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Apache
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MessageSujet: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyJeu 22 Déc 2016 - 21:26

Les cachots.
Sombres et humides.
Les cachots.
Silencieux et angoissant.
Prison de fer et de pierre, bardée de barreaux et de portes peu accueillantes.
Les cachots.
Lugubres et liberticides par leur essence même.

Le bruit des pas qui heurtaient le sol froid ricochait sur les parois de l'endroit, attestant de son vide. Les cellules sonnaient creuses.
Du coin de l’œil, Apache avait pu repérer quelques occupants, mais ils n'étaient pas très nombreux ces derniers temps.
Lui même était un habitué des lieux, mais ce jour la, pour changer, il n'était que visiteur, ou presque.

Sa guitare rouge et blanche sanglée l'accompagnait dans son expédition souterraine, pendant à son coté, assurée par la prise du punk pour éviter qu'elle ne bringuebale trop.
Anna, qu'elle s'appelait, avec ses jolies formes arrondies, ses couleurs pétantes, son manche bien raide et sombre et ses cordes de ferraille tendues à souhait.

Mais pourquoi l'iroquois se baladait-il ici, tranquillou, l'air de rien ? Qu'est ce qui l'amenait donc à trainer ses nouvelles pompes, de superbes (ou affreuses, selon les points de vu) caterpillars zébrées, dans le couloir de la mort de la liberté ?
Cette endroit, c'était un petit peu comme la deuxième maison d'Apache, c'était vrai. Il y passait un temps fou, même s'il était impossible de le décompter correctement.
Il était facile d’imaginer qu'il y avait passé plus du tiers de toute son aventure NeverLandienne, au moins ! Si ce n'était plus.
C'était qu'il en faisait, des conneries, l'Hérissé, et qu'avec ça il était un peu con, puisqu'il se faisait bien souvent attraper !

Mais cette routine des cages n'était pas la cause de cette visite impromptue.
Pas du tout même.

Au bout de longues minutes, le chasseur finit par s’arrêter devant une cellule inoccupée, poussant la porte qui grinça d'une manière presque artistique avant d'y entrer, levant la tête, avisant le plafond suintant, les murs en roches épaisses et le sol crasseux.

Home sweet home.


Le punk renifla d'un air dédaigneux.

Il était en avance ?
Sa camarade n'était pas encore la, il allait devoir l'attendre.

Pour patienter, Apache s'installa sur le lit formé d'une bête planche de bois fixée au mur, plaçant sa guitare sur ses genoux et grattant quelques cordes, faisant sonner l'instrument pour mieux le ré accorder lorsque c'était nécessaire.

Mais soudain, une lumière puissante pénétra dans la cellule, illuminant brutalement les lieux, forçant le punk à plisser les yeux et les protéger de sa main.

"Putain..." Grogna t-il alors que l'éclat se faisait un peu moins puissant, la petite boule d’énergie se déplaçant à toute vitesse autour de lui, décrivant des cercles et faisant des pirouettes, de toute évidence à la recherche de son attention. "Volt, doucement !" Le ton s'était fait plus doux alors qu'un sourire se dessinait sur ses lèvres.
Elle était chiante, sa fée électrique. Très chiante même. Mais elle avait aussi ses bons cotés, et ceux ci allaient bientôt pouvoir se faire remarquer !
Du moins, Apache l’espérait.
C'était que jusqu'ici, il n'avait jamais testé ce qu'il allait tester.

La petite pièce ainsi éclairée, il était désormais possible de remarquer ce qui semblait être une boite de ferraille rouillée assortie de câbles bizarres.

"Ca va défourailler, hein ?"
Le français ricana, grimaçant alors que l'Alcaline s'approchait de son visage, lui prodiguant une petite décharge sur le nez, bisou féléctrique.






"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir."
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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyVen 6 Jan 2017 - 13:32

Blaaaaaablaaaaaaaablaah.
Par quoi commence cette histoire ?
Facile, par un sublime accord do#, ré, sol, sol#, do. Dans ta face.
Trouble sautait dans des flaques de boue à pieds joints, éclaboussant au passage quiconque passait près d'elle. Elle n'avait rien d'autre à foutre, et emmerder son monde lui paraissait une activité tout à fait à sa portée.
En fait, elle était presque sûre qu'elle avait bel et bien eu quelque chose à faire, mais, manque de bol, ça lui avait échappé.

