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Ancien Perdu
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MessageSujet: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyMer 21 Oct 2015 - 19:15


HÉÉÉÉÉHOOOO! MON PETIT PUDDIIIIIIING!

Que ça résonne entre les branches du Grand Arbre de la voix claire et nette joyeuse trompette de Honey Le Sucre.

Le sourire bordé de miel, où se sont par ailleurs pris quelques cheveux – pas que les siens – une feuille morte et une fourmi, approche à grande vitesse et vise précisément la petite chasseuse.
Descendu en trombe, la chute jusque-là contrôlée s’achève en dégringolade. D’une pirouette involontaire, Honey plonge tête première entre les racines, roule sur le côté, un deux trois, et atterrit étendu sur le ventre dans une embrassade avec la gravité.
En guise d’amour, cette dernière laisse une trace sur le visage du garçon. Quelque chose comme de l’ombrage autour de ses lèvres et sur sa mâchoire. Un peu comme… l’idée d’une barbe. Un peu comme : la classe!

Le squelette ébranlé, mais les idées toujours bien fixes, l’accidenté se redresse, genoux et paumes par terre, se relève, d’un bond, et fait face à son dessert favori (même si pas vraiment) en se dépoussiérant. Car voici que son beau Marcel est désormais taché de sang et de terre. Dans cette chaleur, Honey-cascadeur a laissé son chandail tout en haut dans sa cabane. Marcel et son short un-peu-trop-court-pour-être-cool-mais-qu’on-lui-jalouse-sûrement-par-pareil-temps font très bien l’affaire.
Poings sur les hanches, le Sucre projette son sourire sur la garçonne tel un puits de lumière divine. Ses cheveux sont son auréole et dans ses yeux gris-fou brillent les éclats d’un bonheur mystique.
Je vais te manger.
Que ça pourrait dire.
Mais non, quand même pas.

J’ai des projets pour nous, poupée.

Aussi, fine main aux ongles sales ne tarde-t-elle pas à trouver petite main dodue. Honey s’incline et pose sur ces doigts qui lui font penser à de petits éclairs à la vanille sa bouche.
Mielleuse, terreuse.
Avant de se redresser en souriant.

C’est comme ça qu’on fait avec les chéries. Je l’ai appris à l’école des princes.

Avec les chéris sans « e » aussi il sait y faire. Mais ça, Honey ne fait qu’y penser.
Car ce n’est pas tout! Ils ont des choses à faire.
Le grimpeur prend les devants et entraîne de force le Pudding avec lui.

On remonte. Je t’amène dans mon dôôômaine, j’ai quelque chose pour toi, ma petite maaadeleine.
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Ancienne Perdue
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyLun 26 Oct 2015 - 14:38

Il était une fois,
Une Un princesse qui avait le don de transformer les choses les plus aigres en miel. Aussi la le Princesse se décida-t-il à s'attaquer aux difformités du Bouffon de leur Roi. S'il avait pu faire fondre le coeur d'un dragon, il n'aurait pas de mal à caraméliser celui d'un tout petit monstre comme celui là...





Chassée.
Elle était chassée, la Plum, et ce depuis plusieurs jours à présent, plusieurs semaines peut-être. Partout où elle allait, elle sentait les branches craquer au dessus de sa tête. Il y' avait cette ombre filiforme  qui filtrait à travers les feuillages. Dans la Jungle, dans le Bois Joli, dans les Cabanes. Partout.
Elle faisait donc ce qu'elle savait faire de mieux : Courir. Elle courrait à perdre haleine , sous un cagnard de tous les diables, avec un ciel rougeoyant comme de la lave en fusion. Elle n'était qu'un petit tas de sueur et de crasse. Ses pieds pataugeaient dans sa propre marmelade, à l'étouffé de ses bottes en caoutchouc. Elle avait enlevé son pull. Forcée, qu'elle avait du s'en séparer. Elle laissait voir ses bras nus et grassouillets, pelotonnés contre les flancs de sa robe salopette rapiécée de trop de couleurs désassemblées.
Qui pouvait la pister de manière aussi insistante ? Un peau rouge ? Un pirate ? Un des gosses voulant lui écraser sa godasse dans le gras de la joue ? Mystère...
Et finalement la menace s'était précisée.

Une tête blonde, un Marcel aux aisselles détrempées, un sourire sucré-salé.

Honey.

Une "Jolie".
Un "Prince".
Une chose pas très claire entre les deux, si bien que Plum avait fini par la baptiser "Le" Princesse dans un recoin de sa tête. Et son obstination à l'aborder la fit fuir d'avantage. S'en devint une sorte de blague, une danse, une parade. Un truc qui revient, un manège rigolo pour les Perdus en ces temps de crise. Le grimpeur se pointait, la bave sirupeuse aux lèvres et la gamine de décamper et de hurler silencieusement : " Qu’est-ce qui me veux ? Qu'est-ce qui me veuuuux ?!" à l'abri de son crâne. C'était presque devenu un rituel à présent cette petite traque sans conséquence qui attirait les rires et attisait les conversations.

Mais Le pot de miel n'avait encore jamais réussi  à engluer la mouche.


****

-HÉÉÉÉÉHOOOO! MON PETIT PUDDIIIIIIING!

Plum se raidit de tout son être. Honey ! Il l'avait retrouvée ! Elle tournoya sur elle même en jetant des regard effrayés en l'air. Chaque feuille sembla la narguer. Le -fichu- Princesse lui tomba presque littéralement sur la couenne, se cassant rondement la binette. Elle eut mal pour lui. D'instinct -l'idiote !- elle s'approcha pour voir si le chérubin n'avait rien de cassé. Il avait un tel gabarit de brindille ! Peine perdue, Honey se redressa sur ses gambettes de "Jolie", le menton maculé de poussière. Avant qu'elle n'esquisse une foulée salvatrice pour fuir , il la retint par la main.
Piégée, le Pudding.
Faite comme un rat.

- J’ai des projets pour nous, poupée.

Plum couina en guise de réponse. Malgré la canicule, elle trembla. Et d'avantage quand le gosse marqua ses doigts d'un baiser collant de mauvaise foi.

- C’est comme ça qu’on fait avec les chéries. Je l’ai appris à l’école des princes.
- Trop pas !
qu'elle proteste d'une voix fluette en secouant vivement la tête, Chuis pas une chérie !

