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Peau-Rouge
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MessageSujet: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyDim 27 Déc 2015 - 2:24


C'était la guerre. Comme cela arrivait parfois, les garçons perdus avaient lancé un assaut, sans prévenir, après quelques semaines de calme et de paix. Au village, on ne savait toujours pas quel était le casus belli qui les avait motivés à embusquer les chasseurs Piccaninny dans la jungle, au petit matin. Trois chasseurs furent tués et deux furent blessés. L'après-midi même, on avait envoyé, en répression, la majorité des guerriers du villages accompagnés de quelques renforts des deux autres tribus pour attaquer à vue chaque garçon perdu qui passerait par là et ainsi sécuriser la forêt.
Cet après-midi là, comme à chaque guerre, Ourse Blanche priait pour que ses fils reviennent en vie et tuent tous ces misérables insectes qui parasitaient l'île. Elle avait prié longuement l'Esprit Loup, car c'était la divinité protectrice de la jungle. Et la jungle avait été souillée par les odieux desseins des perdus, il devaient être jugés pour cela. Pour Ourse, « jugés » signifiait bien sûr « égorgés » ou « empalés » mais l'Esprit Loup devait raisonner à peu-près de la même manière, selon elle. Même si la Louve était du genre à épargner les enfants, cet affront était impardonnable.
« Ourse ! »
Elle se tourna vers la voix juvénile qui l'avait appelée. Un chasseur d'à peine dix-sept ans se tenait droit devant elle, essoufflé, portant à la main une hache ensanglantée. Il y avait eu des combats. Son carquois, vidé de toute flèche, prouvait qu'il y avait aussi eu des échanges à distance, et ses quelques brûlures témoignaient de l'inconscience des perdus qui avaient probablement utilisé du feu en pleine jungle.
« Aucun frère n'est mort lors des combats, juste des blessés. On a tué quelques garçons perdus dans la jungle, et on en a capturé deux, inconscients. Le chef veut que tu t'en occupes pour qu'on sache pourquoi ils nous ont attaqués. Ils sont attachés dans ton tipi. »
Elle sourit de toutes ses dents grisâtres. Conservant ce sourire enjoué, elle traversait le village pour rejoindre son tipi.
Deux perdus étaient attachés : le premier, un petit brun encore assommé, était sur la rocking chair, tournant le dos à la seconde prisonnière qui était attachée par terre à des pieux plantés au sol, les bras et les jambes tendues, aussi inconsciente. Seul le garçon était bâillonné.
Elle s'approcha de la garçonne, se baissa – ce qui fit craquer ses rotules. L'adolescente commença à reprendre légèrement conscience, mais ne semblait de toutes manières pas disposée à parler. Autant s'amuser un petit peu avec elle ! Et puis, pour l'interrogatoire, il restait l'autre qui semblait être en meilleur état, on obtiendrait surement plus de résultats à se concentrer sur celui-là.
Ourse pris du fil de fer fin, troua le dessous de la lèvre inférieure de la gamine, puis le fît passer au dessus de la lèvre supérieure en la trouant, et ainsi de suite. La garçonne se mit à geindre, un peu plus à chaque point de suture. Ça n'était pas du fil chirurgical, bien entendu, mais ça ferait l'affaire une heure ou deux, ce qui était largement suffisant. Sa victime devint complètement éveillée après la moitié de la bouche cousue, mais il devenait plus difficile pour elle d’émettre un cri. Elle se débattait en bougeant la tête de droite à gauche, ce qui rendait le travail plus difficile. C'était laborieux, mais amusant.
Une fois que la bouche fût totalement recousue, la gamine était incapable de proférer de réels cris, juste des gémissements ridicules. Travailler en silence, c'était toujours plus agréable.
Elle prit ensuite son tomahawk, celui avec une vieille plume d'aigle au bout, avec lequel elle avait tranché la gorge de nombreux pirates sur le champ de bataille, il y a bien longtemps.
Elle leva son bras et... schlak ! le bras de la jeune fille était ouvert, à côté du coude. Elle essayait de hurler, ce qui tirait sur le fil de fer et la faisait saigner et souffrir encore plus. Un deuxième coup vint trancher l'os à demi. Sa bouche s'entr'ouvrait légèrement, le sang coulait des points de suture et retombait entre ses dents ou sur son cou. Puis un troisième vint finir de couper l'os. La prisonnière s'évanouit. Elle attrapa le membre de l'adolescente, tira un peu pour détacher les derniers morceaux de chair qui le maintenaient collé au reste du corps.
Avec ce même tomahawk, elle retira la main, et n'avait maintenant qu'un radius entouré de chair humaine. Elle l'embrocha, alluma un feu au centre, et commença la cuisson du bout de viande. Elle se tourna vers le brun, qui reprenait ses esprits. Elle lui sourit, et s'adressa à lui en bon anglais, puisque c'était la langue la plus répandue chez les garçons perdus, étant celle de cet ignoble Peter Pan :
« Hello ! »


