L'italien n'abandonnait pas, ne se lassait jamais; moins une chose lui était accessible, plus il la voulait. Et ceux qu'il ne souhaitait pas convaincre par la menace, il les avait généralement à l'usure (la patience est plus acceptable lorsqu'on est potentiellement immortel). Gagnant dans tous les cas, c'est ce qui importe.

Une main dans la poche de son pantalon à pince - qu'il veillait à ne pas salir en marchant exclusivement sur les pavés - Dino y faisait tourner une petite broche entre ses doigts. Vipère de jade aux yeux noirs montée sur une attache argentée, babiole gagnée au poker l'autre jour, il était sûr de faire son effet avec. Amadouer pour mieux saisir ensuite.
L'Amanite n'était pas très loin, et c'était tant mieux car il aurait été épuisant autrement d'y aller presque quotidiennement. Mais quand même, cette pluie salée - même si fraîcheur bienvenue - abîmait terriblement ses vêtements et donnait un aspect négligé aux cheveux une fois secs. Ah, que ne ferait-il pas pour une Dame !

Un brève hésitation arrêta le sicilien devant la porte de la fumerie, c'est qu'il n'avait guère envie de traverser les nuages de drogues et de sueur de pirate à l'intérieur. Lui-même ne fumait pas, il aimait garder son esprit vif et aux aguets, toujours prêt à refermer les doigts sur une bonne affaire. À moins qu'on ne parle de quelques shots de Grappa ou d'un vin affirmé; là il voulait bien faire exception au nom du bon goût. Mais, basta, cesse de rêvasseries, il était ici pour du concret.

Contournant le bâtiment, discret et naturel, Dino glissa le bord de son chapeau entre ses dents et entreprit l'escalade de la façade par un chemin déjà découvert et maintes fois emprunté. Arrivé en haut, il trouva, à son grand damne, les volets fermés. En même temps il pleuvait, il avait bien eu de peine à ne pas glisser sur les tuiles, il aurait du s'en douter ou au moins vérifier. Tant pis.

Des deux mains, il frappa contre le bois et appela « Moriko, Amore ! Ouvre-moi je t'en prie ! » il jeta un coup d'oeil derrière lui au toit glissant « C'est troppo umido, je vais tomber si tu me forces à redescendre. Et tu ne veux pas mort sur la conscience, farfallina, qui viendrait te couvrir de cadeaux ensuite ? »

L'attente sous la pluie lui paru senza fine, et puis enfin, son salut. Au bruit des volets, un large sourire étira les lèvres du sicilien, dévoilant quelques dents alors qu'il replaçait son chapeau sur une tête aux cheveux trempés de sel. Mais c'était essenziale, question de tradition. Toujours accroupi sur les tuiles humide, Dino tira donc son cappello à la femme au faciès de mort dans un geste grandiloquent, élégant, mille fois répété.


« Entre, je n'ai pas toute la journée. »

Sans se faire prier et avec entrain, l'italien passa souplement le cadre de la fenêtre et atterri tout bagnato, dégoulinant sur le sol.

« Mais je ne demande pas tant, cara mia. » prenant l'une des mains de Moriko entre les siennes, il la monta à ses lèvres pour un petit baciamano « N'importe quel temps de ta part est déjà molto prezioso »

S'écartant légèrement, Dino glissa les doigts dans sa poche pour y sentir la broche de jade et, à ce contact, sa confiance décupla encore. Aujourd'hui était le jour où il gagnerait ! Après toute cette belle patience dont il avait fait preuve, enfin récompensé par le successo. Mah ce n'était pas encore fait mais, instinct de sicilien, l'accomplissement était pour oggi, pas un autre jour !

Le mafioso dépassa celle qu'on appelait l'Infectée. Ce surnom ne lui plaisait guère, il ne le trouvait ni doux ni beau à prononcer, ça lui avait au départ posé un véritable dilemme estetico. Alors il avait fait fleurir les petits noms sur sa langue, puis décidé que Velenosa, toxique, était décidément plus agréable au palais, mais pas autant que les affectueux surnoms dont il l'affublait. Il s'arrêta un pas après elle et tourna la tête pour l'observer d'un coin d’œil gris, rictus amusé et joueur mais lueur plus sérieuse dans la pupille.

