*Maudit oiseau*

Comme s'il n'avait que cela à penser, voici que Scar devait se mettre à chercher des œufs ! Et le moins que l'on pouvait dire, c'est qu'il avait la certitude d'avoir mieux à faire, mais le choix ne lui appartenant pas....

Le Rouge se retrouvait donc, avec d'autres au pays des monstres. D'aucun auraient pu penser qu'il y avait probablement sa place, mais il n'était pas un monstre.... ou du moins, il n'en avait au moins pas l'apparence ni la cruauté.

Scar avançait, croisant parfois des créatures plus ou moins difformes selon les critères communs et plus ou moins agressives également, même si les rires se faisaient aussi bien entendre que les hurlements.

Capucin avait très envie de retrouver les oeufs perdus. Il aimait l'Oiseau Imaginaire, il l'estimait de tout son coeur et désirait ardemment entrer dans ses faveurs. De plus, le drame qui s'était déroulé le perturbait profondément. De mémoire, il ne se souvenait pas qu'on ait jamais attenté à la vie des enfants de l'Oiseau.
Lorsqu'il atteignait la lisière du Pays des Monstres, plusieurs individus s'y trouvaient déjà. Capucin fut un peu effrayé par l'éclat de la fée, une fée des eaux vu sa couleur, car les fées l'avaient toujours beaucoup intimidé. D'autant plus qu'il ne tarda pas à découvrir la silhouette distinctive de Scar, un garçon sombre et taciturne qui contrastait pas mal avec son propre caractère expansif. Son enthousiasme sembla se dégonfler un peu, comme un ballon percé, mais Capucin décida que c'était le moment idéal pour prouver qu'il avait le coeur vaillant des Piccaninny.

« AOWH ! Je suis un guerrier du Clan de l'Ours et je viens vous apporter mon aide dans cette quête. Je sais grimper très haut et m'entends bien avec les animaux. »

C'était un plutôt bon résumé.

« Quelqu'un a déjà une idée de par où commencer ? »

L'oeuf pouvait être n'importe où. Et la forêt d'arbres noirs dans laquelle ils se trouvaient était très vaste ! Il y avait de quoi se décourager.

Woah, ce qu'il parlait bien celui-là ! Capucin le considéra avec admiration tandis que le garçon vêtu en marin déclarait tous ces mots complexes auxquels il ne comprenait rien. Le garçon tenait dans ses mains deux objets cuivrés qu Capucin n'avait jamais vu ailleurs, et qui correspondaient parfaitement aux babioles des pirates. Il s'approcha du blondinet et se mit à renifler grossièrement la boussole et la longue-vue, collant presque son nez contre leur surface ferreuse.

« Dis donc, tu ne serais pas un pirate par hasard ? »

Dit-il d'un air suspicieux en plissant des yeux. Ce bambin avait vraiment tout du parfait flibustier, entre son langage et sa tenue, sans même parler de ce cache-oeil terrible qui lui barrait le visage !
Mais la Bestiole n'eut pas le temps de recevoir une réponse puisqu'une apparition soudaine le fit sursauter, lui et tous les autres d'ailleurs. Il le reconnut instantanément, simplement via les descriptions alarmantes qu'on lui avait faites régulièrement. Descriptions lourdement accompagnées de mises en garde. L'Esprit Farceur.

« Je ne crois pas qu'on devrait le suivre ! C'est l'esprit le plus perfide de l'île, il va nous freiner dans notre quête. Et quand bien même il nous mènerait jusqu'à un oeuf, il le mangerait avant qu'on mette la main dessus ! »

Il se tourna vers Scar, qui s'apparentait le plus à un chef de bande en les circonstances. Certes, Capucin s'entendait avec tous les animaux du pays. Mais l'Esprit Farceur était l'exception qui confirmait la règle. Rien qu'à le voir exhiber son affreux sourire, il sentait les poils de sa nuque se hérisser.