Dernière édition par Ourse Blanche Ridée le Dim 18 Sep 2016 - 22:57, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyDim 24 Avr 2016 - 16:04

- Hé ! Y a pas eu un bruit, là ?

La Garçonne Perdue, inquiète, tend l'oreille et lève l'index. Les mains des Chasseurs l'entourant se crispent sur leurs armes, et les autres Grimpeurs et Récolteurs du cortège sursautent ou frémissent. Ils lèvent la tête : dans le feuillage, dans les branches basses, Dummy circule au-dessus d'eux, ne prenant pas garde à la méfiance générale. Il n'a même pas remarqué qu'ils s'étaient arrêtés, et continue sur quelques mètres avant de faire une pause pour attraper une coccinelle bronzant sur un tronc.
Une Sentinelle peste en pointant le Fourmilier de sa lance :

- Dummy, shht ! T'en a rien à cirer, de mourir, c'est ça ?

Attiré par le sifflement, l'enfant baisse les yeux vers le plancher des vaches, et sourit en jetant l'insecte à l'intérieur de ses joues. Tout en fronçant les sourcils et en mimant un agacement exagéré, la Sentinelle place un doigt devant sa bouche en avançant sa mâchoire. Par miracle, l'Handicapé comprend le message et s'immobilise, accroupi sur son perchoir.
Le groupe entier est figé. Les plus grands transpirent et les plus petits claquent des dents, les plus forts se préparent à combattre et les plus faibles se préparent à fuir. Dummy, lui, observe le champ de statues qu'ils forment en se grattant derrière l'oreille d'un mouvement rapide, intrigué par ce nouveau jeu.
Le silence se fait. Le vent passe entre les jambes et les arbres, souffle sur les feuilles mortes, et après un lent tourbillon, transporte un message à l'oreille du Chasseur à l'ouïe la plus fine, qui réagit au quart de seconde :

- CULS-ROUGES !

Charmant surnom.
L'alerte est donnée, et l'ennemi, qui sait maintenant qu'il est repéré, sort des buissons. En quelques secondes, une dizaine de peaux-rouges apparaissent, planqués derrière des troncs, des rochers, des broussailles et d'autres éléments du décor.
Une flèche décorée de trois plumes siffle, et vient se ficher dans la gorge du Chasseur qui les a débusqué. Celui-ci, qui portait déjà la main à son coutelas, s'écroule et se recroqueville sur lui-même. Mort.
Les cris, les insultes et les hurlements de guerre fusent, les machettes brisent les crânes des bambins et les lances se plantent dans les torses bronzés. Un jeune Piccaninny pleure sous l'adrénaline, un autre Perdu crache du sang. Certains enfants cherchent à s'enfuir et sont aussitôt rattrapés, d'autres combattent en vain ; ils ont perdu.
Les Perdus survivants sont rapidement débordés, incapables de combattre tous les peaux-rouges qui se jettent sur eux à plusieurs. Une chasseuse est maîtrisée, plaquée sur le sol par deux sauvages couverts de tatouages.
Dummy, lui, gît sur le sol.
Oh, il a cherché à s'enfuir, bien sûr. Il a beau être con, sa stupidité a des limites, il est capable de se rendre compte quand une situation sent le roussi. Mais il n'a pas eu le temps d'aller bien loin. L'un des premiers peaux-rouges à être sorti de sa cachette l'a fait descendre de force avec un coup de fronde bien placé, à l'arrière du crâne. Le projectile était une boule de caoutchouc, faite spécialement pour assommer sans tuer, fabriquée à partir de la sève d'un arbre pas plus tard que la veille. Le jeune sauvage, tout sourire devant son coup au but, mais attristé d'avoir perdu autant de ses camarades, ramasse l'Handicapé comme un gros sanglier, et l'attache à un morceau de bois, avant de le porter avec l'aide de son frère, blessé au front.

