Ça pour avoir réduit en bouillie l'honneur du diplomate, Dude l'avait fait ! C'était quand même pas permis de mettre la tête de quelqu'un dans la boue ! Surtout pas quand on était quelqu'un comme Augur. C'était comme mettre le plus grand magicien du monde dans de la boue ! Non, vraiment, ce n'était pas quelque chose à faire. Pourtant, il en fallait plus pour briser le diplomate. Ce dernier ne tarda pas à afficher un nouveau sourire sur ses lèvres, avant de lancer un nouveau pic à son adversaire. Peut-être que cette fois-ci, il allait se décider à lui mettre un coup de poing et à
vraiment commencer ce combat. Sauf que non, le Chevalier ne semblait pas vouloir le faire.
« Sorry bro', je suis pas the Beast, faudra finir ça comme on a commencé, lui lança-t-il simplement avant de lui tendre la main. Ou alors tu déclares forfait, comme ça on en parle plus ! »
D'une certaine manière, l'écossais respectait son adversaire pour ses valeurs et sa façon de garder le sourire - c'était un véritable chevalier, ça, c'était certain - mais d'un autre côté, Augur se savait incapable d'abandonner. Pourquoi ? Parce que c'était admettre être faible. Tomber au combat était quelque chose d'honorable en soi, ce que n'était pas du tout l'abandon. On s'inquiéterait pour un comédien ou un magicien qui s'écroulerait sur scène - volontairement ou non - tandis qu'on lancerait des tomates à un qui la quitteraient les mains dans les poches avec une mine de perdant sur la face. Non, ça, ce n'était définitivement pas la manière de faire du Trouble-Vue ! Il était donc hors de question de baisser les bras et de déclarer forfait ; ça, non !
Toutefois, cette hypothèse - impensable - ne resta qu'un battement d'aile de papillon et demi dans la tête de l'hyperactif ; maintenant, ce qui l'intéressait était un tout autre sujet. Quelque chose de mille fois plus intéressant même.
« The Beast ? Avait-il répété, incrédule. »
Qu'est-ce que c'était que cette chose ? Ah, ça, le magicien des mots ne tarderait pas à le savoir. Caché sous les airs d'un enfant Roi irrité par le combat qui ne menait à rien, la Bête qui hanterait les prochains - et possiblement derniers - instants ne tarda pas à bondir sur la scène boueuse tel un comédien de dernière minute. Ah, quel retournement de situation ! Tout ce qu'il fallait pour que la pièce soit complète ! C'est que l'adversaire était de taille, à mi-chemin entre un cerbère miniature et un griffon blanc : trois têtes de chien, ainsi que de grande ailes aussi blanches que les nuages. Oh, comme ça devait être chouette de monter sur son dos pour pouvoir voler à ses côtés ! Enfin, vu comme Engys avait l'air de vouloir en découdre les deux combattants ne risquaient pas d'avoir la possibilité de nouer des bracelets de l'amitié avec la créature. Dommage.
C'est qu'au fond, le diplomate avait l'air d'être enthousiaste au possible à l'idée d'affronter cette bestiole. Au théâtre, tout était faux de toutes manières ! Et puis, quand bien même s'il était blessé, cela ne ferait rien au magicien miniature. Vraiment ?
« Si vous voulez remporter, vous devrez couper les trois têtes d'Engys. Elles repousseront à la prochaine lune ronde. Quant à toi Engys... Tu as le droit de leur couper la tête aussi, sinon ce n'est pas juste, annonça l'Enfant Roi. C'est le jeu. »
Le sourire du brun s'évapora en un instant. Leur couper la tête ?
Lui la tête, à
lui, Augur ? C'était son seul point faible ! La douleur, ça, il n'en avait que faire ; mais une tête coupée et c'était la galère assurée. Impossible de faire des spectacles avec juste une tête, surtout quand on est mort.
« Me dis pas que c'est lui, the Beast ? Siffla-t-il à son nouvel ami. »
En plus, Augur n'avait aucune arme. Pire que ça : Augur ne savait pas se battre.