"Et toi t'es pas un Prince." Qu'elle pensa fort.
Qu'importait le cheval blanc, la blonde créature la fit cavaler à sa suite, sans relâcher sa poigne.

- On remonte. Je t’amène dans mon dôôômaine, j’ai quelque chose pour toi, ma petite maaadeleine.
- Gniiihiii....
gémit-elle effondrée par ce gênant trop plein d'attention.

Bon sang, que c'était plus reposant d'être invisible !
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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyMer 18 Nov 2015 - 15:18


Chuis pas une chérie !

Aux grises mirettes de se perdre un instant dans le ciel. Parce que bien sûr qu’elle en est une de chérie! Lévrier ou pas, elle ne lève sûrement pas la patte ni ne se tient debout pour faire pipi, la Pudding-qui-couine.
À Honey de s’en gentiment ficher, donc, de ce qu’elle en dit de sa nature soi-disant pas de la trempe des chéries de ce monde. Il l’emmène. My pudding! Là maintenant, en ce moment tant espéré, tant convoité, traqué… Mine mine mine!

Pas reposant de faire grimper jusqu’à la ruche la petite Plumette qui n’est pas exactement un poids plume (!), mais il y arrive, pas parce qu’il est particulièrement fort, mais fichtrement entêté.

Bienvenue au 8e ciel! Et ouais, qui l’eut cru, c’est ici!

La cabane de Honey. Qui change de colocataire comme de petites culottes : au possible, à la semaine. Parce que Honey est dit-on difficile à vivre. La vérité? Disons plutôt, l’évidence : Honey aime son intimité. Il aime surtout l’étendre. Après tout, il était là le premier (oui?). La petite cabane est à lui plus qu’à quiconque. Il a le droit d’y entreposer des couronnes de fleurs mortes autant qu’il veut, d’en placarder les murs de sa grande poésie, d’y improviser ses danses et ses chants des grands jours, d’y pleurer son drame, et tout ça, où et quand il le veut.
Sur son hamac est soigneusement pliée une peau brune et trouée de biche. Sur le hamac du grimpeur fantôme sont éparpillés quelques vêtements en pièces plus ou moins détachées. Du reste, y’a presque ordre. Des babioles (boîte à musique disséquée, plumes, ruche et nid abandonnés, vaisselle cassée, petit pot de miel vide…) traînent ici et là, et peut-être aussi quelques trésors… Honey attrape d’ailleurs vivement un tout petit rouleau de tissu rose et gris qui faisait la sieste devant son gros orteil et le glisse sous sa peau de biche.
Et donc bienvenue, oui. Bienvenue la Plum dans l’Empire du Sucre!

Assied-toi, je t’en prie, mon petit plumeau... Coule le Sucre que l’ascension a fini par calmer… Pour une durée indéterminée.

D’un geste de la main il indique ce qui se veut être un tapis, soit un informe morceau de tissu couleur de réglisse à la framboise. Quant à lui, il s’arme d’abord d’une petite tasse largement ébréchée mais finement ornementée de petites fleurs bleues et la tend à Plum.

Je n’ai pas grand-chose à t’offrir, par ce temps. Y’a longtemps qu’on a pris le thé, avec les princesses… T’as qu’à faire comme si je t’y avais versé ton préféré. Thé, jus… Ce que tu veux! Miel de trèfle, le sourire. Léger et doux.

Avant de prendre place devant son invitée, Honey attrape, dans le hamac inhabité, un amas de tissu jaune. Une fois assis en tailleur, il attrape deux pans du vêtement…

Je l’ai trouvée sur le rivage.

Et dévoile, élevant les bras au-dessus de sa tête : une robe jaune. Une robe d’été, toute légère, toute tachée mais pas tant, pas assez pour lui gâcher la magnificence.

Belle, hein? Qu’il souffle. Si elle te va, je te la donne. Elle est trop courte et trop grande pour moi. Rien pour m’avantager. Et de toute façon je porte pas vraiment de robes. Il laisse tomber le vêtement sur les jambes de Plum, fait mine de boire un grand cru dans un bouchon de bouteille. Avec ça je te garantis que t’auras le prince que tu veux à tes pieds. Peu importe lequel. Lui assure-t-il gentiment, avant d’ordonner : Essaie-la. Il ferme les yeux. Je ferme les yeux… Et son sourire englué vient coincé une miette de feuille morte contre sa joue.


Dernière édition par Honey le Mar 16 Fév 2016 - 22:11, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyDim 17 Jan 2016 - 15:13



-Bienvenue au 8e ciel! Et ouais, qui l’eut cru, c’est ici!

Les yeux d'Honey luisaient de sucre. Plum en conçut une angoisse abyssale qui la fit frissonner de tout son gras. La monté avait été déjà éprouvante pour sa carcasse adipeuse, mais les gesticulations du Princesse malmenaient jusqu’à son palpitant.

-Assied-toi, je t’en prie, mon petit plumeau... Je n’ai pas grand-chose à t’offrir, par ce temps. Y’a longtemps qu’on a pris le thé, avec les princesses… T’as qu’à faire comme si je t’y avais versé ton préféré. Thé, jus… Ce que tu veux!

Le Pudding n'accepta l'offre de s’assoir que parce qu'elle était à bout de souffle et qu'un siège pour ses fesses lui semblaient le summum du luxe. Elle refusa le thé imaginaire avec une politesse de petite fille trop bien élevée malgré l'anxiété qui l'habitait.

- Non merci, c'est très aimable.

Automatisme ancré dans sa chair d'une vie qu'elle avait pourtant oubliée.

-Je l’ai trouvée sur le rivage.

Plum se figea comme une fourmi à l'ombre d'une semelle meurtrière. On y était. Où ? Elle savait pas bien. Mais ses entrailles se ficelèrent un peu plus, façon pelote. Elle espérait que tout se passe vite et de manière à être oubliée le plus rapidement possible.

Jaune, froufroutante et vaporeuse était la robe qu'il lui déplia sous le nez.

-Belle, hein?
- Euh... Certainement,
avança-t-elle, prudente.
-Si elle te va, je te la donne. Elle est trop courte et trop grande pour moi. Rien pour m’avantager. Et de toute façon je porte pas vraiment de robes.
- Hein ?
- Avec ça je te garantis que t’auras le prince que tu veux à tes pieds. Peu importe lequel.
- De.. hein ???!


Malgré elle, les images de Peter puis de Sharpy dansèrent un pas de deux dans sa cervelle.