Dummy ne se réveille que bien plus tard.
Il sort de la brume progressivement, sa nuque encore extrêmement douloureuse le force à pousser un gémissement bizarre, une sorte de râle d'agonie de vache mourante. Son premier réflexe est de remuer, mais seul son bras gauche parvient à effectuer un sursaut nerveux, et sa main heurte à plusieurs reprises l'accoudoir de la rocking chair comme un poisson mort sorti de l'eau. Derrière lui, des coups et des cris étouffés résonnent dans le tipi, et le sortent peu à peu de sa torpeur. Il ouvre un œil, puis l'autre, et remue encore un peu plus, ce qui fait grincer sa chaise de manière plutôt sinistre. Il lui faut une bonne poignée de secondes pour se rendre compte qu'il est attaché, et encore un paquet d'autres pour s'intéresser à l'endroit où il se trouve ; un tipi, un lit caché derrière d'épais rideaux, un porte-manteau couvert de lourds manteaux et... C'est tout. Toute l'action se déroule derrière lui.
Il tente vainement de se retourner, mais c'est inutile. Excepté quelques mouvements périphériques, il ne voit absolument rien.
Perturbé par cette situation inhabituelle, et incapable de saisir le sens du concept de « prisonnier », il s'agite de plus en plus, et il se balance sur sa rocking chair à un rythme à en tomber à la renverse. Mais il est rapidement arrêté.
La bouche entrouverte, l'Handicapé observe le nouveau personnage avec un air hagard ; une vieille dame glauque à souhait portant une sorte de veste en peau de... Quelque chose ? Ses rides parcourent les traits de son visage comme une vieille prune, et ses yeux, enfoncés par l'âge, semblent noyés dans les ombres de ses sourcils. Ses cheveux, d'un gris uni, coulent et s'organisent en une coupe courte, sobre. Elle lui lance avec un sourire qui étire les crevasses dans ses joues :

- Hello !

Dummy, nullement touché par son aura menaçante, aimerait bien sourire à ce nouveau congénère pour qu'il le libère de son piège, mais quelque chose le titille. Une odeur de viande qui cuit chatouille ses narines et l'empêchent de se concentrer sur autre chose. Le fumet est étrange, le Fourmilier est pratiquement sûr de ne l'avoir jamais senti ailleurs, et l'arôme du sang et de la chair qui brûle agresse son nez.

- Aa... Aaa... ATCHA !

Pan !
Avec la vitesse d'une balle, un glaviot, mélange de salive et de morve, est expulsé de sa gorge et frôle le visage de l'Ancienne. Le projectile s'écrase sur la toile du tipi et glisse lentement en laissant une trace humide.
Après une longue série de reniflements, Dummy parvient à stabiliser sa gêne nasale ; il se focalise donc de nouveau sur la vieille, plante ses yeux dans les siens, et lui adresse un vague sourire, modéré par sa douleur au crâne. Ceci fait, il lui pointe à l'aide de sa langue ses pieds et sa main droite liées avec une insistance pitoyable, sans cesser de fixer la peau-rouge. Sa chaise grince de plus belle, et sa main gauche libre frappe doucement les cordes sur son poignet droit, comme pour appuyer sa demande.
Au cas où elle n'aurait pas compris, il voudrait qu'elle le libère.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyMar 12 Juil 2016 - 3:18