Aussi, elle tuait le temps.
Elle le massacrait, même.
Flemme de réfléchir convenablement pour se rappeler. Si un connard d'adulte avait été là il lui aurait dit que c'était que c'était pas important. Mais il n'y avait pas de mal-grandis dans le coin, évidemment. On les aurait déjà saignés depuis longtemps.
Ensuite, bah, rien n'était important.
Rien, vraiment ?

Il lui semblait bien. Son activité venait de changer, et elle cherchait à présent quelqu'un à tabasser. Gratuitement. Jusqu'à ce que son pied se prenne dans les barreaux d'un soupirail et qu'elle se viande dans la boue. Cette bonne douche crade lui permit de revenir à elle et à l'essentiel : le cachot. Non pas qu'elle ait envie d'y aller particulièrement, hein, fallait pas déconner, son dernier séjour d'agrément datait à peine de la veille et même si l'obscurité ne la gênait pas, on s'y faisait chier comme si on avait la diarrhée.

Bon appétit.

Bref, voilà que Trouble courait soudain jusqu'à l'escalier humide et poisseux menant aux cachots, la joie dans l'âme. Merveille de merveille.

T'nin, t'nin, t'niiinnn.. fit-elle en descendant les marches quatre à quatre sur un ton lugubre, sur le ton de la descente aux enfers.

Apocalypse.
Au moins ça.
Elle ne se pressait pourtant pas, la petite sauvage, traînant ses pattes sur la terre battue et suçotant un de ses doigts en sang. Son autre main avait enfilé son poing américain et elle tapait comme une timbrée sur les barreaux de métal de chaque cellule, s'esclaffant parfois. Allons, il y en avait pas une seule d'ouverte ? Bien sûr que si, la voilà.

Ça va défourailler hein ? , demanda une voix bien connue depuis le trou béant d'obscurité. Obscurité ? Pas tout à fait, il y avait bien une loupiote dans le tas. Trouble brailla sans hésiter :

DebouUUUuuUuuuUUt les damnéééés de la teeeEeeeEEEErrreeeuuuh !

Elle entra ensuite et fut tout de suite aveuglée par un Volt surexcité et rigolard qui en profita pour forger d'électricité statique ses cheveux. Elle l'envoya balader d'une petite tape du dos de la main; le geste était amical et amusé -mais si je vous jure- et se rapprocha d'Apache.

On s'enterre, on s'enterre. T'es pressé de crever, Eupatchi !

Ni bonjour ni rien, qu'il se débrouille. Elle rigola un peu et essuya un peu ses chaussures pleines de boue sur le pantalon d'Apache, mais juste un peu pour l'embêter après quoi elle poursuivit :

Prêt à réveiller les morts ?

Étincelles.
Elle enfouit sa main dans un trou du mur et en sortit une paire de baguettes, triomphale et... Souriante.
Ouais, carrément.
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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyLun 9 Jan 2017 - 16:54


"DebouUUUuuUuuuUUt les damnéééés de la teeeEeeeEEEErrreeeuuuh !"

"DebouUuUUUut les forçats de la faiiiimmmmmm" Apache avait enchainé par quelques accords qui sonnaient plus ou moins bien avec ce début d’internationale improvisé alors que Volt, surexcité pour changer s'était presque jeté sur la nouvelle arrivante; la tant attendue TroUUUuUbbbllllle !
Elle envoya valser la petite fée comme chacun le faisait si souvent. C'était qu'elle était utile et mignonne l'Alcaline, mais qu'est ce qu'elle pouvait être chiante des fois ! C'était presque devenu un jeu, de la chasser comme un moustique trop aveuglant.

"On s'enterre, on s'enterre. T'es pressé de crever, Eupatchi !"

Le punk grimaça, et pire encore lorsque sa chère camarade essuya l'air de rien ses godasses sur son pantalon, en guise de bonjour.

"Putain Trouble, j'vais t'tuer !"
Mais ca ne sonnait pas très sérieux vu qu'il se marrait, repoussant sa petite sœur sans grande conviction, un sourire joueur lui découpant le visage.