- Essaie-la.
- Maintenant ?
- Je ferme les yeux…
- ...


Le piège venait de se refermer sur sa proie dodue et il était de flanelle.
Que faire ?
Plum hésitait entre être prise d’une crise de panique en déchirant l'objet-sanction et faire preuve de correction et de respect pour l'attention. Honey partageait son gain avec elle, et quelque part, même si l'attitude exaltée et m'as-tu-vue du grimpeur la plongeait dans un malaise certain, il était impoli de refuser sa proposition.
Et puis plus vite ce serait fait, plus vite elle pourrait s'en aller.

-B....Bien, bredouilla-t-elle.

Elle trouvait soudain la perspective de courir après des bêtes sauvages, armée de caillasses, moins effrayante que de se retrouver nue dans la même pièce qu'un garçon-fille-prince-et-princesse.
Elle posa la robe, soigneusement sur le rebord d'une chaise en osier bancale, prenant soin de ne pas en abimer la dentelle, puis elle fit passer la hanse de sa besace par dessus sa tête. Enlever le pull épais, maculé de sang séché et de sueur âcre fut une opération plus délicate. Il lui en fallut du courage pour enlever cette armure qui l'avait toujours protégée. En dessous, il y avait son espèce de robe salopette usée, dont il ne restait plus qu'une bretelle fonctionnelle. Et encore en dessous, il y avait le petit bout de femme, au carrefour d'une puberté pas encore empruntée mais qui avait eut le temps de s'infiltrer comme des piétons ne respectant aucun feu rouge.
Sous son écorce, la petite Plum-orange n'était pas si enfantine. En la pelant pour en voir la pulpe, elle gagnait bien quelques années sur son vrai temps. Ça et là, au détour d'une poitrine entre le gras de l'enfant potelé et le début de seins d'une adolescente en devenir, il y avait ses treize ans.

Elle enfila la robe aussi vite qu'elle put pour cacher ses pépins et se retrouva coincée comme un boudin.

- Gnnn... couina-t-elle éperdue, bras en l'air et la tête recouverte de tissus.

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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyMar 16 Fév 2016 - 22:12

Assis en tailleur sur le plancher de son palais, Honey s’accoude sur son genou et appuie son visage dans sa main. Attendri devant ce qu’il interprète comme étant la gêne maladroite du lévrier-princesse, il sourit, de sa fine gueule-bouche en cœur rose.
Plum, c’est un peu une petite grenouille. Mais! Qui ne sait pas qu’elle pourrait devenir une princesse. Et c’est précisément ça, cette étincelle d’idée, qui charme Honey. Il a combien ô combien hâte de la voir dans la robe! Comme si, par magie, elle deviendrait quelque enchanteresse soupireuse de sommet de tour…

Tout à son attente, il entend les froissements de tissus et, d’impatience, se tapote la joue de l’index. C’est long. LONG. TROP LONG. Pour le garçon qui impose son propre rythme, infernal, aux secondes qui, bien qu’ici suspendues, ne s’en voient pas moins, dans le non-temps, précipitées.
Aussi, de trop d’impatience, en mini-katimini secret, Honey ouvre un œil, au tiers à peine. Derrière le fin rideau de ses longs cils, il entraperçoit alors le paysage Plumesque. Et de lui entrevoir la petite rondeur de pépins, à la Plum, le fait sourire. C’est que… C’est pas comme si… S’il y avait beaucoup à cacher. Enfin, y’a de la graine de petite bonne-femme par-là, pour sûr, mais un garçon trop bien nourri pourrait en avoir de plus gros.

De s’imaginer un gras Honey, avec la fesse coincée sous son petit short et le Marcel tout étiré sur sa toute ronde bedaine, de s’imaginer un Chat lui mordillant les trop appétissants jarrets, le fait presque pouffer de rire.
Plutôt, le Sucre bondit sur ses jambes, les yeux bien grands ouverts désormais. C’est que : elle est coincée, la pas-princesse!

Au secours de la donzelle, il agrippe la robe par la jupe et la tire vers le bas, d’un coup sec.
Crac.
Crac?

T’en fais pas, c’est rien!

Rien que la couture, sur le côté, qui s’est « un peu » écartelée. Et puisque ce n’est rien, Honey, renfilant ses airs de designer, se grattant le pas de barbe du menton, observe de bas en haut son mannequin d’un jour.

La couleur est bien. Il réfléchit, tourne autour de Plum, réajuste vainement le vêtement. La coupe est pas mal. Son tour de manège s’arrête devant le pudding aux pépins. Sourire au miel, la tête qui s’incline sur le côté, Honey, mains sur les hanches, conclut : Après quelques ajustements, ce sera parfait. Bon alors je te la donne, c’est réglé!

Le Sucre s’empare alors de la jolie tasse – vide – ébréchée offerte plus tôt à Plum ainsi que de son bouchon de bouteille; il tend la tasse à la chasseuse, la lui force dans la main, voire, et trinque.

Santé!

Cul-sec. Honey engloutit le rien et envoie, aussitôt fait, son bouchon valser par-dessus son épaule. La chose rebondit dans un coin de la cabane, heureuse d’être oubliée pour un temps.
Les mains de nouveau libres, sans avertissement, Honey lève alors bien haut son Marcel, disparaît derrière en ne laissant à la vue que son ventre qui creuse par l’intérieur, que ses côtes qui crient famine et ses pas de tétons de grand garçon maigrichon.

T’as vu comme je suis sec? Qu’il fait de derrière le tissu gris. Toi t’as l’air plus en santé hein! Marcel retombe, tout doux qu’il est, sur le pas de bedon du Sucre qui se range la frange derrière l’oreille et qui se troque le sourire pour un air un grain triste. T’as de la chance de pas avoir l’air d’un épouvantail, Plum. Tu le sais? En tous cas je te le dis, moi! Je te le dis, oui! Je voudrais bien avoir l’air plus appétissant, moi aussi... Maigre joie retrouvée, Honey prend la main de Plum et la fait se balancer à gauche, à droite, à gauche, à droite… Tu la montreras à ta maman? À Peter? Se faisant soudain songeur. Hmm… Par contre pour la chasse, pas très pratique hein? Faudra éviter, je crois.