Indifférent aux politesses, il la fixait en tirant la langue de façon plus que bizarre, ce qui étonnait la Piccaninny. Puis, il désignait les cordes à l’aide de sa main gauche. S’il semblait mentalement handicapé, il avait en plus l’air de ne pas parler anglais, donc, peut-être, de ne pas comprendre ce qu’il faisait là. Un handicapé mental : Peter ramenait ces ordures là sur l’île des peaux-rouges. Sur son île. Cette réflexion lui fit sortir du nez un souffle nerveux.
Dans tous les cas, il était rare de voir un perdu qui ne parle pas anglais, sur cette île. Elle repris tout de même son numéro en d’autres langues, pour voir s’il aurait une réaction :
« ¡ Hola ! » dit-elle en mauvais Espagnol, avec presque exactement la même expression faciale que lorsqu’elle l’avait salué en Anglais.
Aucune réaction.
« Guten Tag, buongiourno, העלא ! »
Il désignait toujours la corde, ne prêtant pas plus attention à l’une de ces trois langues.
Même s’il ne parlait pas forcément Anglais, elle se dit que pour vivre au grand arbre, il devait avoir au moins les bases pour faire comprendre en ce qui concerne les besoin vitaux. Alors elle reprit, dans un Anglais très simple, mais en articulant chaque syllabe :
« Do you want to eat ? »
Il arrêta de taper sur la corde, et son regard fixe s’illumina légèrement. Satisfaite de s’être faite comprendre, Ourse alla voir la cuisson de sa viande. Ça n’était pas prêt. Elle tourna la broche, afin de cuire également tous les côtés du bras, puis alla près de la perdue qui agonisait, à demi-consciente. Elle se demanda s’il ne valait pas mieux tuer l’handicapé, et couper le fil de couture de la fille afin de l’interroger elle, mais c’était trop tard : même en coupant le fil, elle ne répondrait pas, elle n’était plus en état de comprendre ce qui se passait autour d’elle. Par sympathie, la Piccaninny décida d’abréger ses souffrances : avec le tomahawk, elle coupa l’auriculaire et l’annulaire de la main de la garçonne - celle qui était encore accrochée au reste du corps, non celle sur le feu - et, avec le regret de devoir tuer celle qui aurait été la meilleure cible à interroger, elle les lui enfonça dans les narines, afin de l’empêcher de respirer. La gamine gigotait dans tous les sens, et à mesure que les secondes passaient, elle avait des sortes de spasmes de plus en plus violents, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’apaiser : elle était partie pour de bon.
Après cela, Ourse prit une planche de bois taillée qui servait de couvert pour recueillir la nourriture et retourna au feu pour prendre la viande. Elle retira ses gants noirs afin de ne pas les salir, découpa quelques petits morceaux avec un couteau et les posa sur la planche. Ensuite, cette planche fût mise sur les genoux du prisonnier.


Dernière édition par Ourse Blanche Ridée le Sam 24 Sep 2016 - 13:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 23:28

Mais au lieu de comprendre ses appels au secours, la vieille commence à parler. Sa voix grinçante peine à parvenir aux oreilles de Dummy, et tout ce qu'il perçoit n'est qu'une série de mots brefs, dont il ne parvient pas à extirper le moindre sens.
Alors qu'il allait se lasser de son petit jeu, une faible phrase, bien souvent entendue, est prononcée :

- Do you want to eat ?

Comme une allumette posée sur la mèche d'une bougie, cette phrase allume immédiatement dans le regard de Dummy une lueur de gourmandise ; il a une faim de loup, et au cas où son expression ne suffirait pas à convaincre mamie de lui donner un goûter, un ronronnement gras se met à faire vibrer son ventre. Cette fois, Ourse Blanche a compris le message, et elle s'échappe de son champ de vision, tel un serveur à qui on aurait passé commande.

Calmé par l'appel de la nourriture, l'Handicapé en oublie presque qu'il est attaché. Il reste donc là, à scruter le vide, enveloppé dans une éternelle patience de statue grecque. Il n'y a guère que sa poitrine qui remue, au rythme de sa respiration lente. Il entend bien quelque agitation derrière lui, mais il ne cherche pas à se retourner. La vieille congénère doit être en train de lui chercher un quignon de pain dans un tiroir, ou un fruit pas trop pourri dans un panier, comme on a l'habitude de lui en donner lorsqu'il réclame quelque chose à grignoter.

