Tu vérifies une dernière fois que tu n'oublies rien. Bien que tu adores faire la lessive, ce serait stupide de devoir retourner la faire encore une fois. Alors tu jettes un dernier regard autour de toi, tu farfouilles une dernière fois dans ce panier, comptant les « vêtements », avant de partir.

Tu avances doucement, d'un pas incertain. Pourtant, tu n'as pas une grande distance à parcourir. Mais c'est que c'est lourd tout ça. Et la boue au sol ne t'aide pas à rester stable. Il ne manquerait plus que tu fasses tout valser par terre. Il vaut mieux maintenant qu'au retour. Certes. Mais tout de même, tu fais attention où tu mets tes pieds nus. Tu serais capable de te blesser en plus du reste.

Tu entends quelques rires sur ton passage. Tu dois avoir une drôle d'allure, tanguant de droite à gauche. Un peu comme une bossue. Tu te souviens les exercices de théâtre, lorsqu'on vous demandait d'imiter une personne âgée ou un animal sauvage. Il t'arrivait souvent de prendre cette démarche clopin-clopant, peu assurée. Cela te semble moins amusant aujourd'hui, même si le souvenir te fait sourire.

Tu manques d’assommer un garçon perdu avec ton panier et te confonds en excuses. Tu étais perdue dans tes pensées et voilà le résultat. Un câlin, un bisous magique, et l'histoire est bien vite oubliée. Mais tu dois te dépêcher. Il ne faudrait pas arriver en retard. Enfin, si le retard a un sens ici. Ta journée est bien chargée, et faire la lessive est comme une pause que tu t'octroies – même si cela fait parti de tes tâches quotidiennes, bien entendu. Ça te fait du bien de t’asseoir au calme et de pouvoir te concentrer sur une tâche aussi simple que nettoyer le linge. Pas d'enfants pour te crier dans les oreilles. Pas de conflit auquel mettre fin. Pas de caprices de Peter.

Tu t'arrêtes et t'excuses en silence. C'était déplacé de penser ainsi. Peter ne va pas bien et dire du mal de lui ne l'aidera pas à aller mieux. Tu restes immobile quelques secondes, en plein milieu du passage, avant d'enfin te remettre en route. Mais juste avant, tu prends garde à bien porter ton masque souriant et calme. Personne ne doit savoir que tu ne vas pas bien.

D'ailleurs, qui peut assurer que tu vas rester triste aussi longtemps ? C'est bien pour ça que tu t'empresses d'aller au bassin. Et c'est aussi pour ça que tu as demandé à Caroline de venir t'aider. L'apprentie Maman est tellement sympathique et amusante. Et puis, tu as entendu dire qu'elle était complètement nulle pour ce qui était des tâches ménagères. Alors autant faire d'une pierre deux coups : lui apprendre comment faire, et passer un bon moment.

Arrivée sur place, tu peux l'apercevoir. Tu lui fais de grands signes alors que tu parcours les quelques mètres qu'il te reste à faire.

« Coucou ! »

Tu poses ton panier et la prends dans tes bras. Tu réalises un peu trop tard que ce geste pourrait la déranger, tout le monde n'est pas tactile. Tu recules doucement et lui souris. Trop d'enthousiasme tue l'enthousiasme.

« Comment vas-tu ? »

« Si on met de côté les plaies et les bosses, ça va ! Je crois que l'univers m'en veut mais je résiste… Et toi ? »

Tu jettes un coup aux blessures en question, et ne peux retenir une grimace. Ce qu'on dit de l'apprenti Maman semble se confirmer, c'est une vraie catastrophe quand il s'agit de faire les tâches ménagères. Tu ne pensais pas croiser quelqu'un de plus maladroite que toi. Tu l'imagines face à tous ces accidents et retiens un rire naissant avant de retrouver ton sérieux.

« C'est vrai que tu ne t'es pas loupée... Mais tu résistes bien j'ai l'impression ! Tu as pu passer à l'infirmerie quand même ? »

Tu te doutes que oui, mais c'est plus fort que toi, tu demandes et tu t'inquiètes. Elle ne fait pas partie de tes enfants, et est sous la responsabilité de Rose avant d'être sous la tienne. Mais ça n'a aucune importance à tes yeux. Alors tu t'inquiètes un peu. Juste ce qu'il faut pour ne pas materner la jeune femme.  