"Prêt à réveiller les morts ? "

"Ho Ouaiiiiis..." Nouvelle salve de note avant de se relever, se dirigeant vers la fameuse boite de ferraille câblée. "Prêt à réveiller les vivants putréfiés et leurs cervelles avariées !" Il plia les genoux, les faisant méchamment claquer (c'était qu'il faisait froid) alors qu'il s'accroupissait devant la caisse rouillée, y branchant quelques câbles avant de tendre la main vers Volt qui s'empressa de vrombir dans sa direction.
Ca n'avait pas que des désavantages qu'une fée électrique vous ai pris comme cible, la preuve.
Sans qu'elle ne rechigne une seule seconde, sans doute ravie du bordel sonore à venir, la petite créature s’était installé à l’intérieur de la boite, la faisant briller comme une drôle de lampe aux allures industrielles.
Clik clak.
Apache branchait les prises improvisées, toute réalisées à l'arrache a l'aide de fer fondu. Ca promettait d'être sécurisé, tout ce barda, et d'ailleurs, l'iroquois sursauta, secouant la main alors qu'il venait de se prendre un coup de jus, des étincelles s'envolant alors qu'il plantait un dernier câble cette fois à sa guitare.

Il y eut comme un bruit sourd et métallique qui s'échappa de l'ampli improvisé. Ca grondait et ça grognait, l’électricité galopant dans les câbles et dans les airs.
Est ce que ça allait réellement fonctionner ?
Tout portait à croire que oui.
C'était comme un monstre de métal qui ronronnait, prêt a sauter sur sa proie pour la dévorer.

Un coup de médiator coquillage noir sur les cordes bien tendue et sombres d'Anna alors que le punk s'était relevé, prenant sa belle en main, et la confirmation était la, un son brute et tortueux gémissant et se réverbérant sur les parois froides du cachots.

Un sourire dévorant et dément, Apache jeta un œil a Trouble, l’œil brillant.
"Prête l'épouvantable épouvantaaaaaail ?"

Et déjà il s'attaquait de nouveau a sa guitare, y donnant des coups brutaux, la faisant hurler et gémir de métal. Ca sonnait punk, ca sonnait faux, mais ca sonnait libre et surtout fort !

"TCHIKIDATCHIKIDATCHIKIDAAaaaaaaa"
Qu'il se mit a brailler d'une voix aiguë et un peu tarée, sautant sur lui même, entrainé par la musique qui se répercutait à merveille, les frappant de tout les cotés, comme si elle était capable de les assommer à tout moment.

"POOORCHERIIiiIIIIIIe PORCHERIIIiiiiiiiiie"
Et il hurla une nouvelle fois, plus fort encore, a s'en péter la voix "POOOOORCHERIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaah"






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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyMar 17 Jan 2017 - 0:37

Apache connaissait ses classiques, c'était déjà ça. En même temps elle n'attendait rien de moins de lui. Pourtant, elle ne continua pas. Déjà parce qu'elle n'avait jamais compris la troisième phrase du premier couplet de l'internationale, et ensuite parce que... bah, ta gueule! Elle faisait ce qu'elle voulait, merde.

― Putain Trouble, j'vais t'tuer !


Elle souriait elle aussi, un peu plus extatique. Ce n'était pas la première ni la dernière fois qu'ils se menaçaient de mort... Bon, les menaces étaient parfois menées à exécutions, mais rien de vilain. Il n'y avait pas de pertes pour l'instant, c'est que ça allait.
Pour l'instant.

― Bah, vas-y, je t'attends !

Et de lui faire un beau bras d'honneur dans les règles de l'art. Il ne viendrait pas, pas cette fois. Bien sûr, la gamine n'attendait que ça, de la bagarre, mais Apache était un peu moins brute. Enfin, ça dépendait, mais il était là pour jouer de la musique, et rien d'autre. D'ailleurs, il grattait à chaque fois qu'il le pouvait, ce crâneur, et il ne réagissait même pas à ses piques. L'atmosphère malgré la petite fée relou était tout sauf électrique !
Elle pencha la tête sur le côté comme un animal curieux en observant le barda en métal où le punk s'évertuait à planter des fils et où Volt le survolté était venu s'établir.

― Tu vas tous nous faire sauter,
constata-t-elle, macabre et ultra naturelle.