Ourse Blanche finit par revenir, un petit plateau de bois dans les mains, qu'elle dépose sur ses genoux. Dummy baisse les yeux ; il a de nouveau envie d'éternuer... Et pour cause, l'odeur inhabituelle qu'il sentait à l'instant vient de son assiette !
Au lieu de tout engloutir d'un coup, le Perdu saisit de sa seule main libre un morceau, plus par curiosité que par réelle méfiance ; il n'a jamais fait le lien entre les maux de ventre et autres vertiges qu'il rencontrait parfois avec toutes les saloperies qu'il mange.
La viande est mal cuite, noire par endroits, et baignait encore dans son sang. Dummy n'a vu pire travail que chez les apprentis Chasseurs, mais il n'est pas du genre à critiquer la cuisine de ses hôtes. Ainsi, sans autre forme de procès, il jette sa première bouchée dans sa bouche.

Il mastique plus longuement que d'habitude. Non pas que la viande est foncièrement mauvaise ; juste beaucoup trop saignante, presque crue au centre, mais parce que ses tremblements ont repris, pour une raison apparemment inexplicable. Impossible d'échapper à ses mains foudroyées par des spasmes impressionnants. Au bout de quelques secondes, son corps entier semble vouloir se disloquer ; son abdomen fait des bonds, ses jambes cherchent à se faire la malle, et même sa tête tremblote comme de la gélatine.
Puis, Dummy déglutit, et les spasmes cessent tous d'un coup.

L'enfant, interloqué par cette soudaine perte de contrôle, met un moment avant de se rendre compte que la planchette est tombée de ses genoux.
Alors qu'il lève les yeux vers Ourse Blanche, une ombre d'inquiétude et de méfiance passe devant son regard.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyLun 26 Sep 2016 - 21:18


L'enfant dévorait le bras de sa camarade. Il devait penser que c'était de chaire animale. Cela était d'ailleurs compréhensible, car la viande humaine avait souvent la couleur de l'agneau et une odeur de boeuf. Dans ses souvenirs, cette viande avait d'ailleurs le goût du boeuf. Elle attendait qu'il en ait avalé suffisemment avant de lui avouer qu'il mangeait de l'humain.
Elle admirait son prisonnier en train de mâcher la chair de son amie jusqu'à ce que le moment fut venu. En bon anglais, elle lui dit sèchement :
« Tu manges de la garçonne perdue. »
A son grand étonnement, il continua de manger, l'ignorant. Il repris une bouchée, puis deux, comme si de rien n'était. Elle commençait à être un peu gênée. Qui pouvait manger ça sans sourciller une seule seconde ? Elle répéta :
« Hé ! Je te dis que tu manges de la viande humaine, idiot. »
Il reprit un bout de viande, mais sa main tremblait, cette fois, et assez pour que Ourse le remarque malgré sa mauvaise vue. Alors qu'il mastiquait, son bras libre se mit à bouger dans tous les sens, puis le corps tout entier se mit à faire des soubresauts. Pourtant, il mastiquait toujours son bout de viande. Cela amusait Ourse mais la gênait d'autant plus, car elle ne comprenait pas les réactions du gosse, bien qu'elles soient drôles. Après avoir dégluti, il ne bougeait plus d'un poil. Encore une réaction inattendue. D'habitude, quand les garçons perdus commençaient à s'exciter, il était presque impossible de les calmer. Or, celui-ci s'était arrêté de lui même.
Elle s'abaissa - ses vieux genoux craquèrent de nouveau - et ramassa la planche de ses deux mains, tout en laissant la viande au sol. Elle commençait à comprendre. Le garçon était beaucoup plus lourdement handicapé qu'il n'en avait l'air. Pourtant, les autres handicapés dont elle s'était occupée comprenaient le concept de "chair humaine" sans qu'on ne le leur répète deux fois, il se doutaient aussi que lorsqu'ils étaient attachés  une chaise, ça n'était pas pour sortir du tipi vivant. Lui, restait insouciant. Il n'avait sursauté que plusieurs bouchées après que la Piccaninny lui ait dit que la viande était humaine - de plus, il avait pris une nouvelle bouchée en tremblant - ce qui laissait croire à Ourse que ça n'était pas le fait de manger de la garçonne qui l'avait gêné, mais plutôt une indigestion, ou quelque chose du genre.
Le plat bien serré entre ses deux mains, elle lui frappa sur le crâne afin d'entamer les festivités.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyMar 20 Déc 2016 - 13:28

Ce n'est qu'un coup.
La planchette en bois, solidement abattue sur son crâne, un peu amortie par ses cheveux, produit un « Chtonk » sonore. Et dedans, ça ne sonne pas creux.
Les yeux écarquillés sous le choc, la tête de Dummy se penche violemment sur le côté droit, et sa bouche s'entrouvre. Il ne bouge plus. Pendant quelques secondes, il paraît mort.