Éviter, oui.
Il dirait quoi, Fang, de voir sa Plum chasser dans sa jolie robe soleil?
L’idée d’indirectement s’attirer quelques foudres du Chat – juste pour le taquiner! Rien de grave… –passe par la tête de Honey, mais comme le Pudding n’a plus tellement d’options en matière de famille d’accueil, faudrait quand même pas le faire exprès…

Saint-Honey, bref.
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyDim 20 Mar 2016 - 17:15



CRAAAAaaaAAaC

La plainte infâme des coutures emplit toute sa tête.
Plus surement que les gesticulations collantes du pot de miel, ce fut ce bruit sinistre qui la mortifia. Un couteau dans le coeur n'aurait pas été plus létale. Elle se recroquevilla en elle même pendant que le grimpeur inspectait joyeusement son abominable forfaiture. Elle se sentait comme une dinde enrubannée, servie sur un plateau en argent pour mieux être dépiautée vivante. La farce devait être juteuse et sucrée, n'est-ce pas, Honey ?

-La couleur est bien... La coupe est pas mal...Après quelques ajustements, ce sera parfait. Bon alors je te la donne, c’est réglé!
- ... 'en veux pas...


Mais Honey n'écoutait pas.
Honey n'écoutait jamais.
Cruel gosse sans empathie.

- Santé !

Plum resta là, incapable de bouger, les yeux rivés sur le tissus jaune, abominablement soyeux, qui soulignait son gras, mettait en valeur ses rotules bouffies, serrait la peau de ses bras boudinés de dentelles. Un paquet de dragées pour un mariage kitch option meringue.
L'image fugitive de Mr. Sharpy avec son sourire parfait quelque soit l'angle lui fit serrer les lèvres. Elle aurait était horrible à coté.

-T’as vu comme je suis sec?

Le Pudding releva la tête pour se trouver nez à nez avec le torse dévoilé du Sucre. Elle poussa un petit cri choqué et se cacha les yeux avec les mains. Heureusement l'impudeur fut de courte durée. Soulagée, elle se laissa aller à un long soupir.

- Toi t’as l’air plus en santé hein ! T’as de la chance de pas avoir l’air d’un épouvantail, Plum. Tu le sais? En tous cas je te le dis, moi! Je te le dis, oui! Je voudrais bien avoir l’air plus appétissant, moi aussi...

La petite (en vérité ils avaient le même presque le même âge), adopta une expression perplexe. L'information butait sur son cerveau sans être décrypter.
"Appétissante", c'est ça qu'il voyait en elle ?
"Appétissante" comme les pâtisseries qu'on a pas mangées le jour même, oui. Rance. Rance, grasse et maintenant ... "jaune". Qui voulait être ça ?

- Tu veux être moche ? Pourquoi ?

C’est stupide,
pensa-t-elle.

- Est-ce que t'es tombé trop fort d'un arbre ?

Elle se sentait un poil énervée, chose rare. Honey était plus joli que bien des filles. Il faisait rougir les petits gars et pépier de joie les demoiselles. C'était un "Beau". Un "Beau" et une "Jolie" à la fois. Il avait tout pour lui, de quoi il se plaignait ?

- Tu la montreras à ta maman? Il lui prit la main, et elle se sentit le coeur gonfler.
- Arrête. Ça cognait fort dans sa tête.
- À Peter?
- Peter me r'garde pas.
Ça tourbillonnait.
- Hmm… Par contre pour la chasse, pas très pratique hein? Faudra éviter, je crois.
- Mais tu m'écoutes, oui ! qu'elle éclata soudain en le repoussant. J'veux pas de c'te robe ! Elle fut prise d'une crise de panique et tenta de retirer l'horrible nippe comme si ça la grattait. J'veux pas être appétissante, j'veux pas qu'on me voit ! Laisse-moi tranquille ! LAISSE-MOI !

Derrière ses épais carreaux de lunettes, les larmes pointèrent aux coins de ses yeux. Haletante, acculée, elle n'avait qu'une envie, fuir.
Tu peux rien pour moi, hurlait tout son être.

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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyMar 22 Mar 2016 - 21:23

De quoi, moche?

Pas moche non. Appétissant. Comme du miel.
Mais pourquoi elle ne comprend pas? Comment elle ne comprend pas?
Quand même, il reste qu’elle est rigolote, la Plum; lui, tombé d’un arbre!
Honey rigole.

Quelques fois, oui… glisse-t-il entre deux petits gloussements.

C’est qu’on ne devient pas grimpeur sans se faire la main, et les fesses surtout. Se les cogner durement au sol, quelques fois, oui, ça lui est arrivé, au Sucre.

On s’amuse là, non?
Mais si on s’amuse! Plum a une jolie robe jaune et Honey a une jolie amie jaune et tout le monde est joli et jaune et lalala!

Mais tu m’écoutes, oui!

Coup de tonnerre sous le ciel rose bonbon du petit pot de miel fendu. 
Crac.
Comme la robe. Mais plus petit, plus silencieux.
Crac.
Sourire cassé tombé par terre.
J’veux pas de c’te robe!
La gorge serrée, un noeud dedans peut-être même, Honey cligne des paupières sur cette scène dans laquelle il se demande comment il est arrivé si soudainement, sans voir venir, et il recule, il recule…

Par terre, il cherche des mots, des excuses, des je sais pas, des n’importe quoi, mais ne trouve rien.
Plum s’énerve, elle, coincée dans le truc, machin… Robe qui n’est plus si jolie, non, et toujours aussi jaune, mais loin d’être aussi jolie, dans les yeux du Sucre.
Il cherche, et cherche, et espère disparaître en attendant, et finalement trouve tout de même de quoi se distraire la confusion. Ça ressemble à de la frustration.
Celle de se faire adresser la parole comme il n’aime pas qu’on la lui adresse.
Celle de devoir encaisser une colère qu’il ne soupçonnait pas le moindrement.

Mais qu’il aurait pu deviner, s’il avait tendu l’oreille.
Rien qu’un peu.

D’un grand respir, Honey se rassemble, petits morceaux de pot cassé, et d’un pas décidé, il revient vers Plum.

Bouge pas. ordonne-t-il, d’une voix basse mais ferme.

Et là où il y a cassure, déjà, là où, déjà, il y a faute, Honey agrippe les pans de la robe de part et d’autre, et tire. La pauvre robe, peut-être bien un peu vilaine, et un peu méchante, s’éventre alors contre le flanc du Pudding.

Honey se retourne aussitôt fait et, bras croisé, va contempler son pas d’ombre près d’un mur de la cabane, délibérément au coin.