« J'ai repensé ma proposition, cette fois tu me diras oui Moriko, lo so » Dino poursuivit son chemin d'un pas énergique – il n'avait plus peur des serpenti dans tous les coins, il avait l'habitude à présent – et lança « Tu as encore de ce caffè que je t'ai offert ? J'espère que tu l'as goûté au moins ! Parce que je n'en peux plus du thé, amore, je vais bientôt avoir un marais dans le stomaco à cause de tes feuilles. »

Dino savait que la jeune femme ne le prenait pas vraiment au sérieux, il aurait pu sévir, menacer plutôt que de courtiser. Ma il ne frappait pas les donne, et puis, ce n'était pas si importante. Pas l'affaire du siècle mais un jeu qui le divertissait et qu'il se refusait à abandonner, une petite partie dans le Grande Gioco.

« Tu sais bien que je n'aime pas le café, Dino... »

Voilà qui était plus grave, impensable, terrible.

« Il fait battre mon cœur trop vite. C'est mauvais pour la santé. »

De quelques grandes enjambées, l'italien rattrapa Moriko dans sa cucina, s'approcha alors qu'elle préparait le caffè qui diffusait déjà son arôme delizioso jusqu'à son nez.

« Tu ne peux pas dire ça, cara mia. L'Amore aussi fait battre le coeur. » il illustra ses paroles en frappant le centre de son torse de petits coups de poing « Et pourtant il est très bon pour la santé. Il caffè aussi. »

« Tu sauras que j'ai réfléchi à ta proposition et c'est non » ils se regardèrent mais Dino ne cilla pas, il n'avait pas encore posé tous les as de son gioco « Comme tu le sais, je maîtrise mon business à perfection et n'ai nullement besoin d'aide. »

Le sicilien secoua doucement la tête, un sourire accroché aux lèvres et sortit une cigarette de son veston. S'il ne touchait pas à l'opium des lieux, il ne refusait pas un bon tabac du bayou.

« Bien sûr que tu t'en sors, Moriko. Mais une femme a besoin d'un uomo pour l'épauler, elle ne peut pas tout faire toute seule. » se rappelant soudain la broche, il déposa sa sigaretta encore éteinte sur le comptoir et saisit le bijou à l'intérieur de sa poche. Il le présenta à Moriko au creux de sa paume, le jade et l'or ressortissant pleinement sur le gant blanc « Mais regarde plutôt ce que j'ai gagné pour toi aux cartes. Ça te plaît, amore ? »

La broche ressortait alla perfezione sur les cheveux raides et sombres de Moriko. Elle lui aurait été encore plus magnifique sans tout ce maquillage de bella morte, mais le visage de poupée qui devait se trouver au dessous était un secret que l'italiano n'avait encore pu dévoiler. Il la complimenta néanmoins, car les femmes sont de nature sensible à ce que l'on pense d'elles, même lorsqu'elles prétendent le contraire.

« Elle était faite pour toi, cara mia, tu es très belle. » souffla Dino en se penchant dans son dos alors qu'elle finissait de lui préparer faire son caffè. L'odeur puissante lui emplissait les narines, il pouvait presque en sentir la saveur amère et délicieuse sur son palais.

Sagement, sans même effleurer ses cheveux ou son épaule, le sicilien attendit qu'elle lui tende la tazza qu'il saisit à deux mains en la remerciant à l'aide d'un grand sourire. La politesse était la première des règles, le respect des associés et de la familia, surtout des femmes. Ah, où il plaçait sa farfallina ça il ne savait pas. Elle était toujours si mystérieuse et dérobée !

« Nous parlerons mieux au salon qu'ici. »
« Tout ce que tu veux, amore. »

De retour au salon, Dino prit place dans l'un des fauteuils et croisa les jambes, le caffè dans une main, une nouvelle cigarette dans l'autre. Il en prit une bouffée, l'accompagna d'une délicieuse gorgée, planta ses yeux grigi dans ceux de la femme squelette.