Puis, un son.
Un gémissement, un sifflement, une voix, ou plutôt, le fantôme d'une voix, sort de sa gorge. Légère mélodie du tintamarre à venir, comme le concert de la machinerie du train qui s'apprête à sortir du tunnel. Ses mains frémissent, sa respiration s'accélère.
Il se redresse, son dos claque sur le dossier de la chaise.
Et il hurle.
Et il hurle, grands dieux.

Ce n'est pas un cri de détresse, ni de peur, ni de souffrance ; c'est un cri de fou. Une âme tout droit sortie des enfers semble s'exprimer à travers son œsophage. L'air se compresse sous son appel à l'aide, les tympans se vrillent. Il se débat à s'en rompre le poignet gauche et les chevilles, il remue, il manque de tomber à la renverse. Il ne regarde pas Ourse.
Les crachats fusent de sa bouche grande ouverte, sa main droite libre se frappe le front et la tempe à s'en briser le crâne. Il est sonné, et s'assomme tout seul, mais ses hurlements continuent.
Quand ses poumons se vident, il inspire, et recommence à se les déchirer. Il vomit. Tout le contenu de son estomac se jette sur ses genoux. Possédé.
Mais malgré ses mouvements erratiques et ses hurlements, il ne tremble plus.

Puis le hurlement s'arrête. Dummy se fige. Le silence apparaît comme un bruit plus assourdissant encore.
La bouche ouverte, le regard fixant le vide avec les paupières grandes ouvertes, le menton couvert de bave et de sucs gastriques, le dos cabré, les mains statiques dans une position d'araignée, l'Handicapé reste dans cette position une longue seconde.
Cette dernière passée, la bouche se referme, les paupières reprennent leur place, le menton reste humide, le dos se remet droit, les mains tiennent les accoudoirs, et le Perdu pose un regard sans information, vide de sens et de pensée, sur Ourse Blanche Ridée.
Et les tremblements reprennent.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyLun 16 Jan 2017 - 23:27


Aucune réaction après cet énorme coup. Il était penché sur le côté, et il la regardait. Fixement. Il y avait dans son regard, un air gênant. Un air qui n'avait rien d'humain. Et le fait qu'il ne bougea pas pendant plusieurs instants renforçait le malaise de la Piccaninny.
Puis il hurla. Ce changement radical fit sursauter Ourse Blanche. Il se débattait contre ses attaches, hurlait, hurlait, et hurlait encore ! D'une force telle qu'on aurait cru qu'il tentait de se casser les os sur sa chaise ! Ceci ne rassurait Ourse qu'à moitié. Il y avait au moins une réaction, mais elle était si disproportionnée, si folle...
Et il vomit. Après cela, ses hurlements s'arrêtèrent net. Comme si rien n'avait eu lieu quelques secondes auparavant. Ce calme qui s'installait dans la tente surprit tant la tortionnaire qu'elle en lâcha son plateau en bois. Elle ne savait que répondre. Ses poils se hérissaient. Il la fixait, encore. Mais c'était pire qu'avant, cette fois. Pétrifiée devant les réactions énigmatiques du garçon et devant son regard pesant, elle recula d'un pas et haussa la voix de manière faussement assurée :
« Es-tu un être humain, une créature, ou un esprit ? »
Elle ne savait pas si elle devait s'attendre à une réponse, ou à un quelconque signe. Elle redoutait qu'il ne soit pas humain. Elle tourna légèrement la tête vers l'entrée, prête à rameuter tout le village s'il s'avérait que le prisonnier commençait à devenir dangereux.
Elle s'aperçut avec effroi que la corde autour du poignet de l'enfant avait été élargie du fait de ses gestes brusques. Il semblait ne pas s'être aperçut qu'il pouvait en retirer sa main, et ainsi avoir les deux mains libres. Elle recula encore d'un pas, par précaution.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyDim 29 Jan 2017 - 16:38