Le ton trahissant sa moue et l’air renfrogné de son orgueil un peu déchiré, lui aussi…

T’sais Plum quand t’as pas envie, peu importe quoi et pourquoi, faut que tu le dises. Mais avec des mots qui s’entendent. Pas comme une souris…

Ne sachant où donner de la tête, Honey s’assied en tailleur, toujours au coin, et s’accoude contre ses genoux, se sert de ses poings rassemblés comme appui-menton.

Quoi que si tu veux pas qu’on te voit… Vaut mieux pas qu’on t’entende, non plus. Pour ça t’as raison de parler si bas. Ou pas. C’est bête quand même, pas vouloir être vu. Y’a pas moyen de jamais jamais jamais être vu à moins d’être enterré six pieds sous terre, tu vois? Et ça tu veux pas, non? Personne veut ça… Qu’il soupire en fermant les yeux, miel mensonge. T’aimes pas être vue, peut-être bien, mais faudra quand même faire avec, au minimum. Autrement, un jour, t’auras plus d’amis et alors, tu regretteras le temps où on te voyait.

Et de son coin de cabane punition forcée, Honey touche ses oreilles ou presque avec ses épaules.
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyMar 12 Avr 2016 - 14:00



Crac.
La robe fut déchirée. Immonde robe. Pauvre robe.
Crac.
Et ses mots avaient débordé, hors de son caractère, là, d'ordinaire si discret.
Crac.
Avait fait le coeur d'Honey, et elle l'avait entendu, aussi nettement que les bris d'une tasse de thé (elle avait pourtant toujours aimé, la porcelaine des vieux jours, aux motif de grands-mères)projetée sur le mur. D'ailleurs, le Miel y était, tout en dos offert et en épaules qui tremblotaient.

Plum déglutit.
Plum se haït du plus profond de son âme.

Je suis méchante.

De tous, elle aurait du comprendre que les gesticulades du Prince-Princesse c'étaient des mouvements de noyé. Honey, il était toujours près de couler, la tête à peine hors de l'eau. Il brassait, il brassait , il brassait... Quand le Pudding avait choisi d'être une pierre et de se laisser tomber dans les abysses. Elle n'essayait pas. En vrai, elle n'essayait plus. La solitude c'était bien plus simple que les attentes déçues.
Le miel, pot-de-glue, lui se collait à tout, à tout le monde, sans retenu. Offert. Flanc-tendre. Éventré. Comme cette robe jaune toute moche.

- T’sais Plum quand t’as pas envie, peu importe quoi et pourquoi, faut que tu le dises. Mais avec des mots qui s’entendent. Pas comme une souris…

Il s'assit, toujours de dos.
Elle en profita pour se rhabiller. Le vieux pull informe retrouvé, Plum se sentit à nouveau dans le confort d'une armure.

- Quoi que si tu veux pas qu’on te voit… Vaut mieux pas qu’on t’entende, non plus. Pour ça t’as raison de parler si bas. Ou pas. C’est bête quand même, pas vouloir être vu. Y’a pas moyen de jamais jamais jamais être vu à moins d’être enterré six pieds sous terre, tu vois? Et ça tu veux pas, non? Personne veut ça…T’aimes pas être vue, peut-être bien, mais faudra quand même faire avec, au minimum. Autrement, un jour, t’auras plus d’amis et alors, tu regretteras le temps où on te voyait.

- J'ai pas d'amis, qu'elle dit simplement à cette longue diatribe toute philosophique. Pas de "vrai".

Elle vint s'accroupir près de lui, mais pas trop. Fesses sur les talons et bras autour des genoux, elle avait effectivement l'air d'un des plongeurs du bassin pur en position de faire "la Bombe".
Et couler tout au fond.

- Un ami ça pleure pour toi, ça se bat pour toi, ça rit avec toi, ça se rappelle de toi quand tout le monde oubli.

Elle regarda Honey en coin.

- T'as des amis comme ça toi, que si tu crèves ils se consoleront pas ?

Ses grosses joues rebondies n'amortirent pas la dureté de ses paroles. La Prune était crue, plus acide que sucrée. Et comme ce corps plus âgé que personne n'avait jamais soupçonné, elle feintait avec un sacré enrobage de mou sur le véritable gout de âme.

- J'ai peur d'en avoir, confessa-t-elle, le regard rivé sur les lattes du plancher. Après, tu espères que ça durera, que ce sera du toujours. Et tu deviens gourmand. Tu en veux d'autres.... Mais tu sers à rien et tu brilles pas. Alors mieux vaut pas espérer. Ta tristesse te dévorera pas comme ça.

Elle se balançait tout doucement d'avant en arrière.

- Si tu te force à pas pleurer, à rien dire, si tu te convaincs que tu ressens rien. Un jour, les choses qui te donnaient du bobo, t'égratignent plus. Ça glisse sur toi et ça disparait. Et t'avances...

Elle eut soudain un gros cailloux dans la gorge. Son menton se mit à tressauter grassement.

- Faut pas me dire que j'ai des amis si c'est pour de faux. C'est pas facile de croire. mais croire et comprendre que tu pourras jamais...

Ni être belle, ni être douée, ni être la Valentine de Mr. Sharpy, ni être la Maman de Peter, ni être....

- Faut se contenter de ce qu'on a.. d'ce qui est possible. Et vivre de peu.

Elle ravala le gravier de son gosier avec une dignité tout à son honneur. Jamais elle ne s'était dévoilée de la sorte à quiconque.
En même temps, personne ne l'avait jamais vue nue avant aujourd'hui.

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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyVen 15 Avr 2016 - 17:21

Y’a sûrement rien de plus triste au monde que d’avoir pas d’amis.
D’être vivant tout seul.

Honey tourne légèrement la tête vers la Plum qui vient de se poser près de lui. Du coin de l’œil, il darde sur ce drôle de bout de fille un regard de curieux. Jusqu’à ce qu’elle le regarde à son tour. Alors il baisse un peu les yeux, comme gêné.

J’sais pas… qu’il avoue en haussant les épaules de plus bel.

Qui c’est qui en a, des amis comme ça ? Des amis qu’il sait que, sans l’ombre d’un doute, le pleureront, quand il crèvera. Freckles, peut-être… Un jour en tous cas, il aurait pleuré. Un jour d’avant, il aurait sûrement pleuré de se voir privé de Sucre. Mais si Honey mourait aujourd’hui ?
Et puis Freck oublie. Des tas de choses, qu’il oublie. Il pourrait l’oublier, lui aussi, pourquoi pas ?
Fang alors ?
Non, Fang ce sera lui qui le fera disparaître. Pourquoi il pleurerait ? Fang ne pleure pas. Pas comme ça.
Mais…
Fang ne l’oublierait pas.
Jamais.