« Pour ma part ça va, merci. »

Tu appuies tes paroles d'un sourire, pour prouver que tu es en pleine forme. Ce qui marche. Tu sens déjà cette espèce de petite tristesse – présente il y a quelques minutes encore – partir au loin. Tu savais que ce serait une bonne idée de venir ici.

« Bon, c'est pas tout ça, mais il ne va pas se laver tout seul ce linge ! »

malheureusement, vous n'avez pas toute la journée devant vous. Il y a encore de nombreuses choses à faire, et ce sera pire quand tous les garçons perdus seront levés.
Tu attrapes l'un des rubans attachés à ton poignet et coiffes tes cheveux en une espèce de chignon. Il est loin d'être élégant, et son équilibre est instable, mais au moins il tient pour le moment. Et surtout, il t'évite de mettre tes cheveux dans l'eau. Ce n'est pas grave en soi, mais toujours plus agréable pour travailler.
Tu retrousses tes manches jusqu'au coude et mets tes mains sur tes hanches, un air victorieux sur le visage. Tu es remontée à bloc et  motivée pour faire cette lessive. Peut être un peu trop, mais tant pis.

« Tu l'as déjà fait une fois, ou pas du tout ? »

On ne sait jamais après tout. Il vaut mieux vérifier avant de filer tout droit à la catastrophe.

Elle n'a pas à avoir honte. Elle n'est pas parmi vous depuis longtemps, et il est probable qu'on ne lui ait pas tout de suite demandé de s'occuper des lessives. Surtout si elle est aussi maladroite. Et puis, ça ne t'embête pas du tout de lui apprendre. Surtout que ce n'est pas compliqué pour deux sous.

Tu exploses de rire face à sa question. Tu ne veux pas te moquer ou la blesser, mais c'est plus fort que toi. Tu te tiens les côtes et attends que ça passe, incapable de t'arrêter toute seule. Lorsque tu retrouves ton souffle et que tu as essuyé les quelques larmes au coin de tes yeux, tu t'excuses comme tu peux, de peur de l'avoir vexée.

« Excuses moi. C'est juste que … Je ne sais pas en fait. »

Tu sens un rire naître de nouveau au fond de ta gorge, mais essaies de le retenir. Il faut passer aux choses sérieuses maintenant. Et à ce rythme, vous y serez encore demain. Tu attrapes ton panier et t'approches du point d'eau. Tu fais un tas de linge sale sur le sol, de façon à ce que ta bassine soit vide.

« Ce n'est pas bien compliqué, je vais te montrer, viens. »

Tu attrapes un premier vêtement et t'accroupis pour le mettre dans l'eau. Tu sors ensuite l'espèce de planche à laver qu'ont fabriquée les artisans et le mets dessus. Enfin, tu sors un savon et le poses à tes côtés. Tu trouves ta position plutôt inconfortable et décides de carrément t'asseoir sur le sol.

« Alors, tu prends un premier truc, que tu mouilles bien. Ensuite, tu le mets là-dessus et tu vas le frotter avec le savon. Suffisamment pour qu'il y ait un peu de mousse. Et ensuite, tu frottes le vêtement sur la planche. Et quand tu as fini, tu le rinces bien et le remets dans le panier. »

Tu joins le geste à la parole, en faisant doucement pour que Caroline ait bien le temps d'observer ce que tu fais.

« Tu vois, c'est facile ! Je ne sais pas si c'est LA méthode qu'il faut employer, mais c'est comme ça que je fais. Et personne ne s'est plaint encore ! »

Après lui avoir montré, tu t'arrêtes pour la regarder faire. Tu as un peu peur tout de même. Si elle abîme un vêtement, il faudra le réparer. Et tu ne sais absolument pas coudre, même si tu t'entêtes. Quant à Caroline, il est évident qu'une aiguille entre ses mains devient une arme de masse. Et ça voudrait dire reconnaître publiquement l'échec.