Les craintes de l'Ourse se réalisent ; sans répondre à la question, et sans la comprendre, l'enfant se rend vite compte qu'il est un peu plus libre, et sa main droite glisse comme un cobra hors des liens qui le retenaient. Ses poignets sont rouges, et des petits filets de sang se libèrent des endroits où la peau a été le plus frottée. Il bouge les doigts, sous ses yeux, et vérifie qu'il a bien le contrôle de ses mouvements, excepté les éternels tremblements, et, l'inspection faite, fixe à nouveau la Peau-Rouge.
Il ne sourit plus, cette fois. Difficile de décoder son expression. De la colère, peut-être ? Non, plutôt un doute important, une méfiance au bord de la peur qui lui fait froncer les sourcils d'un picomètre.
D'un mouvement un peu trop vif, il se penche en avant et désigne ses pieds liés. Le regard fixe encore et toujours la vieille. Il ne devine pas qu'elle a peur, mais il se demande de plus en plus si elle compte l'aider.
Un brin agité, sa chaise balance d'avant en arrière avec un rythme lent, comme s'il était bercé par un esprit.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyDim 4 Juin 2017 - 23:27

Tout ceci prenait une drôle de tournure. Il fixait ses pieds en se balançant sur sa chaise sans aucune raison. Il avait les deux mains libres mais il n’essayait pas de se détacher. Si ça n’était pas humain, c’était tout de même une créature bien loin en dessous du niveau intellectuel humain. Ceci rassurait Ourse, qui se ressaisit très rapidement, tout en ayant un peu honte d’avoir eu cette courte mais puissante frayeur.
Elle serra son bâton de la main droite et s’approcha. Il avait les deux mains libres, il fallait pouvoir le punir s’il se libérait davantage.
« Tu n’as pas l’air de pouvoir répondre. J’aimerai tout de même savoir ce que tu est. »
Trop débile pour être possédé par un esprit, trop en bon état physique pour être un zombie. Mais tout de même, qu’il soit un zombie ne serait peut-être pas si improbable vu son comportement. Il fallait vérifier.
Elle reprit son couteau, dans la main gauche cette fois et essaya la graisse de la viande sur sa manche. Elle mis le bâton sous la gorge du garçon et poussa sa tête vers le haut afin qu’il ne voit pas et bouge moins. Puis elle lui fit rapidement trois petites entailles sur l’avant bras droit. Ces entailles saignaient légèrement. Plus qu’à voir si ça cicatriserait ou non.
Elle posa le bâton et le couteau près du feu, sortit de son tipi, chargea un jeune chasseur de surveiller l’entrée, même s’il était improbable que le prisonnier s’en échappe.


Dernière édition par Ourse Blanche Ridée le Mer 7 Juin 2017 - 20:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyMer 7 Juin 2017 - 17:36

Maintenant, il en est sûr : ce Congénère n'a aucune intention de l'aider à se détacher. Étrangement, celui-ci semble uniquement vouloir lui faire du mal, mais un mal différent de ceux qui lui jettent des cailloux au Grand Arbre. On dirait presque que Ourse le... Picore. Un peu de douleur par-ci, un peu de douleur par-là. Un corbeau qui harcèle du bec un animal blessé.
Constatant soudain les entailles qu'elle lui a fait sur le bras, l'Handicapé se met à s'agiter ; si il reste passif, il va se faire dévorer vivant, petit à petit. Il se balance sur la rocking chair, avec cette fois toute la puissance et l'élan de la partie supérieure de son corps, et essaie, par de grandes impulsions, de se diriger vers la sortie sans basculer par terre. En retournant lentement la chaise, l'arc de bois rencontre le bord du foyer, et propulse quelques braises sur les tissus de la table basse, qui prennent lentement feu.
Peu à peu, le meuble se fait avaler par de légères flammes qui libèrent des fumées lourdes. Dummy, en chemin vers la sortie avec une vitesse d'escargot malade, ne voit pas l'incendie se déclarer, mais l'air, de plus en plus désagréable à respirer, l'encourage à se démener encore davantage pour s'enfuir. Il ne remarque pas non plus que sa chaise s'embrase lentement, très lentement.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyMer 20 Sep 2017 - 8:52

