Là, à ce moment. Pit souriait, très faux. Il n’aimait pas ce qui se passait, toutes ces peaux gâchées… ces pièces brûlées…
Les prunelles d’absinthe fixées sur l’Esprit Feu, sans pouvoir s’en détacher.

- Aussi vide qu’une… putain de fosse.

La voix marmonna ces mots, ceux qui prenaient l’air lorsque ça ne plaisait pas au Chef des Raccommodeurs.
Il s’occupait des Raccommodeurs, pas de diplomatie ou de protections ou de quoi que soit d’autre qui nécessitait une quelconque inquiétude pour la vie –la peau- des autres êtres présents.

Il leva les yeux au ciel, ils étaient pourtant si près. Et puis la roche bouillonnante de lui plaisait pas du tout. Il ne souhaitait plus qu’une chose, que tout s’arrête maintenant. Pas de prise de risque inutile et sans aucun intérêt. Selon lui.

Fasse au débat qui s’invoquait, le Joker voulut ajouter son grain de sel mais son attention fut attirée par un contact à ses jambes. Le regard se baissant sur la source, il s’agissait encore de Silent.
S’il fallait courir, il serait bien embêté. Pit reprit son sourire d’origine. Cherchant à reprendre une forme de contrôle peut-être.

La Fée changée en torche ne rassurait pas non plus, Pit ajustait son morceau de tissu cachant le nez et la bouche. Il n’aimait ni l’odeur, ni les possibles risques en respirant l’air bien trop chaud de cet endroit.

Mais bon, ils étaient de toute manière un peu… piégés. Les conditions ne plaisaient pas vraiment au Joker qui sortit finalement un paquet de cartes dont il se servit afin de s’éventer. Il tapota la tête du Lugubre qui lui servait d’ombre, tant il était accroché.
Il écouta les paroles de Scar, ça ressemblait à un jeu de poker.

Puis, c’est la farandole de la flatterie et d’autres jolis coups de poker. Cartes après cartes. Les cartes… ça brûle dans le feu.

- N’empêche… trois conditions pour un. C’est pas tellement donnant-donnant.

Encore des mots étouffés par le tissu.
Le Chef des Raccommodeurs réfléchissait à voix haute, et ce qu’il retenait, c’était qu’au poker, la mise ne correspondait pas. Trois jetons que donne un camp, et l’Esprit suivait avec un jeton qu’il voulait bien donner. Comme ça.
Ça pourrait très bien monter jusqu’à 4 conditions peut-être. Qui sait ?

L’esprit de Pit n’aimait pas du tout la situation en tout cas.

Puis il entendit Freckles qui ajoutait un changement, impossible pour le Joker de ne pas faire de grands yeux. Ça ne correspondait pas à la suite de jeu qu’il s’était faite en tête.
Et les mots s’enchaînaient. Puis Soul, etc.

Il y avait trop, alors Pit se contenta d’observer l’Esprit Feu. Il ne comprenait pas pourquoi vouloir absolument faire tout ça.
Il entendait d’une oreille ce qui se passait, que Rose n’approuvait pas en tout cas. Il crut.
Puis autre chose.
Les lacs d’absinthe virent Zombie leur passer devant, avec un tonneau. Un temps, un autre.

- Hein ? Ah mais merde !

Une peau en moins, encore ? Avec une Mère en plus ?

Le Joker se défait du Raccommodeur et tente d’aller aider Rose à ramener Zombie.

Pit n’aimait pas cette phase de jeu en tout cas, sans ce foulard sur la figure, on aurait pu le lire sur ses lèvres qui ne s’étaient pas habillées d’un rictus.