Tu observes chacun de ses gestes, un sourire commence à naître. Elle s'en sort bien. Elle s'en sort très bien, même. Elle prend un deuxième vêtement et tu en fais de même, sans la quitter des yeux pour autant. Et on dirait que l'apprentie Maman prend le coup de main. C'est un franc sourire qui naît sur ton visage. Tu es à la fois fière et heureuse pour elle. Elle a enfin trouvé une tâche qu'elle réussit à faire.

«  C'est plutôt facile en effet… La vache »

Tu te retiens de rire face à son étonnement. Un nouveau fou rire ne serait pas le bienvenue dans un tel moment. Rien de plus irrespectueux, Mirka.
Tu lâches l'habit que tu es en train de laver et l'applaudit. Tu fais tout de même gaffe à ne pas faire trop de bruit, ne voulant pas attirer l'attention des enfants et des autres Maman.

« Bravo, Caroline ! Tu as réussi. Et très bien, si je peux donner mon avis. Je crois que tu vas devenir la préposée aux lessives de tout le camp avec un tel talent ! »

Tu lui offres un nouveau sourire et un clin d’œil d'encouragement et te remets à la tâche. Tu laves doucement, voulant prendre ton temps. C'est un moment précieux par bien des aspects et il serait dommage de te presser.

« Et sinon ? Tu fais quoi de tes journées quand tu ne te blesses pas ? »

Ce n'est pas méchant, juste un peu taquin. Tu sens que tu peux te le permettre avec l'apprentie Maman. Ou du moins, tu espères. Surtout que tu as vraiment envie d'en apprendre plus sur elle. Mais ici, les questions habituels comme « Tu habites ou ? Tes parents font quoi ? Tu étudies quoi ? C'est quoi ton film préféré ? » n'ont aucun sens. Alors tu essaies tant bien que mal de trouver un sujet de conversation. C'est peut être maladroit, mais tu espère que la jeune femme ne t'en tiendra pas rigueur.

Elle le prend mal et tu regrettes immédiatement ta phrase. Même si sa réaction a quelque chose d'amusant. Elle enfonce d'un air rageur le pantalon qu'elle est en train de laver et tu ne peux t'empêcher d'avoir de la peine pour ce pauvre vêtement. Et pour le Perdu qui va le récupérer aussi.

Malgré sa drôle de colère, tu ne peux empêcher un sourire de flotter sur son visage. Caroline est si vivante que s'en est attendrissant. Tu ne réponds pas à sa question, car tu ne sais pas. Sûrement parce qu'en effet, elle se blesse assez souvent. Mais toi aussi, il t'arrive de te blesser. Et puis, l'Apprentie Maman n'a pas tort. On lui demande de faire des choses qu'elle n'a jamais faite. Ce n'est pas facile d'apprendre sur le tas de la sorte.
Lorsqu'elle te regarde, tu hausses les épaules, pour bien lui montrer que tu n'as aucune idée.

« Je suis outrée d'une telle médisance ! »

Tu ris aux éclats, incapable de te retenir. Tu ne t'attendais pas du tout à un tel geste de sa part et encore moins à ce que ce soit si bien fait. Avec le revers de ta manche, tu viens essuyer les quelques larmes qui perlent à tes yeux, avant de doucement retrouver ton sérieux. Caroline se confie et rire serait mal venu. Tu l'écoutes en silence, ne voulant pas l'interrompre avant de lui répondre.

« C'est normal que tu sois lente. Tout comme c'est normal que tu te blesses. Comme tu l'as dit, tu es en train d'apprendre. Et ce n'est pas un mal. Pas du tout même. J'étais un peu perdue aussi quand je suis arrivée ici. Je ne connais pas encore tout et tout le monde, mais j'ai mes repères ça y est. Alors si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à venir me voir, d'accord ?
Pour ce qui est de combattre … Hum … Je ne sais pas trop. Je te dirais bien d'aller demander au Chef des Armuriers. Ou alors, tu peux traîner du côté de l'arène et voir quel Garçon Perdu pourrait t'enseigner. »

Tu ne lui demandes pas pourquoi elle veut apprendre, car ça ne te regarde pas. Pourtant, l'envie de savoir est bel et bien là et la question te brûle les lèvres. Mais tu as appris – ou du moins un peu appris – à contrôler ta curiosité.