Honey se corrige, ajoute aussitôt, comme si de le dire, c’est d’en faire une vraie vérité, quelque chose d’immuable :
Si en fait. Si j’en ai.

Au moins un.
C’est comme de resserrer son poing dessus. Ce fil qui le lie à un autre, ce fil qui dit : t’es pas que triste. Y’a pas de raison que tu sois que triste, toi. Parce que toi t’es heureux. Tu le mérites. T’es pas rien.

Mais Plum est tellement dure. Dure comme une prune pas mûre. Et amère. Elle dit de ces choses que Honey ne veut pas entendre. De ces choses qui envoient des pichenettes sur son petit bonheur fragile, des cailloux sur sa tête de nageur qui ne sait pas nager mais qui ne veut pas se noyer.
Alors il regarde devant lui, le Sucre, droit devant et s’efforce de laisser, au possible, glisser sur son dos tout ce coulis de désespoir, de vide, qui sort par la bouche du Pudding. Mais c’est difficile, et de se sentir chanceler, craqueler, sous le poids de cette ombre immense qu’elle n’a pourtant plus, il fronce les sourcils, serre les dents, jusqu’à ce qu’elle achève, enfin, et qu’il puisse, enfin, souffler.

Honey soupire, profondément.

C’est toi qui vois, Plum. Tu veux vivre de peu, vas-y, sers-toi, mais pourquoi ? Pourquoi tu te fatiguerais à subir tes bobos qui te font soi-disant rien, qui te glissent dessus ? Y’a pas que les bobos qui finissent par ne plus rien faire, tu sais. Tu vas devenir une petite morte. Tu vas devenir une petite morte pas mieux qu’une ombre égarée. Une petite morte qu’on n’en a rien à faire. Et d’ennui, un jour, de ne plus rien ressentir, ni tristesse ni bonheur, tu crèveras une bonne fois pour toutes. Et tu sais quoi, de toute ta triste vie, c’en sera le plus beau moment.

Goût de venin sur la langue, miel de colchiques, Honey se lève, baisse les yeux sur Plum et la regarde de loin, du haut de sa fenêtre dont il ne descendra peut-être bien jamais, finalement…

Alors ouais, c’est toi qui vois, Plum. Tu peux vivre de peu, ou pas. Tu peux décider que tu sais pas. Que tu sais pas ce que c’est que d’avoir un ami un vrai, mais que tu veux savoir. Tu peux décider ça. Tu peux décider qu’il y aura au moins une personne ici-haut à qui t’auras offert tout ce que t’es. Tu peux décider que cette personne-là ne pourra tout simplement jamais t’oublier. Tu peux décider que tu seras plus jamais seule. Et que peu importe si on t’oublie, toi tu n’oublieras pas. C’est aussi ça, l’amitié. C’est gratuit. Ça n’attend rien de plus. C’est pas comme des gâteaux, les amis. Un seul peut te garder le cœur repu pour des tas de vies.

Honey regarde ailleurs, car Honey est ailleurs, un instant, mais revient à Plum.

Pour cette vie-là si tu veux je t’aiderai à la chasser, ta peur. Et même si tout ce vidage de cœur lui a coûté, il se trouve l’inspiration d’un faible sourire. J’ai peur de rien, toute façon. avoue-t-il nonchalamment.
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyMar 26 Avr 2016 - 15:28




Toute recroquevillée sur elle même, Plum écoutait le miel qui suintait de la bouche du petit garçon. Il y avait là quelque chose qui touchait au sublime et au vrai. Alors le regard de Plum se mit à changer, subtilement, sur le grimpeur, et la futilité égoïste du blondinet se transforma en filet solide, pour que jamais la chute ne soit mortelle -qu'elle qu'en fut la cause. Rarement discours ne l'avait plus ébranlée que celui que venait de lui tenir Honey. Le courage s'enrobait parfois d'une touche d'étrangeté. Elle n'aurait pas cru un jour en discerner chez ce frêle prince-princesse à l'excentricité malséante.
Honey était tout cassé à l'intérieur, comme elle. Pourtant il continuait à s'exposer crument, avec fierté : une fierté violente, pleine d’esbroufe et de fausse assurance. Mais ne disait-on pas que si on croit, on crée ? Sur L'île où les enfants laissaient gambader leur imagination, en forçant un peu le trait, en mentant peut-être un poil, on finissait fatalement par muer le rien en vérité.
C'était un enseignement bien précieux qu'on, venait là de lui dispenser.

Une fleur s'épanouit dans sa poitrine dodue. Une révélation. Une petite lumière.

Plum était un pudding.
Sec, cette pâtisserie ne procurait pas le moindre plaisir en bouche. Il était donc temps de faire exploser la réserve de sirop graisseux et sucré. Diantre, que cela était difficile de se voir ainsi, même en pensée.

- Un seul peut te garder le cœur repu pour des tas de vies... répéta-t-elle tout doucement.
- Pour cette vie-là si tu veux je t’aiderai à la chasser, ta peur. J’ai peur de rien, toute façon.

Plum se leva d'un bond et prit une très profonde inspiration. Elle expira lentement en fermant les yeux. Et de manière plutôt comique se claqua les joues en abattant sans pitié ses mains boudinées dessus. Lors qu'elle fit à nouveau face à Honey, il vit briller dans ses yeux la détermination farouche qui avait sans doute du plaire à Fang. Gosse volontaire et pugnace, le petiote ne soupçonnait sans doute pas son immense ressource.

- D'accord ! Apprends-moi, déclara-t-elle tout de go. Apprends-moi à ne plus avoir peur !

Elle tendit la pogne vers Honey, comme pour conclure un pacte.

- Comment on fait ? Par quoi on commence ?

Son regard glissa vers la robe déchirée. Et elle ajouta d'une toute petite voix.

- Peut-être que Rainette, elle peut réparer les dégâts. Et puis... Joues rosies d'embarras... pour que ça fasse joli sur moi.