Toujours suspicieuse, elle alla s'installer sur une vieille caisse en bois échouée face à deux autres instruments. Pour l'instant, il n'y avait que ça, un tom basse et une caisse claire artisanales ! Toutefois Trouble était juste à côté d'une grille en métal et comptait bien taper dessus au passage, puisque de toute façon l'Hérissé était anti système même musicalement parlant.

DzzzzzzzzzzzeeeEEeEEeng ! fit la guitare ! Trouble sursauta et eut un ricanement de ferraille.

― Prends pas la grosse tête hein mais t'es un putain d'génie. Bordel de merde ça déchire !!

Oulàlà, l'Épouvantable Épouvantail faisait des compliments ! C'est tout juste si on y croyait ! Elle émit un bruit de bouche absolument affreux en serrant les dents, un truc pas descriptible pour deux sous, à la place de répondre au punk. Elle se mit ensuite à taper une pulsation beaucoup trop rapide au pied, tapa ses baguettes l'une contre l'autre pour la forme, plusieurs fois, comme pour donner le rythme ! Sauf qu'on s'en cognait n'est ce pas !
Bien sûr qu'on s'en cognait !

Alors Apache se mit à sauter comme un diable et à brailler encore plus fort que ça.
Une chanson qu'elle elle ne connaissait pas !
Pourtant, tapant un rythme totalement improbable à la batterie, elle se mit à imiter le porc avec un tas de bruits répugnants et très évocateurs, pour aller avec l'unique mot que hurlait Apache jusque là !

― AAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!!!!
cria-t-elle avec lui, le hurlement s'évanouissant dans un grésillement éraillé très punk.

Trouble partit dans un genre de solo de batterie (improvisé) qui dura quelques dizaines de secondes puis cessa ce vacarme pour juste faire cliqueter ses baguettes contre les barreaux, cette fois avec une vague idée de pulsation.
Alors, il venait ce solo de guitare ??
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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyJeu 26 Jan 2017 - 16:06

Le son de la guitare se répercutait dans tout les sens, croisant et percutant ceux du tiers de batterie de l’Épouvantail ! Ça vibrait, ça crissait, c'était laid, c'était déraillé, c'était bon et ça défoulait !
Odeur et bruit de métal.
Et Apache hurlait !
Et Trouble braillait !
A l'unissons les camarades !
Ensemble les rebelles !
Main dans la main, frère et sœur dissidents puisque pas de sang, à défaut de le faire couler.
C'était beau.
Une vraie chanson à eux tout seul.
Ca avait presque quelque chose de poétique; ces deux la dans une cellule bardée de barreaux, criant jusqu'à ce que leurs voix brisées parcourent les couloirs gris et humides.

L'armurière s'amusa dans un genre de solo de batterie alors qu'Apache se calmait vaguement, un sourire lui tranchant le visage et lui donnant des airs un peu fou.

Et puis, une rythmique s'installa.
Le genre simple.
Le genre pulsation.
Alors le punk fit presque de même, grattant sa guitare en mode répétition une petite vingtaine de fois, comme ça, sur une note basse et un peu grondante, reprenant un ton au dessus sur la même ligne juste après, sans bouger la rythmique, donnant des airs presque monotone au morceau qui se préparait.

"Cellules froiiides, la nuit noiiiire, dans mes yeux, cetteuh banlieue. Idées griseuh... qui arrivent ! Me dévorent ! Carnivoore !"
Une voix enraillée, monocorde. Comme s'il lisait un texte inscrit quelque part dans sa tête.
En français, bien sur.
Et soudain, une envolée de notes à la guitare qui partit dans les aiguës avant de redescendre dans une mélodie tortueuse.

"J'en ai peuuuuur!  J'EN AI PEUUUUR !!!'


Drôle de refrain scandé, avant de reprendre;

"Les humains, qui ont faim, de mon sang, de mon temps ! Ils me guetteuh, ils me jetteuh. Dans le gouffre. ILS ME BOUFFENT !!!"
Et ses doigts glissaient de nouveau sur les cordes, faisant gémir la guitare sur cet air un peu bizarre, un peu désagréable.

"J'en ai peur ! J'EN AI PEUR !!"


Avant de revenir à cette succession de notes qui marquaient le temps, ni rapide, ni lente. Dissonantes.

"Ces objets, qui sont fait, pour me pendre, qui se tendent, quand j'arriveuh, quand je viens... Ils ont faim !"