« Il y a peut être les sentinelles qui pourraient t'aider aussi. Je ne sais pas trop. Mais je pense que l'arène, ce serait un bon début. Bonne chance en tout cas ! Je trouve ça vraiment courageux de ta part. »

Tu baisses les yeux et te perds un temps dans tes pensées. Elles ne sont pas forcément tristes. Pas plus qu'elles ne sont joyeux en vérité. Ce sont juste des idées et des questions. Pas grand chose en soit. Lorsque tu redescends sur terre, il te faut quelques secondes pour retrouver tes esprits.

« Oups pardon, j'étais perdue dans mes pensées. Ça m'arrive parfois, je suis désolée. »

Vos tas de linge respectifs commencent à descendre, et ce n'est pas pour te déplaire. Avec un rythme pareil, tu pourras peut être prendre le temps de faire une pause et de boire quelque chose, tranquillement, avant de reprendre ta journée. Et puis surtout, tu pourras passer du temps en compagnie de Peter.

« Merci pour tes conseils. J'irai voir à l'arène je suppose… Enfin, il est comment le chef des Armuriers ? Il est sympa ?
Oh oui ! Beaucoup même. Enfin, ce n'est que mon avis. Et il est vrai que je trouve un peu tout le monde sympathique. »

Tu rigoles doucement, plus pour toi même que pour la jeune femme. Tu apprécies tout le monde Mirka, c'est plus fort que toi. Même chez les pires personnes, tu essaies toujours de trouver quelque chose de beau et de positif. Quelque chose qui fait que cet inconnu est quelqu'un de bien et qui mérite d'être aimé pour ce qu'il est. Naïve petite Mirka.

« Mais je pense vraiment qu'il serait prêt à t'aider. »

Tu réalises que tu viens de laver le dernier vêtement et un petit crie de victoire quitte tes lèvres. Un truc qui ressemble vaguement à un « YEAHA ». Tu peux enfin étirer tes jambes et permettre au sang de revenir dans tes pieds. C'est qu'ils commençaient à mal le vivre, les pauvres.

Sans plus de cérémonie, tu t'allonges de tout ton long dans l'herbe boueuse, les bras étendues au dessus de ta tête. Tu es bien là, au calme.

« Tu as pu te faire des amis au camp ?  C'est pas toujours facile d'être nouvelle, je le sais bien. Et tout le monde a sa place ici, c'est pas évident de créer la sienne au milieu de tout ça. Et encore moins de s’immiscer dans les amitiés déjà créées. »

La jeune Apprentie ne tarde pas à te rejoindre sur le sol, alors que tu fermes les yeux. La journée est à peine commencée et te voilà déjà bien fatiguée, Mirka. Peut-être que si tu faisais des nuits complètes, tout ceci n’arriverait pas. Il faudrait que tu ailles demander du côté des Soigneurs, s’il n’existe pas une plante miracle qui endort.

J'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer grand monde en dehors des Artisans et des Mères, mais bon. Ça va. Je sais pas si tu connais Pretty ? Je l'adore ! Elle est vraiment trop sympa !
Je ne la connais pas, non ! Enfin, je vois qui c’est, mais je n’ai jamais eu l’occasion de lui parler.

Tu peux entendre le sourire dans la voix de Caroline, et tu te décides à aller rencontrer cette Pretty dès que tu en auras l’occasion. Intriguée, tu te demandes bien à quoi elle peut ressembler. Et surtout, à quel groupe elle appartient. Ce sera bien plus facile de la retrouver ainsi. Dans tous les cas, il faudra que tu poses des questions. Mais moins tu en poses, et mieux ce sera.

Par contre… Je sais pas si c'est pareil pour toi… Enfin, ça doit bien être un peu différent puisque tu n'es pas assignée à un groupe précis…

Tu rouvres les yeux et te redresses légèrement, pour concentrer toute ton attention sur la jeune femme. Que veut-elle exactement ? Tu ne l’interroges pas, ne la brusques pas, puisque ça ne servirait à rien. Il suffit de lui donner du temps. D’ailleurs, la voilà qui reprend. Tu l’écoutes en silence, te reconnaissant dans ses appréhensions. Toi aussi, tu as bien du mal à savoir ce qu’il faut faire avec tes garçons. Tu as réussi à prendre ta place et personne encore ne s’est plaint, mais malgré tout, tu doutes parfois.