« Faisons ce que le petit borgne a dit. »

Ajouta-t-il sans penser que cette définition pourrait blesser l'intéressé. Il ne lui faisait pas confiance, à cette graine de pirate, mais c'était le seul, pour l'heure, à avoir proposé une idée encourageante. Il était toujours partant pour grimper quelques troncs, Capucin.

Capucin Farouche se mit à grogner. Ses mâchoires grondaient tout en fixant des yeux le monstre difforme qui leur était apparu. Les bestioles d'ordinaire ne lui faisaient pas très peur, après tout il en était une lui-même, mais l'aspect du monstre était si répugnant à ses yeux qu'il ne pouvait s'empêcher de hérisser le poil. Le duvet, en gros.

Navy lui, démontrait de plus de sang-froid. Ses mots complexes et son ton calme faisaient un drôle d'effet vu la situation. Néanmoins, en fait, Capucin ne comprenait pas un traitre mot de sa tirade.

« Donne-lui tes objets ! »

Capucin ne réalisait pas l'attachement qu'un humain pouvait éprouver à l'égard d'un simple bibelot. Voyant que le monstre continuait de secouer le visage pâle comme une branche de prunier, il recourba ses doigts et montra les crocs, comme le ferait un animal sur le point d'attaquer. Et puis, ni une ni deux, il se rua sur le tronc et s'attaqua à son ascension. C'était là son exercice préféré, et ça se voyait, vu l'adresse dont il faisait preuve alors que sur la terre ferme, sa silhouette était biscornue et gauche.

« GRRRRRRR ! » rugit-il à l'égard du monstre, lorsqu'il se trouva à quelques pouces de lui. « Laisse-le partir ! »

Il planta ses dents jaunies dans le bras de la chose, lui extrayant un cri furieux.

« Petite fée, vite, vite, va voir dans l'arbre si l'oeuf ne s'y trouve pas ! Je... Je me charge du monstre ! Grr ! Toi, avec la cicatrice, veille sur ses arrières, et si tu... peux, aide-nous ! Awawawah ! »

Ce n'était pas un cri de guerre, en réalité le monstre agitait son bras de façon à se dégager de l'emprise carnassière de Capucin Farouche. Celui-ce tenait bon, mais il commençait à avoir le tournis.
L'arbre était entièrement noir, comme tous les arbres du Pays des Monstres, et ses hauts branchages étaient si sombres qu'on ne distinguait rien à l'intérieur. Peut-être que c'était ce monstre là qui avait dérobé l'oeuf et qui l'avait caché dans un genre de nid...

Spoiler:

Capucin Farouche sursauta en entendant les sons secs et sanglants que Scar avait provoqué en hachant littéralement les membres du monstre. Mais tandis que ce dernier s'enfuyait en rugissant de douleur, la Bestiole reporta son attention sur la petite fée mal en point. La pauvre créature était empétrée dans un emmaillotement de toiles d'araignées qui semblait alourdir son vol. En plus, elle avait une aile froissée ! Capucin, bien qu'il n'aimait pas trop les fées, saisit précautionneusement Mizu à la base des ailes et tenta de la débarasser de ces déchets. Il fut un peu vexé car la fée ne le gratifia d'aucun mot de remerciement. Mais à la réflexion, Capucin ne se souvenait pas l'avoir entendu prononcer la moindre syllabe depuis le début. Voyant que la fée pouvait à peine voler, il la garda sur son épaule en espérant qu'elle n'ait pas trop peur de lui.

Ce fut à cet instant qu'il aperçut un énorme monstre au poil duveteux, tout rond, cornu, et vraisemblablement malade. Il se tenait à un tronc noir en crachant, courbé par la douleur. Capucin avait vécu la majeure partie de son existence au sein des bêtes sauvages, il savait reconnaitre un être ayant ingurgité un truc pas net. Un éclair de génie traversa sa pensée. Sans même expliquer les raison de ses actions, Capucin sauta de l'arbre et accourut vers le monstre. Le coeur battant la chamade mais l'air déterminé, il cria :

« Eh, gros balourd ! »

Puis il lui administra un coup de pied dans la bedaine. Pourvu que son plan marche.

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