit.
Le son roule et enfle, de plus en plus puissant, charriant avec lui toute la force, toute l'essence, tous ces bruits des tambours de guerre et des armes qui s'entrechoquent, toute la clameur des guerriers à l'esprit intransigeant.
L'action est terminée, elle a pris sa décision et l'annonce, tout en lançant au louveteau le petit contenant de graisse ; invitant au passage à lui rendre son bien, resté aux mains encore innocentes du plus jeune.
« A partir de maintenant, tu es le disciple de la Louve. Ne la déçois pas. »
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyDim 8 Juil 2018 - 11:22

Elle rit fort et ça fait perdre un peu l'équilibre de Dusty pendant un court instant.


Disciple de la Louve.


Sa poitrine se gonfle d'une fierté immense et neuve, peut-être jamais connue auparavant. C'est brûlant et vif comme l'amour. Dusty ça a jamais été l'orgueil, la satisfaction de gagner... Non rien de tout ça. Il a toujours été simple et le coffre fermé de ses sentiments. Fierté est le propre des plus grands.


(Et si, et si...)


Entre ses pattes il y a autre chose que le baume. C'est bizarre quand même, Dusty renifle mais ça lui arrache un plissement du nez. Louve veut récupérer son bien alors Chiendent lui rend, c'est tout. Et tout ce que Louve voudra... Il est possible que Chiendent veuille le lui donner. C'est comme ça.
Peut-être même est-il en train de se faire plus fidèle envers sa matriarche qu'envers toute autre personne.

Sa fierté ne désemplit pas. Au contraire elle gagne en puissance, chaque regard de la Guerrière est pour lui une étincelle qui nourrit son brasier naissant. Celui qui fait qu'il tremble moins, qui fait perdre au Givre de son mordant.

En silence toujours il y a échange de possessions, il reçoit la graisse à appliquer, et c'est à cet instant qu'on peut voir l'expression de Dusty couler en quelque chose qu'il ne comprend pas. C'est pour cette raison, il souffle.

- Pourquoi ? J'ai raté.

Non il a pas bien attrapé ce qu'il fallait, il sait et c'est pour ça que la fierté n'est pas totale. Pourtant il plante ses yeux d'amarante droit dans ceux de Louve, brandissant la pointe de son couteau vers elle. Mais ce n'est pas un affront.

- Tu as vu. C'est pas fini.

Il a le museau tout rouge Dusty, son feu brûle mais c'est encore trop peu. On l'entend renifler, se gratter le cuir chevelu parce que ça démange toujours et qu'il est resté sale depuis qu'on a tenté de le nettoyer au Bassin Pur. Le Froid ne tue pas tout.
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MessageSujet: Re: Lève-toi et mords   Lève-toi et mords EmptyMer 18 Juil 2018 - 15:44

Son précieux trophée en main, la louve prend le temps de l'amener rejoindre les autres. Elle est fatiguée – déjà – et se trouve surprise des mots du petit Chiendent.
Il veut se battre, il n'a pas fini.
Et il a raison.

La guerrière pourrait avouer sa faiblesse, avouer qu'après à peine quelques minutes, elle est déjà tremblante et faible comme un nouveau né ; mais comment la regarderait cette jeune graine puissante ?
Elle deviendrait proie, pas chasseur, et elle ne peut pas se le permettre alors elle prend des forces, puise en elle pour devenir ce qu'elle doit être.
Il n'y avait plus d'enjeu : on se battait pour se battre, pour montrer sa force, pour renforcer cette étrange reconnaissance réciproque.
Louve n'aurait jamais penser trouver un papooze digne chez les visages pâles.
Louve se dit que, parfois, les Esprits ouvrent des chemins étranges, qu'elle doit prendre.

La crinière en arrière, gorge ouverte et déployée.
Le cri. 
Le hurlement.
De la force, elle prend et sent la force. Du courage. Tout l'énergie de sa meute qui vient à elle, coule dans ses veines et fait bouillir son sang.
Tu es une.
Guerrière.
Tu es une.
Bête.
Et tu attaques.

D'un bond, la canine se jette sur le louveteau. Son couteau est bien en main et il déchire le vent, cherche à mordre ce qui passe à portée de lame.
Le regard lupin fixe l'espace et l'utilise, les jambes prennent appui sur le roc, le corps pousse vers les branches, offre le piège.
Elle est tourbillon de coups et pluie de rage.
Elle n'est pas douce mère qui apprend par les mots, mais cruelle maîtresse qui enseigne par les coups.
Elle danse et chante de la voie du corps mais sent son énergie qui toujours décroît, immanquablement. Même si les chevilles sont souples, même si le poignet est vif, même si les cuisses sont puissantes et les hanches rapides, les coups – eux – sont trop faibles.
Pourtant ils jouent pour tuer, frappent sans répit jusqu'à ce qu'elle doive s'écarter et reprendre son souffle.
La sueur ruisselle entre ses yeux terribles, et coule dans son dos, collant la chaude tunique.
Lorsqu'on s'agite le froid ne mord plus.
Tout recule face aux flammes mordantes des hommes au combat.

HRP:
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