Quoique jaune s'était vraiment moche comme couleur. Elle n'avait jamais aimé le jaune.
"T’sais Plum quand t’as pas envie, peu importe quoi et pourquoi, faut que tu le dises. Mais avec des mots qui s’entendent. Pas comme une souris…"
Sa bouche en coeur se tordit tandis qu'elle la mordillait.

- J'aime pas le jaune,
confessa-t-elle, poussée par sa résolution toute neuve. Ma couleur préférée c'est vert, comme les pommes, t'sais ?

Elle lorgna sur ses bottes de pluie roses, cramoisie. C'était quand même beaucoup de courage pour aujourd'hui.

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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyJeu 5 Mai 2016 - 22:05

C’est comme de regarder par la fenêtre du four un pudding lever et devenir pudding et, surtout, être fier de l’être. À quelques prunes près, peut-être. D’être spectateur de cette scène, Honey sourit, amusé, avant de baisser les yeux sur la patoche qu’on lui présente, un peu surpris de tant de sérieux. Quand même, il tend sans hésiter la sienne de mitaine, maigrelette, et s’efforce de lui infuser un peu de vigueur tandis que l’affaire est conclue.

Comment on fait ? Par quoi on commence ?

Ce n’est pas exactement comme s’il avait un plan.
Son regard suit celui de Plum.
Pauvre robe… Mais en vérité, de la voir toute gâchée qu’elle est, pimpante robe à deux sous, Honey sourit, moqueur. Bien fait pour toi, torchon, songe-t-il. Aussi se voit-il légèrement déçu devant la suggestion de Plum de réparer la chose… Plum Pudding sur qui il baisse les yeux en soupirant en silence.
Y’a malheureusement de ces gâteaux qui ne tiennent tout simplement plus, une fois sortis du four… Qui n’en laissent présager que la promesse, mais qui, une fois exposés, se dégonflent.
Alors Honey se contente d’hausser les épaules.
J’sais pas. J’sais pas si ça fera joli sur toi, Plum...

Un petit silence tordu file entre eux. Petit silence au cours duquel le Sucre en profite pour se gratter le nez. Quant au Pudding, il semble qu’il lui reste encore un peu de chaleur à se gonfler la pâte sous la croûte, finalement.

J'aime pas le jaune. Ma couleur préférée c'est vert, comme les pommes, t'sais ?

De quelques hochements de tête, Honey acquiesce, les yeux rieurs, et croise les bras.

Ben ça Plum, ç’en est un bon début.

C’est que t’es un petit peu un Pudding surprise, Plum Pudding.
La laissant à sa petite gêne, il tourne le dos pour aller fouiller dans ses affaires, dans un coin de la cabane encombré de babioles. D’un amas emmêlé de ficelles et de brindilles, Honey tire un fin ruban vert, à un quart de ton près couleur pomme. Tenant le lacet entre le pouce et l'index de chaque main, il revient à Plum.

Y sera plus joli sur toi que dans la poussière. Et il le lui tend, avant de ramener ses paumes derrière lui, jointes au creux de son dos. Fais-en ce que tu veux, je te le donne. Et puis il est pas trop voyant… Juste… Honey hausse les épaules. Là. Et ça te dit un peu, toi. Plum qui aime le vert.
Honey grimpe dans son hamac et s’y étend nonchalamment, mains derrière la tête, jambes croisées.
Ça n’a pas besoin d’être compliqué tu vois. C’est comme de semer des petits morceaux de soi, par-ci par-là, et les laisser fleurir, voir ce que ça donne. À force, je parie que tu finiras même par y prendre goût...
Et ça se berce, ce brin de miel, lentement de gauche à droite, son fin sourire empoussiéré accroché aux lèvres.
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyJeu 12 Mai 2016 - 12:48



Plum lança à Honey un regard étonné, vaguement humide. Inconsciemment, elle avait la sensation que quelque chose de puissant se jouait à cet instant, pour elle en tous les cas. Une gravité toute enfantine pour un pacte secret. Les mains recueillies en coupe, elle laissa le blondinet déposer le ruban vert qui s'entortilla dans ses paumes, chat qui ronronne sur deux coussins dodus.

- Y sera plus joli sur toi que dans la poussière. Fais-en ce que tu veux, je te le donne. Et puis il est pas trop voyant… Juste…. Là. Et ça te dit un peu, toi. Plum qui aime le vert.

La gosse contempla le trésor qui roucoulait entre ses doigts potelés. C’était pas vert pomme : C’était vert "forêt", vert "santé", vert "émeraude", vert " diadème". C'était un vert gai et profond, plein d'espérance, en écho avec celui qui nimbait toujours Peter.
La plus belle couleur du monde.

-Ça n’a pas besoin d’être compliqué tu vois. C’est comme de semer des petits morceaux de soi, par-ci par-là, et les laisser fleurir, voir ce que ça donne. À force, je parie que tu finiras même par y prendre goût...
- ...Y prendre gout, répéta-t-elle comme pour faire sien les mots du grimpeur.

Alors, lentement, solennellement, elle retira le nœud rouge et rapiécé de sa chevelure noire. L'objet avait vécu et portait sur lui les stigmates de coups et d'injures, de mauvais traitements, de griffures de branches lors de courses effrénés, de tâches de sang qui gicle en tuant les bêtes, de larmes salées, de rires discrets, de cris offerts à gorge déployée dans les recoins secrets de l'Ile. Il humait l'odeur de petite fille -sauvage et candide- de Plum la chasseuse. Le Pudding compara un instant les deux morceaux de tissus.
Le rouge lui inspirait quelque chose de tendre, de nostalgique, comme une main chaleureuse et rassurante posée sur sa tête.
Le vert était encore vierge de toute histoire. Il était près à en accueillir par centaines. Il était volontaire et gorgé d'une assurance neuve.

- Honey, dit-elle avec un sérieux qu'accentuaient ses lunettes épaisses . Tiens... Elle déposa son foulard rouge sur sa poitrine. Je sème mon premier morceau de moi, et je veux que tu le gardes. Tu veux bien ?

L'intensité de son expression avait quelque chose de farouche et de touchant à la fois. Cela lui avait sans doute demandé beaucoup de courage pour formuler pareille requête. Elle baissa le regard et déroula le ruban vert entre ses deux mains en pinces de crabes. Bon... Ce devait pas être sorcier d'accrocher un truc comme ça dans ses cheveux ! Elle entreprit donc de nouer sa nouvelle parure  sur la caboche de son "un petit-peu-changée" elle.