« Il faut que je te raconte, Moriko. Ça n'a rien à voir avec nos affaires, je te séduirais pour ça après. Mah, écoute. J'ai cette flûte chez moi, l'ho trovata par hasard et en toute honnêteté bien sûr. Mais je crois bien, c'est possible, qu'elle appartienne à quelqu'un, et tu sais bien que je ne fais pas cas de conscience habituellement mais... »

Le sicilien expliqua que les strumenti étaient souvent quelque chose de particulier pour leur propriétaire, presque comme un membre de la familia et qu'il se sentait un peu triste pour le Peau-Rouge à qui appartenait la flûte. Tout ça à grand renfort de gestes - du moins de la main qui ne tenait pas le caffè - et finissant inévitablement par faire tomber sa cendre sur le tapis.

« Oh pardon amore, je me suis laissé un peu emporter. »

Le mot, compassionne, fit s'esclaffer l'italien. D'un rire franc, toujours, vivant, à la chaude intonation du Sud mais bref et sans exagération. Il le calma entièrement en portant une nouvelle fois la tasse à ses lèvres, laissant une gorgée chaude et amère lui calmer la gorge.

« Moi non plus et crois-moi, j'en suis le premier étonné. »

Ah. Tout de même. Quelles différences absolues il y avait entre eux deux. Ils étaient pour beaucoup comme des antonymes l'un de l'autre. Elle était aussi froide qu'il était caldo, chaud, aussi placide que lui devenait excité et rempli d'énergie pour bien peu.
Aussi orgeuilleuse qu'une Regina.

« Si cela te pose tant problème, tu ferais mieux de rendre l'instrument à son propriétaire. Tu ne crois pas ? »

Tout sourire, Dino écrasa son mégot au fond de la tasse de caffè dont il ne restait que le mare et déposa celle-ci sur la petite table d'appoint entre eux.

« Tu es si sage, Moriko, je t'admire. » se rasseyant, il vint appuyer son menton sur le plat de ses phalanges « Mais rendre cette flûte juste comme ça, amore, ça je ne peux pas. » car ç'aurait été admettre une erreur de sa part et il n'y avait jamais d'erreur à vouloir servir ses intérêts « J'irai le trouver, je pense, et je la lui vendrai pour quelque chose, chacun de nous s'y trouvera gagnant. Perfectissimo. »

Plaisante idée, et puis il dirait l'avoir trouvée ou l'avoir rachetée à un voleur, le Peau-Rouge lui en serait reconnaissant. Peut-être lui donnerait-il de lui-même une récompense pour ses efforts et sa bonne nature sans qu'il ait rien à exiger. Gentil était le pire des mots mais il pouvait persuader presque n'importe qui qu'il l'était. Pirate de bonne foi, commerçant honnête, italien fidèle.

Son attention retournant à la maîtresse des lieux, il demanda « Dis-moi, je suis curieux d'une chose depuis longtemps. » le sicilien décroisa ses genoux et se leva, fit ensuite le tour du fauteuil de sa velenosa pour venir se placer derrière elle, les mains sur ses frêles épaules « Faire des affaires avec moi ne t'intéresse pas » il sera doucement les doigts comme pour un massage « Tu restes insensible quand je te charme. mah je ne t'en veux pas, ce sont des choses qui arrivent. » il se pencha, croisa nonchalamment les avant-bras devant la gorge de la jeune femme, le visage presque parallèle au sien « Alors je me dis que nous sommes juste amis, et Maria en soit témoin les amici sont importants. Mais là encore tu ne sembles pas réjouie quand tu m'accueilles et le faire seulement pour être polie. » il soupira et son souffle exhala toute la lassitude du monde, boudeur comme un enfant. « Que penses-tu vraiment de moi, amore ? Dimmi, dimmi tutto. »

Est-ce qu'il l'en aimerait mieux ? Est-ce qu'il l'en aimerait ? Le sicilien n'avait pas pour habitude de se poser pour méditer, réfléchir ou se questionner. Il vivait à l'impulsion, selon l'envie du moment, priait quand il priait avec une ferveur enfantine. Pour une fois dans son existence, il se tut et laissa Moriko poursuivre. La Regina glacée des serpents parlait et il écoutait, attentif et immobile.