Apache chantait. Plus ou moins. Ni faux ni bien. Mais surtout, il s'était fait plus calme. Concentré sur ce qu'il disait, sur ce qu'il jouait, sur ce qui lui revenait. Ca faisait mal un peu. Et pas qu'à cause des cordes qui chauffaient du fait de l’électricité mal contenu.
Non.
Ça faisait mal en dedans. Ça serrait la gorge. Et y avait un truc qui sortait.

"J'en ai peur !! J'EN AI PEUR !!!"

Un truc à exprimer.

"Tout ce monde, qui me sonde, m'écartèle, me ficèle, m'atrophie, me réduit .. J'en ai peuuuur.. J'eeen ai PEEEEUuuuUUuUUUAAAAaaar"
Comme s'il en vomissait sur la fin, levant la tête vers le haut, grimaçant.

"J'EN AI PEUR ! J'EN AI PEUR !!!"
Et il se mit à sauter sur place, comme s'il reprenait vie. "J'EN AI PEUUUUUUUR !!!! J'AI PAS PEUUUR" Et ça partait dans tout les sens. "PEUR peur PEUUUUR Peur !!" Il répétait, comme un fou, hurlant de plus en plus fort. "PEUR !!!!! HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaa !!!"

Une gerbe électrique, forçant Apache à lâcher sa guitare, le son se coupant brutalement, le bout des doigts noircis.






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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyLun 10 Juil 2017 - 0:39

Il menait la cadence. Au début, Trouble n'avait pas réellement fait attention à son camarade, se contentant de vivre le truc à fond. Les paupières presque fermées, le visage tourné vers le sol, la tête dodelinant un peu frénétiquement. Elle se concentrait sur la musique, le rythme, l'odeur humide et poisseuse des cachots, le goût de fer qu'elle avait dans la bouche. Aux premiers "j'ai peur" braillés par Apache, elle ne voyait ça que comme une énième chanson qu'elle ne connaissait pas, et n'aurait pas pu connaître.
Pour Trouble, l'important dans la musique n'étaient pas les paroles. C'était le truc, la tambouille de sons, de sensations et d'émotions, cette espèce de salade d'énergie brute et galvanisante qu'on vous enfonçait dans la tête. Qu'Apache gueule sa trouille, peu lui importait, elle ne sentait que les "rrrrr", les hurlements, la colère qui vibrait dans sa boîte crânienne, dans sa chair, dans ses os, dans ses nerfs, qui l'envahissait toute entière.

Aussi le sentit-elle, quand tout ce barda gorgé de morceaux d'âme du punk parisien se mua sensiblement en quelque chose qui allait plus loin que la rage. De la détresse, sourde et lente, comme s'il vomissait carrément plus ses tripes qu'avant. Comme si le rebelle qu'il était ne hurlait plus pour du vent, mais pour son coeur. Et tout ça était tellement vrai et la chopait tellement à la gorge qu'elle releva d'un coup les yeux vers lui, mue par une drôle de curiosité presque malsaine, comme si elle avait voulu apercevoir pour de bon la rouille qui entachait le moral de son iroquois préféré attitré, la toucher du regard, la sentir.

C'était là.
Même s'il gueulait par-dessus lui-même, par-dessus sa propre chanson qu'il n'avait pas peur.
Même s'il braillait comme un possédé, comme un condamné à mort.
Même s'il portait tellement fièrement ses putain de vestes à clous et ses putain de crêtes barbouillées de rouge.

Et soudain, il y eut un éclair plus fort que les autres. La guitare cessa de raisonner aussi bien dans la cellule réinvestie. Trouble avait déjà cessé de taper sur les barreaux depuis quelques instants, et le silence les engloba voracement. Carnivore.
L'obscurité aussi, alors que pourtant Volt brillait encore, cette foutue loupiote vivante.

T'as peur, Apache ?