Spoiler:

Le Mot de la Fin:

Hrp:

Bien sûr qu'il ne veut pas sauter.
Et que rien que l'idée le terrifie. Rien que ça, d'y penser, ça lui crève le coeur un petit peu, ça le fait remonter au bord de ses lèvres plus efficacement que les cendres qui brûlent sa gorge. Et peut être que c'est ce qu'il voulait, qu'on lui refuse ce stupide sacrifice. Mais pas comme ça. Pas ce non qui sonne catégorique, et qui pourrait s'adresser à un autre. Il sait que Soul lui parle, quand même, à cause de ce regard qu'il n'arrive pas à comprendre. Des reproches ? Des excuses ? On ne perdra plus personne , c'est des conneries ça, ou alors un putain de mensonge.


Puis c'est Rose qui s'avance, et qui lance sa main avant même de parler. La gifle est retentissante et sûrement spectaculaire. Il a trop mal partout pour la sentir. Ou alors, seulement en dedans. Il ne devrait pas en vouloir à Rose. Peut être qu'elle a raison d'être énervée. Peut être qu'elle trouve que c'est injuste, et qu'elle ne veut pas qu'il décide à sa place. Peut être qu'elle a peur. Il s'en fiche. Et il la regarde avec haine, à cet instant, autant de haine qu'il peut.
Un ange passe.
Pas un ange. Zombie. Qui le bouscule un peu en passant. Il porte un tonneau trop grand, trop lourd pour lui. Il a l'air minuscule. Ça doit être ça qui s'appelle l'énergie du désespoir. Il s'avance vers le vide et il tombe. Freckles a envie de hurler. Peut être qu'il le fait, d'ailleurs, mais il est pas sûr. Sa voix est noyée par d'autres, celle de Rose, t'es con ? . Freckles ne trouve pas que Zombie soit con. C'est Rose qui est conne, conne, conne, et lui encore plus, de rester planté là. Pendant que la mère rattrape un bras de l'armurier, et que Pit attrape l'autre.


L'esprit hurle.
Et la pluie tombe. C'est une pluie tiède, brune et chargée de cendres : c'est bien le semblant de pluie le plus pitoyable qu'il aie jamais vu. L'eau coule sur eux et se teinte de noir. Ça leur donne l'air encore plus crasseux et encore plus misérables. Zombie qui pleure dans les bras de Rose. Soul, Scar, Rose, l'indienne, brûlés. Freckles respire et il a l'impression que c'est la première fois depuis une éternité. Il pleut. Ça veut dire que quelque part, ça y est, Peter a pleuré. Il se demande si là bas, au canton, ils sont tous morts. Il pense à Mirka. Puis il regarde les gouttes qui bouillonnent en percutant la lave, et pense à quelqu'un d'autre. Il a l'impression d'avoir perdu quelque chose, d'avoir oublié quelque chose.
Il ne veut pas sauter non, mais pour la première fois, il voudrait être autre part. Ou être quelqu'un d'autre.

résumé:

C'était fini. Juste comme ça ? L'Esprit de Feu avait abdiqué, la pluie s'était mise à tomber, et il ne leur restait plus qu'à lécher leurs blessures et pleurer leurs morts.

Un quinte de toux surprit le Rouge qui vint ensuite entourer d'une main son œsophage qui souffrait autant du discours sans masque que son visage. C'était fini. Il avait envie à la fois de pleurer de tristesse et de joie, ou de se laisser tomber à genoux alors que le flux de ce maigre reste d'énergie fuyait son corps. Mais Scar ne fit rien de tout cela. Pas plus qu'il n'approcha Freckles pour dire que le sacrifice est ridicule, que même les héros peuvent choisir la survie et c'est normal. Ou Zombie, qui avait sauvé la situation alors que même lui avait préféré les mots à l'action. Pour une fois l'armurier ressemblait à l'enfant qu'il était, pas très grand dans les bras de la Mère.

Ignorant pourtant tous ces rescapés, le Rouge marcha en silence le long du cratère, la douleur à son flanc se réveillant parfois brutalement pour se faire plus silencieuse la seconde d'après. Son corps commençait à se réveiller mais demeurait encore un peu engourdi par cette sensation fiévreuse d'avoir survécu.

Arrivé à Soul, il ne put retenir une grimace en voyant l'état des mains du Soigneur. En parlant d'héroïsme inconscient...