« Non, le prisonnier ne parle toujours pas. C'est juste un idiot qui ne comprend même pas la situation dans laquelle il est. »
Les deux femmes Piccanniny ne répondirent pas, trop concentrées à tenter de laver les vêtements de leur famille dans le peu d'eau que la rivière laissait pendant cette canicule. Elles acquiescèrent simplement. Un silence passa, puis Ourse prit l'initiative de les aider. Presque aussitôt, ses deux collègues entamèrent une discussion peu intéressante sur la canicule, pour réitérer les mêmes plaintes qu'on entend partout depuis des mois. La vieille regrettait presque de leur proposer son aide, elle était maintenant prise au piège dans cette corvée, plus dure qu'il n'y paraît dans ces conditions matérielles,  mais aussi dans ce bavardage.
Puis, trois jeunes Piccanniny arrivèrent avec des seaux en bois pour prendre de l'eau, et repartirent aussitôt en courant le plus vite qu'ils le purent. On entendit plusieurs fois crier au feu dans le village. Ourse lâcha le linge et se mit en direction du centre du village, intriguée par cette agitation soudaine. La fumée commençait à monter dans le ciel. Plus de doute : c'était chez elle que ça arrivait. Elle se dépêcha d'y aller, même si cela lui déchirait les genoux, et se retrouva nez-à-nez avec son tipi qui brûlait. Elle était folle de rage, non seulement parce qu'elle était en train de perdre sa maison, mais en plus car elle était en tord ! La règle de sécurité de base était de ne pas laisser un feu sans surveillance, surtout lors de la canicule. Elle voulait s'en prendre à quelqu'un, mais ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Et elle ne pouvait même plus s'amuser sur son otage, qui devait être perdu à l'heure actuelle.
Au fil du temps, de plus en plus de Piccanniny entouraient le tipi, presque entièrement brûlé. Beaucoup regardaient le spectacle, certains versaient des seaux d'eau à demi vide, car l'eau manquait. Les peaux du tipi étaient presque toutes brûlées. Sous la surface, on devinait que quelques branches servant de structure s'étaient cassé, ou n'allaient pas tarder. Le trou qui servait d'entrée - normalement d'environs un mètre soixante-quinze – avait diminué d'un bon quart, et de la peau tombée brûlait à petites flammes sur le seuil. A chaque fois qu'un morceau de tipi se désagrégeait, elle désespérait un peu plus. D'ailleurs, quelques Piccanniny convinrent ceux qui tentaient d’éteindre le feu de ne plus l faire. Il fallait éviter de gaspiller de l'eau, et tout le monde avait vite compris que le tipi était perdu et impossible à sauver depuis que l feu s'était déclaré. Alors, impuissante, elle regardait son habitat disparaître peu à peu dans les flammes, le regard vide, mais la tête pleine de colère.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptyDim 17 Déc 2017 - 23:40

Si Ourse se retournait, si Ourse regardait vers l'horizon, vers les silhouettes du canyon, peut-être qu'elle verrait une silhouette noire de poussière de fumée, boitillante, blessée aux bras, brûlée aux jambes, un morceau de bois encore attaché à la jambe droite, pendant que l'autre se traîne encore un morceau de corde sur la cheville.
Dummy tousse, bruyamment.
Il a eu beaucoup, beaucoup de chance.
Mais au moins, il ne s'est pas fait picorer.
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MessageSujet: Re: [NC : -16] Un dîner presque parfait    [NC : -16] Un dîner presque parfait  EmptySam 13 Jan 2018 - 14:51

The End


L'île est friande de choses qui sortent de l'ordinaire,
Et il s'avère que Dummy en est un exemple,
Il s'y brûlera les ailes certes, mais la Terre-Mère,
Sa douloureuse survie garantit et contemple.


FIN DE L'AVENTURE




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