Elle n'avait même pas songé à déformer son nom, ce qu'elle faisait pourtant d'ordinaire immanquablement. Sa voix était sortie des tréfonds de sa gorge, toute brisée et toute sèche. Pas si grave, non, en dépit de tout : Trouble n'était après tout qu'une gamine de douze ans, même pas pubère ni rien du tout. Une putain de môme qui comprenait pas grand-chose, et qui avait pas plus de tact qu'un porc-épic endormi sur lequel vous marchez : il vous pique les pieds, qu'il soit gentil ou non. Pas le choix.
Sa question avait fusé spontanément, maladroite au possible. Depuis quand demandait-elle aux gens les raisons de leurs troubles ? N'était-ce pas elle qui causait les troubles, d'ordinaire ? N'était-ce même pas là justement ce qui lui avait donné son nom ?
Le mutisme forcené qui s'était imposé entre eux était parsemé de bribes de conversation lointaines. Provenaient-elles d'un cachot occupé par un puni, ou du soupirail qui donnait vers l'extérieur ? Ce genre de détail était occulté par l'épouvantail.

Elle ne sentait que sa propre respiration. Les émotions d'Apache, si fortes auparavant qu'elles l'avaient quasiment foudroyées, s'étaient évanouies en même temps que la musique.

J'te l'avais dit que t'allais tout faire sauter, espèce de crétin.

Et même pas un rire sarcastique dans sa voix.
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Apache
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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptySam 23 Sep 2017 - 5:20

Le silence assourdissant, plus bruyant semblait-il que la musique déraillée qui avait résonné sur les parois glaciales du cachot, l'instant d'avant.
Atmosphère lourde, brisée en un rien de temps par une voix familière qui ramenait à la réalité, ou du moins à celle de NeverLand.

"T'as peur, Apache ?"


Tout en tournant la tête vers sa petite sœur, tout les muscles de l'iroquois s'étaient détendu, ses bras lâchant sa guitare, la laissant pendre à son cou, poids mort qui pesait sur la sangle comme un cadavre qu'on avait fait taire.
Peur...

C'était bien ce qu'il disait. Ce qu'il chantait. Ce qu'il avait hurlé, oui.

"Bien sur que j'ai peur."
Comme une confession inattendue, alors que la lumière de Volt se reflétait dans ses yeux noirs, faisant de même avec Trouble, presque unique source de lumière de l'endroit, lui conférant une ambiance étrange de torpeur, à la limite de l'angoissant, du morbide, et pourtant rassurante à la fois. Les ténèbres avaient parfois cette capacité à envelopper les corps, les âmes et les sensations dans un drôle de cocon.

"J'ai peur de ce qu'ils veulent nous faire faire. J'ai peur de comment ils veulent nous tuer de l’intérieur. Tuer les corps, c'est rien. Mourir c'est rien."
Ils ? Les autres. La hiérarchie. Les chefs. Le système en place. "J'ai peur, alors je me révolte." Ca paraissait logique, et pourtant, c'était bien la peur qu'il combattait au jour le jour, qu'il provoquait chaque instants. Mais à elle, à Trouble, il pouvait bien lui dire tout ça. "Les autres, ils ont peur de se révolter. Ils ont moins peur du maintenant que de l'après. Ils ont moins peur de l'immobilisme que de bouger... Tu vois." Une pause alors que ses mains tatouées se reposaient sur la guitare, ne la reprenant toujours pas, préférant la laisser pendre comme ça. "Moi j'peux pas. Nous, on peut pas." Un haussement d'épaules. "Je préfère être mort tout court que mort dans ma tête. Les autres c'est l'inverse."

Quand au fait de faire tout sauter ? Un sourire, et même un léger rire qui cassait le silence.

"Tout faire sauter, c'est mon désir le plus sincère, camarade."







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Les Trois
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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyDim 22 Oct 2017 - 21:09

Si l'intervention ne vous plait pas, vous pouvez ne pas la prendre en compte.
Pierrot


Il est passé par ici,
Il repassera par là,
Le plastique vous enceindra,
Et Pierrot vous envahit.




L'environnement se met à se plastifier

Les murs, le sol, les fenêtres, sont à présent factices.
Même les barreaux des cellules ne sont plus en fer. Et donc un peu plus fragiles...


Les deux joueurs sont libres d'accroître ou de décroître les effets du plastique et de le faire durer autant qu'ils veulent..


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L'Ombre
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MessageSujet: Re: Concerto pour Détraqués   Concerto pour Détraqués EmptyLun 16 Avr 2018 - 23:09

The End


Il est plutôt probable que les deux zigotos,
Sans attendre un instant profitèrent illico,
De l'opportunité qui s'offrait à tous deux,
Comme quoi le plastique ça peut bien faire des heureux.


FIN DE L'AVENTURE




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