« Je ne suis pas une intrigante, Dino, je suis une femme d'affaire et c'est moi qui décide ce que je choisis d'offrir à ceux qui m'entourent. De la politesse, de la conversation... viendrais-tu autant si je te rendais tes attentions au double ? »

Dino ne répondit pas, ses bras toujours croisés lâchement sous la gorge de la jeune femme, son dos commençant à lui faire mal d'être ainsi penché.

« De par ma distance, je te tiens. »

Un soupir un brin amusée un brin aguichée échappa au Mafieux

« Je t'intéresse, je te garde intrigué. Et c'est pareil pour les autres. »

Cette fois-ci le sourire de l'italien s'agrandit et il chuchota tout bas tout en faisant glisser très légèrement, le contact d'un papillon, le bout de ses doigts sur la joue maquillée de sa Velenosa « Ça ce n'est pas très gentil pour moi et les autres, amore »

« Cela te déplaît-il vraiment ? »

Un rire bref et Dino se redressa finalement, s'étirant pour faire craquer sa colonne. Les libertés que prenait cette femme, une telle présomption à croire qu'elle pouvait se faire courtiser indéfiniment sans rien donner.

« D'accord, d'accord, je m'incline Moriko, tu as raison. Tu me fatiguerais si tu faisais preuve même de la moitié de mon ardeur, tu aurais vite perdu ton intérêt si tu n'avais été qu'une jolie gallina gloussante. » il contourna une nouvelle fois le fauteuil et repris sa place en face, allumant une autre cigarette « Mais ça ne veut pas dire que je ne pleure pas tous mes efforts et ton lit toujours fermé. »

Il exhala un rond de fumée parfait, rata lamentablement ses deux suivants et ajouta dans la foulée « Tu est tellement, tellement arrogante, amore, face à toi je me sens aussi humble et modeste qu'un moine. »

Sa Velenosa n'était pas la seule prédatrice dans la pièce, même si elle l'oubliait sûrement. L'italien savait lui aussi repérer une proie, les indices qu'elle laissait. Bien sûr il ne chassait pas la jeune femme, on ne se traquaient pas vraiment entre deux carnivores. On jouait ou on se battait. Mais qu'importe, ces misérables ne m'auraient même pas laissé une chance., Dino avait bondit sur le fragment d'information, l'avait saisit entre ses serres. Il expira une colonne de fumée blanchâtre et suivit celle-ci du regard.

« De toute façon, j'imagine que mon arrogance te sied. »

Ses yeux clairs se rabattirent sur la femme squelette.

« Certo que sì, bien sûr que oui, mais je te pensais assez sûre de toi pour ne pas avoir à demander, amore. »

Il lui adressa son sourire le plus affectueux avant de reprendre.

« Mais rappelle-toi, j'ai dit que tu m'aurais vite lassée si tu t'étais jetée dans mes bras, je n'ai pas dit que je ne serais jamais fatigué de te courtiser sans retour. » le sicilien se pencha en avant, appuyant ses coudes sur ses genoux « Et encore, je suis plus persévérant que la plupart. Alors je vais te parler en amico, Moriko. Je sais que tu es une femme d'affaire, que tu as réussi avec talent, mais je pense que tu te trompes en disant que tu me tiens moi et les autres. » il écrasa sa cigarette en continuant, sans lui laisser le temps de l'interrompre « Je ne dis pas que tu dois te donner à tout le monde, amore, mais ne prend pas pour argent comptant ton pouvoir sur eux. Le tempo ne compte pas ici mais il existe quand même et les gens se lassent. C'est une faiblesse si tu commences à avoir besoin de cette attention parce qu'elle peut disparaître juste comme ça. » le Mafieux claqua des doigts pour illustrer ses propos.