Ce fut plus hasardeux que prévu. Et elle s'échinait toujours six tentatives plus tard à en faire quelque chose de joli. De guerre lasse, elle se tourna vers le Prince-Princesse.

-Tu.. Saurais... Elle désigna gauchement le ruban, puis sa tête..... Teplé ? Ses prunelles chutèrent vers ses bottes et ses joues de teintèrent d'un gourmand rouge pivoine.

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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyLun 6 Juin 2016 - 15:02

Paumes pour oreiller, à doucement se balancer, comme poussé par les flots, de sa pensée ceux-là, yeux rivés au plafond et surtout au mille-pattes qui se faufile entre les planches inégales de la cabane, Honey se tapote mentalement l’épaule, se félicitant.
S’il avait quelqu’un pour être fier de lui, il le serait, là. Peut-être même que Honey n’aurait pas su se retenir d’une petite toute petite vantardise, comme une médaille sur le cœur, voire même imaginaire, mais bel et bien là.
Brin de miel entourloupé de ses propres pensées, ça rêvasse tandis que le Pudding s’émerveille du présent tout juste offert. Y'a contemplation sous la cabane qui vue de l’extérieur doit sans doute baigner dans un puits de lumière.
Brin de sourire, Honey ferme à demie les paupières, comme soudain couvert d’un épais et moelleux contentement. Ne reste qu’à se laisser border par la satisfaction d’avoir partagé une dose de bonheur. Communion du Sucre. Pudding au miel. Honey plaque sa paume droite sur son front et laisser filer une miette de rire, bon public qu’il est de sa propre personne.

Un foulard se pose sur son cœur. Il soulève sa main, baisse les yeux sur le vêtement en se redressant dans son hamac.

Je sème mon premier morceau de moi, et je veux que tu le gardes. Tu veux bien ?

C’est qu’il ne s’y attendait pas, à ce que ce soit Plum elle-même qui le gratifie de quelque honneur pour sa malingre et tordue bonté. Entre ses mains il cueille le foulard et le fixe, lèvres closes dans une moue étonnée qui ne sait pas quel mot laisser filer en pareilles circonstances.
Enfin, qui en connait bien un, en vérité… Mais il est si seul, petit mot de rien, seul au pas de la bouche du miel, comme un con. Petit mot suffisamment con, le seul ou presque, pour se présenter en solo, et au passage duquel tous les autres, haussant accents et trémas, reculent d’un pas.

Merci.

Que ça grince, gorgée nouée.
Et ouf…
Les épaules d’un coup s’abaissent. Et même si la marée monte dans le gris de ses yeux, Honey se sent bien. Juste un peu trop heureux.
Avec un sérieux quasi solennel, il noue le foulard autour de son cou.
Comme pour mieux vivre la transformation, il descend de son hamac et, glissant ses mains sur sa nuque, il soulève le voile de ses cheveux qui retombent délicatement sur fond de rouge.
Comme t’es beau, Hon’.

Tu.. Saurais... Haussant un sourcil, Honey baisse les yeux. Teplé ?
Frange fouettant l’air, il lève le menton et clame, dans son anglais d’Angleterre exagérément appuyé.
Of course!
Tendant ses fins et habiles doigts de caresseur d’abeilles, il attrape ruban et mèche et couronne Plum d’une jolie boucle verte. Cela fait, il enroule son bras autour du sien et se tient bien droit à ses côtés.
De tout l’arbre là maintenant je parie que c’est nous les plus beaux.
Il tourne la tête vers le Pudding et, lui plantant ses mirettes pile dans les siennes, pas gêné qu’il sait l’être…
Le vert te va bien, à toi. C’est rare tu sais. Y’a peut-être bien Freck’, mais il triche parce qu’il est roux.
Gentiment moqueur en songeant au lionceau, il sourit du coin des lèvres.
Toi c’est pour de vrai.
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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptySam 11 Juin 2016 - 17:35



Plum observa les réactions du blondinet. Avec un étonnement non feint, elle réalisa que ce petit morceau planté ailleurs, dans un autre coeur, faiisait naitre des bourgeons de contentement dans le sien. C'était donc cela que de semer courageusement un peu d'amour de soi dans l'amour des autres. C'était entretenir le terreau de son bien être à soi. "Si je t'aime toi, je m'aime moi, un peu, aussi ".
Un sourire radieux vint fleurir sur son visage et rosir ses joues.

- De tout l’arbre là maintenant je parie que c’est nous les plus beaux.
- Sur !
appuya-t-elle avec son poing libre sur sa taille avec un peu trop de force pour être tout à fait naturel. Mais le naturel viendrait avec l'aisance.
- Le vert te va bien, à toi. C’est rare tu sais. Y’a peut-être bien Freck’, mais il triche parce qu’il est roux. Toi c’est pour de vrai.
- Pour de vrai...
répéta-t-elle, telle une formule magique. Elle jeta une œillade à nouveau dans le miroir, avec une teinte de ravissement supplémentaire sur les pommettes.

Elle remarqua, alors, que le contact rapproché d'Honey ne la gênait plus.
Un morceau de moi.
Un morceau de toi.
Méli-melo de nous.


C'était donc ça ?
Honey était un fameux magicien ou le plus grand philosophe de tous les siècles de l'éternité !

-Je ne le connais pas bien, Freckles. Mais.. C'est joli, ses cheveux. Ça fait vraiment une crinière. Il est bien trouvé son surnom, du coup. C'est ton ami, aussi, hein ?

Elle eut un moment de silence que les anges mettent à profit pour enjoliver les nuages. Finalement, elle leva les pour croiser ceux du Miel, sans détour.

- Tu es mon ami, Honey.

Et cela sonnait comme une affirmation décidée, une prise de pouvoir. Plum énonçait sa volonté haut et fort, la portait aux nus. Les branches de l'Arbre tremblerait bientôt devant toute la force de son caractère. Mais il était encore trop tôt pour certifier cette prescience. C'était une prophétie.

Une promesse en suspend entre un foulard et un ruban.


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L'Ombre
L'Ombre



✘ AVENTURES : 2490

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MessageSujet: Re: Petits doigts vanillés   Petits doigts vanillés EmptyLun 15 Aoû 2016 - 16:20

The End


Les plats les plus doux sont souvent les sucrés,
Et parfois même ils prennent la forme d'une amitié,
On aurait presque envie de n'jamais les goûter,
Et de se contenter de leur odeur fruitée.


FIN DE L'AVENTURE




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