« Ce n’est pas facile, en effet. Je pense … Je pense que ça dépend vraiment de toi et de tes garçons.
.....
Bon ok, c’est pas vraiment un bon conseil je crois. »

Tu ris doucement, encore une fois. C’est un peu dure de mettre des mots sur le fond de ta pensée. C’est un ressenti pour toi, pas une théorie que tu as apprise quelque part. Alors la rendre concrète, ce n'est pas du tout évident.

« Il faut que tu saches ce que tu es capable de donner. Et ce qu’ils attendent de toi. Personnellement, je me comporte vraiment comme une Maman avec les plus petits. Avec presque tout le monde en fait. Mais c’est parce que je suis comme ça. Par contre, avec les plus grands, je leur laisse plus de libertés. Je suis plus une grande sœur qu’une Mère.
Mais que ce soit pour les tous petits ou les grands, j’essaie toujours d’être douce et d’apporter du réconfort et du soutien. Pour moi, c’est vraiment la tâche la plus importante. Avant toute la vie du camp, la cuisine ou même la lessive. C’est, je pense, ce que les enfants attendent de nous. Et c’est ce que je suis prête à leur donner, quelque soit l’état dans lequel je suis. »

Les yeux dans le vague, tu te rends compte que tu en as peut être un peu plus dit que tu aurais dû et tu rougis légèrement. Puis tu tousses distraitement et te rallonges dans la boue.

« Enfin, ça c’est ce que moi je te dis. Je suis pas sûre que mes Garçons Perdus soient d’accord avec ce que je fais. Si ça se trouve, ils se plaignent auprès de vous. »

Et de nouveau, tu ris. Pour cacher ta gêne, mais également pour cacher cette drôle de mélancolie qui s’est installée. Toi, tu n’as personne pour te dire que ce tu fais, c’est bien.

Tu rougis doucement en l’entendant parler et te grattes la joue avec maladresse. Ça te fait plaisir et en même temps, tu ne sais plus où te mettre. C’est vrai que savoir si tu fais les choses bien ou non, ça importe beaucoup pour toi. Comment t’améliorer sinon ? Et – fidèle à toi-même – tu souffres souvent de ta vieille amie, la non-confiance en toi. Ce serait horrible que de mal faire les choses. Ce serait plus horrible encore que quelqu’un en souffre. Et malheureusement, c’est le sentiment que tu as, parfois.

Elle se perd dans ses pensées et tu la laisses faire, devenant aussi silencieuse que la pierre. Elle est amusante, quand elle réfléchit. Enfin non, elle n’est pas vraiment amusante. Mais c’est plus fort que toi, tu aimes bien voir les gens quand ils sont perdus dans leur esprit. Tu aimes voir leur visage changer, leurs yeux se fixer sur le vide ou même leurs mains bouger, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Les gens sont beaux quand ils ne réalisent pas qu’on les regarde.

« Tu en penses quoi, toi, de Stealth »

Tu écarquilles les yeux, un peu perdue et surprise par sa demande, qui ne sort de nulle part. Te voilà prise au dépourvu et il te faut plusieurs secondes pour trouver une réponse. Enfin, une presque réponse.

« Oh bah, je l’apprécie. C’est une personne pleine de qualités. Du moins je crois. Je ne la connais pas tant que ça, en vérité. Mais c’est une bonne cheffe et elle est aimée par ceux de son groupe. Je pense qu’on peut apprendre d’elle ! »

Tu t’en es bien sortie. Ou au moins, tu as essayé. On va dire que c’est pas trop mal et que ça aurait pu être pire.

« Je pense qu’on peut apprendre de tous les chefs en fait. ‘fin bref. Pourquoi tu voulais savoir ça ? »

Tu fais attention à ne pas prononcer ces mots avec violence ou quoi que ce soit de brutal. Ce n’est pas ton but, tu es simplement curieuse de savoir ce qui motive ton amie à s’intéresser à elle.