La première chose à apprendre était qu'il n'y avait qu'un Dieu, qu'aucun Homme n'était mystique et que tout le monde agissait par égoïsme. Ceux qui parvenaient à créer un culte autour d'eux-mêmes étaient très rares et appelaient de toute manière et cet instinct originel. Soit parce qu'ils étaient craints et leur fidèles voulaient la sécurité, soit par ce qu'ils offraient à leur cupidigia. La curiosité et la frustration étaient des outils bancals.

Le sicilien n'était pas entièrement d'accord, les gens mouraient certes mais pas suffisamment, pas de de toute façon sur cette Île. Et c'était bien le problème. Il ne souhaitait pas que tous soient tués, mais si les Hommes n'étaient pas immortels de base, il y avait sans doute une bonne raison à cela.

« Je n'ai pas besoin d'attention, mon affaire tourne très bien sans. Après, il est dans mon droit d'apprécier les égards avec lesquels on me traite. »

Dino haussa les épaules avec nonchalance. Il n'avait rien à rajouter, si sa Velenosa aimait toute cette attention grand bien lui fasse, il se contentait de la conseiller en ami.

« Ne t'inquiète pas pour moi, Dino. Si tu veux te détourner, va donc séduire une autre Dame du Port, je m'en remettrai. Je ne peux pas t'en vouloir de ne plus de satisfaire de notre conversation. »

Rire, s'offenser, le mafioso ne parvenait à choisir et décida plutôt d'ignorer, ne voulant pas repartir pour un tour de la même conversation. Il se redressa et s'appuya confortablement contre le dossier de son fauteuil.

« Moriko, tu as l'air de penser que je suis très inconstant et tu as raison, mais ne sois pas condescendante per piacere, je ne suis pas stupide, je le remarque. Mais si tu veux bien, amore, je vais t'expliquer pourquoi je suis autant...frivole ? Je ne trouve pas vraiment d'autre mot. »

Les doigts joints à hauteur de poitrine, l'italien adressa un bref mais lumineux sourire à son interlocutrice.

« Je m'ennuie. Cet endroit est noioso à mourir si on y pense. Bien sûr il y a la magie partout, mais même avant je n'ai jamais été un enfant qui rêvait de vivre dans un conte. Les grandes lignes de ma vie étaient peut-être prévues mais chacune aurait été une expérience unique. Grandir, servir la Cosa Nostra, marier une italienne, avoir des fils pour la génération future, vieillir, grimper dans la hiérarchie familiale, mourir. Bien sûr les choses auraient pu aller différemment, je serais sans doute mort avant même d'avoir atteint la majorité, ma cela arrive. Je n'ai pas peur de vieillir et de mourir parce que c'est normal, ce n'est pas normal de rester un enfant pour toujours. » ses mains n'étaient pas restées immobiles bien longtemps, s'étaient bien vite mises à s'agiter pour illustrer ses propos. « Ah, comment dire. J'ai été éduqué dans le sens de “'garder ses valeurs tout en s'adaptant et tirant profit du monde qui change'', mais ici c'est “'oublier ses valeurs et se perdre dans un monde immobile''. Cet endroit est petit, facile, les actions n'ont que peu de champ d'action. » il soupira avec lassitude « Dans ces conditions c'est troppo difficile d'avoir de vraies ambitions alors il faut bien que je m'occupe d'une manière ou d'une autre. Séduire, apprécier les petites choses, faire semblant de faire affaire, ne pas me laisser le temps de réfléchir et toujours passer d'une chose à l'autre. » craquant une allumette, il rougit le bout d'une nouvelle cigarette « Tu as ta drogue, chacun ses moyens, amore. »

Un grand discours, pourtant il ne cherchait pas vraiment à se justifier auprès de la femme squelette, il n'avait pas de raison de le faire. Peut-être que ça ne l'intéressait et tant pis dans ce cas, c'était fait de toute façon. Il avait eu envie de lui expliquer, l'avait donc fait, il questionnait rarement ses impulsions plus loin.