« Allez viens. T'en as assez fait. » ignorant toute éventuelle protestation, il s'accroupit pour passer l'un des bras du Doc autour de son épaule - en prenant garde à ses mains abîmées – et ajouta à mi-voix « C'était vraiment idiot de ta part de foutre tes bras dans le feu, comment tu vas faire pour travailler maintenant ? » la critique n'en était pas vraiment une, le Chef avait agit avec honneur pour sauver la petite fée. Mais toutefois à quel prix ? Si ses mains ne guérissaient pas il perdrait ses outils de travail principaux, et il préférait ne pas imaginer un Soul qui ne pourrait plus s'occuper l'esprit avec ses patients et ses soins.

C'était fini. Et pourtant la victoire goûtait douce-amère.

HRP:

Non, pas de sacrifice. Pas un mort de plus. Merle suivit le conseil de Soul, se concentrant pour encourager sa fumerolle à étouffer le feu. Ce n'était pas une chose facile pour le petit être ailé, dont les gestes avaient plus tendance à l'attiser. Aussi Soul eut-il raison de plonger les mains dans le feu encore brûlant, sans attendre, car sans ça Pétrole n'aurait peut-être pas survécu plus longtemps. L'action de sa fumerolle permit quand même de les abriter un peu du feu dévorant, les mains du soigneur et la petite fée...

Concentré sur l'Esprit Feu, Soul et Pétrole, Merle ne vit pas Zombie approcher dangereusement du bord du cratère et ne prêta pas attention à la voix de Rose. Il ne réalisa que le tonneau était tombé que lorsque l'acide se répandit sur l'Esprit et le fit hurler de douleur. Pétrole fut libéré et Merle pria pour que les mains de Soul puissent encore être sauvées. Il voyait assez régulièrement Soul dans l'antre de Corneille Ardente pour savoir que ses compétences étaient nécessaires à la survie des Perdus. Merle tendit son bras à la fumerolle qui revenait voler vers lui, un merle couleur ivoire, même pas roussi par les flammes. C'est que le petit esprit était certes assez tangible pour que Merle lui caresse le crâne d'un doigt, mais en même temps d'une étrange inconsistance, dans un entre-deux, ni vraiment matière, ni simple vapeur. Merle se demanda si ce n'était pas aussi son lien à la tribu Delaware, tribu du corbeau et tribu du feu, qui l'avait sauvé des brûlures. Car un lien s'était tissé en quelques secondes entre lui et le petit esprit, Merle l'avait senti au plus profond de son être. Il n'avait pas vraiment l'impression de l'avoir invoqué, mais davantage de l'avoir fait émaner de lui-même. Un fragment de son âme.

L'apprenti chaman était déçu qu'il ait tout de même fallu verser l'acide, blesser l'Esprit Feu de la sorte, pour qu'il cède. Les mots, les actions l'avaient touché aussi, mais pas comme Merle l'avait espéré. Le vaniteux, prompt à la colère, les bannit de ses terres. À l'entendre, même les Delaware avaient intérêt à garder leurs distances, mais Merle veillerait à ce que ceux de son clan lui restaure une humeur plus clémente, à l'aide d'offrandes et de grandes fêtes en son honneur.

Il s'approcha de Soul pour l'aider à se relever, mais Scar le devança. Puis la terre céda sous ses pieds, se fit glissante, et il eut à peine le temps d'apercevoir des corps calcinés qui gisaient sur ce flan du volcan tandis qu'il dégringolait le long du toboggan formé par l'Esprit pour les chasser de son territoire. Faire la fête en son honneur serait difficile, maintenant que Merle avait vu de quoi il était capable, mais il le faudrait. Il le faudrait bien, pour restaurer l'équilibre. Au cours de sa longue descente, il sentit la pluie qui tombait. Il avait d'abord cru qu'il s'agissait encore de cendres, et elles s'y mêlaient en effet, mais l'eau était de retour. L'ordre serait bientôt rétabli.